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Baie des cochons (La)
Michaël Baril, Clément Lemoine et Elric Dufau
Dupuis

1961. Le régime castriste de cuba en est encore à ses débuts et les USA voient déjà d’un très mauvais oeil la présence de « rouges » à quelques encablures de Miami. Avec l’aide de Spirou, Fantasio, Seccotine, Spip et le Marsupilami se planifient le célèbre débarquement de la baie des cochons. Et l’échec cuisant de celui-ci.



Richesse et diversité

La caractéristique principale de la série Spirou et Fantasio tient à mon sens en ce que chacun peut y trouver ce qu’il y cherche. Du charme suranné de Rob-Vel à la poésie pacifiste de Franquin, de l’ésotérisme de Fournier au graphisme manga-futuriste de Munuera en passant par le réalisme de Tome et Janry (la meilleure période selon moi, mais ça se discute), le lecteur trouve facilement « son » Spirou. Sans compter les séries parallèles, transverses, one-shots, spin-offs, inspirées de et par, les hommages, etc. comme le puissant La Bête, le caustique “Petit Spirou” ou le faussement politique Journal d’un ingénu et j’en oublie. N’en jetons plus : l’univers de Spirou est extrêmement riche, divers et varié.

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Léger mais lourd

Alors, où situer “La baie des cochons” dans tout ça. Chronologiquement, juste après “Le prisonnier du Bouddha”, époque Franquin et thématique guerre froide. Mais la ressemblance entre les deux, hormis graphique, s’arrête ici. Quand l’album de Franquin, forcément daté, faisait la part belle au gag, au burlesque et à de fréquents bons mots qui rythmaient une histoire à l’arrière-plan grave et sérieuse mais à l’action délibérément fantaisiste et comique (le coup de la pêche ou du chardon parmi tant d’autres), “La baie des cochons” s’enferre dans un pseudo-réalisme historique truffé de stéréotypes d’une lourdeur rarement égalée.

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Aucun temps mort à noter dans l’enchaînement permanent de clichés et de clins d’oeil (les fameux t-shirts à l’effigie du Che, l’insertion peu pertinente d’une galerie de personnages de la série originelle), alors même que l’album semble se vouloir plutôt léger. Fidel Castro est en permanence en colère, son frère Raul est catalogué en une case comme un pantin, le Che est séducteur et menteur et Fantasio est insupportable de conservatisme et de prétention à chacune de ses interventions. Et que dire de cet ajout pénible de franglais et d’idiotismes espagnols (et même italiens !) dans une conversation, puis leur disparition pure et simple une page plus loin ?

Et pourtant

Pourtant, la quasi absence de Spirou, laissant les premiers rôles à Seccotine et Fantasio, me semblait une idée intéressante. Tout comme cette palette graphique et de couleurs plutôt réussie qui rappellent, comme le titre de la collection, les classiques des premières années. Dommage, donc, que cette baie des cochons se limite à enchainer les archétypes et compiler à la va-vite les éléments et les personnages typiques de la série. En espérant néanmoins que cet album trouvera ses passionnés.

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La baie des cochons
- Série : Spirou et Fantasio Classique
- Scénario : Michaël Baril et Clément Lemoine
- Dessins : Elric Dufau
- Éditeur : Dupuis
- Pagination : 64 pages couleurs
- Format : 22,6 x 29,8 cm
- Date de parution : 24 mai 2024
- Numéro ISBN : 9782808501941
- Prix public : 12,95€


Illustrations © Elric Dufau et Editions Dupuis (2024)



Yvain Mahé
11 juin 2024




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