Après « L’enfant étoile », « Le papillon de verre » et « Le passé doit mourir », Jeppe Kørner et Anette Werner reviennent pour une quatrième enquête, mais bien différente des précédentes, car ils ne travaillent pas de concert mais chacun de leur côté. De manière officielle, Anette dirige pour la première fois en solo une enquête difficile et s’inquiète de ne pas être à la hauteur. Bien loin de ses préoccupations de policier, Jeppe s’est retiré dans une vie simple qui l’épuise physiquement. Autre protagoniste : Esther de Laurenti qui, toujours meurtrie par le décès de son colocataire la laissant seule, a accepté de s’atteler à la biographie d’une anthropologue récemment morte. Elle se rend dans sa dernière résidence sur l’île de Bornholm. Ida, la fille de la décédée, l’y attend pour la guider, mais son frère, le locataire, est curieusement absent depuis plusieurs semaines. Esther demande à Jeppe de se renseigner sur ce cas inquiétant.
L’intrigue se déroule sur plusieurs plans. Le principal aux mains d’Anette cherchant à identifier la victime pour tenter de trouver le coupable. Avant rien n’est possible, alors plusieurs pistes sont suivies. Jeppe est mis à partie par Esther pour tranquilliser Ida, il pose des questions par-ci par-là, se heurte à une certaine loi du silence, notamment de la part de son chef qui semble avoir perdu la mémoire, du moins ne dit que ce qui l’arrange. Le frère d’Ida restant introuvable, une fois ce fait connu, il ne peut qu’attirer Anette toujours à la recherche de sa victime. De son côté, Esther de Laurenti arpente la maison de Margrethe Dybris, l’anthropologue qui s’est réfugiée sur l’île de Bornholm pour y voir grandir ses deux enfants. Une importante quantité de lettres lui permet de mieux la connaître, elle, ainsi que certains habitants de l’île. En même temps que le présent, le lecteur suit ainsi le passé des lieux, ce qui est une caractéristique du polar scandinave dans lequel un drame trouve souvent sa raison dans le passé.
Petit à petit, le tableau d’ensemble se dessine, du moins c’est ce que laisse penser l’auteure, jamais avare de surprises. Katrine Engberg mène très bien le récit, réunissant finalement une équipe qui s’était dispersée, mais il existe toujours une belle complicité entre Anette et Jeppe qui prend plaisir à s’impliquer dans l’enquête, une fois qu’il a flairé des événements louches. Sous ses dehors idylliques, ce lieu de villégiature privilégié des Danois n’abrite pas moins des failles, des rancunes remontant plus ou moins loin dans le temps. Il y a l’île de Bornholm des cartes postales et celle des habitants, celle qui leur appartient avec ses petites histoires restant tapies dans les maisons, les familles du coin. Le titre danois est d’ailleurs bien plus explicite que le titre français parfaitement neutre.
Après quatre romans, Katrine Engberg s’est indiscutablement imposée comme un(e) des auteur(e)s scandinaves à suivre - et ils sont nombreux ! - inscrivant le duo Anette Werner et Jeppe Kørner au rang des enquêteurs que les lecteurs se plaisent à retrouver au fil de leurs aventures. Leur relation évolue, la vie de chacun passe par des hauts et des bas, ce ne sont pas des coquilles vides... « L’île de Bornholm » semble le début d’un nouveau départ pour les deux, ce roman passionnant tient toutes ses promesses jusqu’à son terme avec une dernière surprise bien trouvée.
Et comment ne pas évoquer la belle charte graphique signée Nicolas Caminade, permettant d’identifier immédiatement les romans de cette série à découvrir.
Titre : L’île de Bornhlom (Isola, 2020)
Auteur : Katrine Engberg
Traduction du danois : Catherine Renaud
Couverture : Nicolas Caminade
Éditeur : Fleuve éditions
Collection : Fleuve Noir
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 380
Format (en cm) : 14 x 21
Dépôt légal : juillet 2024
ISBN : 9782265157613
Prix : 22,90 €
De la même auteure sur la Yozone :
L’enfant étoile
Le papillon de verre
Le passé doit mourir
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