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Celui qui n’aimait pas lire
Mikaël Ollivier
La Martinière Jeunesse, témoignage (France), 145 pages, janvier 2024, 10,90€


En 2004, Mikael Ollivier est un « jeune auteur ».
Né en 1968 mais publié depuis seulement quelques années.
Mais surtout il est auréolé de 19 prix, dont celui des Incorruptibles, pour son 2e roman jeunesse « La Vie, en gros », chez Thierry Magnier en 2001.
L’auteur, scénariste et réalisateur, revient alors dans « Celui qui n’aimait pas lire », sur son enfance, sa jeunesse, sa formation de lecteur... qui n’aimait pas lire.

Sur le mode du flash-back, avec le fil narratif d’un train à prendre pour se rendre en salon du livre où il recevra un prix, train dans lequel il rencontrera sa futur épouse et mère de ses enfants, Mikael Ollivier se raconte à la première personne, raconte son grand frère, gros lecteur studieux quand lui préférait la télévision. Il raconte une école primaire et un collège où on dissèque des œuvres, on analyse, où on est obligé de lire ceci ou cela, de telle page à telle page... une scolarité comme l’on vécue beaucoup d’autres enfants, hélas, où le plaisir, la vie, la beauté de l’art passent au second plan, derrière le travail, l’apprentissage, le bourrage de connaissance. Il dit comment il a eu son oral de français haut la main, sans avoir lu « Le rouge et le noir », simplement en « recrachant » son cours, satisfaisant pleinement le jury.
Il dit comment on étouffe l’envie, l’espoir chez ceux qui n’ont pas une sorte de minimum requis imposé par l’école. Comment il a trouvé des ruses pour assurer le minimum.
L’auteur raconte comment l’art l’a sauvé, comment le soutien de ses parents lui a permis de devenir un cinéphile fan d’Hitchcock, de vouloir faire son métier de raconter des histoires en images, puis, doucement, par lent apprivoisement après son bac, revenir aux mots, aux livres, et finalement à l’écriture. Et devenir un lecteur, passionné, pas très rapide, mais et alors ?

C’est beau, sincère, 150 pages pour déculpabiliser les enfants qui n’aiment pas lire, pour rassurer les parents même les plus prévenants.
L’auteur évoque de nombreux titres, principalement des classiques, soulignant en note qu’à son époque (né en 1968, donc les années 80) l’offre de littérature jeunesse est quasi inexistante (elle prend son essor fin des années 90).

Vingt ans après, c’est une très bonne idée de rééditer ce témoignage toujours d’actualité. De lire que l’échec scolaire n’est peut-être pas tant la faute de l’enfant que du système qui détruit tout l’art, toute la beauté dans les œuvres qu’elle fait découvrir aux plus jeunes. L’auteur remercie certains professeurs moins obtus que d’autres, et on peut apprécié que les pédagogies aient changé aujourd’hui, autant que la variété du corpus proposé.

L’auteur ne s’est pas arrêté là, écrivant pour les jeunes comme les adultes, portant à l’écran des histoires, les siennes et celles d’autres, pour transmettre par ce biais aussi l’envie de lire à ceux qui préfèrent d’abord un film.

C’est un témoignage parmi d’autres, un trajet parmi tant. On entend encore chaque jour des enfants et des adultes affirmer qu’ils n’aiment pas lire. Pour reprendre les mots de l’auteur, c’est qu’ils n’ont pas encore trouvé le livre qui sera le déclic. Leur premier coup de cœur. Peu importe que ce soit une nouvelle ou un pavé, un classique ou un best-seller de l’été. De le lire vite ou pas. L’essentiel est de le lire par plaisir, et avec plaisir.


Titre : Celui qui n’aimait pas lire (2004)
Auteur : Mikaël Ollivier
Couverture : Chez Gertrud
Éditeur : La Martinière Jeunesse
Collection : romans
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 145
Format (en cm) : 20,5 x 14 x 1,5
Dépôt légal : janvier 2024
ISBN : 9791040118510
Prix : 10,90 €



Nicolas Soffray
24 juillet 2024


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couv. de la 1ere édition, 2004



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