Lauréat du Prix Solaris 2024 : “La douleur des crépuscules”. Arrivés sur Toka en conquérants, des colons doivent affronter la colère de la planète et des autochtones. Des dangers multiples les poussent à fuir leurs villes. Avant l’évacuation, Sara assiste sa mère dans ses derniers moments. Sous un air lointain du « Monde de la mort » d’Harry Harrison, mais sous un filtre bien plus intimiste, plus feutré, Annie Tenaglio relate le crépuscule de l’espèce humaine sur Toka, la renvoyant face à ses responsabilités. Le récit se révèle poignant avec la relation mère-fille, l’avancée de la menace... Un texte superbe !
“Prélude à Byzance” est sous-titré “Une chronique de la seconde guerre globale”. Dans l’éditorial, Pascal Raud indique que ce texte fait partie d’une série d’espionnage en sept épisodes dans laquelle Claude Lalumière nous plonge dans un présent alternatif à la carte géopolitique très différente. Le récit se déroule dans l’Orient-Express du sud à destination de Constantinople. Sous une identité d’emprunt, Émile est chargé de démasquer un possible agent des Doigts Invisibles dans le train. Le décalage avec notre époque apporte du piment, la mission est subtile mais non sans risques. C’est vraiment prenant et donne envie de découvrir les autres chroniques. Espérons que « Solaris » poursuivra leur publication ou que les éditions Alire consacreront, après « Odyssées chimériques », un autre recueil à cet excellent auteur.
En trois pages, Frédéric Parrot nous offre “Point d’orgue”, l’histoire du Dattier divin. Contrairement aux croyances, celui-ci n’est pas issu de rien et sa genèse se transmet aux seuls initiés. C’est court, bien vu, mais peine à rester durablement dans les mémoires.
Chaque année, « Solaris » sélectionne une nouvelle de la revue « On Spec » pour la traduire. Le choix s’est porté sur “Tuer une gorgone” de Colleen Anderson. Un groupe d’hommes et de femmes plus ou moins jeunes survit péniblement dans un avenir à l’allure post-apocalyptique. Leur guide, la grand-mère d’Ursu, est morte, mais certains ont choisi de lui couper la tête et de la conserver branchée à tout un appareillage capable de capter ses pensées en cas de besoin. Chaque réveil scandalise Ursu, toujours plus mal et qui a besoin de voir un docteur. Une seule solution : quitter le groupe... Il y a un côté malsain avec cette tête exposée pour orienter soit-disant les choix du groupe et dont les propos sont incohérents. L’atmosphère est pesante, menaçante pour Ursu qui ne peut accepter la situation. Un texte bien tourné qui ne laisse pas indifférent.
Seconde visite du “Cabinet des curiosités surnaturelles”. Cette année, Sébastien Chartrand nous invite dans la “Salle de cartographie fictive”. Plus de trente pages de haute volée, instructives en diable, nous amenant à la poursuite de l’Atlantide, de Mu, de nombre d’endroits qui ont la peau dure et qui, encore aujourd’hui, s’inscrivent dans l’Histoire, alors que leur inexistence est établie. J’ose à peine imaginer la masse de recherches qu’a représenté ce travail d’une érudition remarquable. De plus, c’est passionnant et le ton employé tout à fait de circonstance.
Le Futurible en chef, Mario Tessier, nous lance à la poursuite du “Sosie en Science-Fiction, ou l’autre moi-même”. Tout au long de cette plongée dans les œuvres de littérature de genre, de films, séries... il fait montre d’une mémoire impressionnante, indiquant des épisodes précis de « Star Trek », alors qu’il y en a une multitude. C’est intéressant, donne des envies de lectures ou de visionnages, tout en étant distrayant. Ce rendez-vous incontournable ne déçoit jamais et trouver un sujet doit se révéler toujours plus compliqué
Natasha Beaulieu apporte un “Bref regard sur” le court-métrage « Time Space Love » (2024, 15 minutes). Genèse, histoire, avis... Je serai curieux de le voir.
Des chroniques de livres, souvent très argumentées, achèvent ce numéro remarquable à tous points de vue. Rien à jeter, des nouvelles et des articles qui emportent le lecteur très loin dans l’imaginaire.
Titre : Solaris
Numéro : 232
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Grégory Fromenteau
Illustrations intérieures : Laurine Spehner, Érick Lefebvre et Suzanne Morel
Traductions : Pascal Raud (Prélude à Byzance et Tuer une gorgone)
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Sites Internet : Solaris ; numéro 232
Période : été 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782925427087
Dimensions (en cm) : 13,3 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD
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