Aux lisières de la réalité ...
La notion de pont dans son titre américain traduit celle de passage, cette passerelle qu’emprunte en 4040 une équipe de scientifiques et d’explorateurs pour entrer en une étrange dimension parallèle. Précédés de drones, le couple de cartographes, Jacob et Elena Armlen, commence ses relevés quand subitement, toute communication avec la Terre fût coupée. Dans le centre de recherche spécialisé dans le voyage multi-dimensionnel et la robotique avancée, Hexagone 32, perdu dans la forêt de Tongass, en Alaska, une jeune enfant raconte une de ses visions nocturnes : sa mère, perdue dans un froid glacial semble prisonnière d’un être étrange, Gérardus, tandis que son père flotte, endormi, sous une maison, retenu par trois hommes. Adley en est persuadée, ses parents sont encore en vie mais ont de gros ennuis. Et ceux qui les retiennent sont indéniablement des machines, des formes avancées d’I.A. capables de voyager dans l’espace dimensionnel inexploré sans pour autant s’y noyer. Le projet Staden commence, il s’agit de récupérer les cartographes, en envoyant une I.A. reliée à Adley et capable de s’aventurer très loin dans la passerelle. Il faudra plus de vingt ans pour que la jeune femme au pouvoir de clairvoyance et Staden, devenu un robot à la sensibilité très humaine, puissent se lancer dans cette recherche et abordent ces univers si proches de la réalité terrestre tout en étant si différents, fracturés, solubles, dangereux.
... un voyage à entreprendre de toute urgence !
Richard Blake est connu comme peintre et graphiste américain, mais lorsqu’il a commencé à explorer le médium de la bande dessinée, ce sont des influences européennes qui le marquent et notamment la création de François Schuiten et de Benoît Peeters pour “Les Cités Obscures” (Casterman). Il porte en lui des images, devenues de véritables obsessions, dont ces personnages flottant dans les airs ou sur une carcasse de 2CV, mêlant influence européenne, vision digne d’un Hayao Miyazaki ou d’un Jean-Claude Mézières. Son scénario se fond admirablement dans l’observation de sites qui entremêlent souvenirs de grandes cités terrestres (Paris, Venise, Prague...) et puzzles architecturaux démentiels qui viennent entre-choquer temps anciens et temps futurs, respirations d’ici et souffles d’ailleurs.
Jouant avec la théorie des cordes, il propose une aventure d’une grande qualité graphique présentant des cadrages époustouflants et surtout une narration qui s’équilibre admirablement entre action dialoguée et plages totalement silencieuses. Dans la collection Grand Format d’Urban Comics, l’observation de ce multivers fascinant n’en est que plus puissante, portée par des scènes qui montrent la passion de Blake pour l’œuvre de Schuiten. Les deux hommes se retrouvent en fin d’album pour un passionnant entretien croisé où le dessinateur des “Cités Obscures” dit toute son admiration pour ce qui est un premier album et un voyage aux lisières de la réalité à entreprendre de toute urgence.
Horizons Obliques
Scénario : Richard Blake
Dessin : Richard Blake
Couleurs : Richard Blake
Traduction : Maxime Le Dain
Éditeur : Urban Comics
Collection : Grand Format Urban
Pagination : 160 pages couleur
Format : 24,1 x 32,4 cm
Date de parution : 26 avril 202
Numéro ISBN : 9791026828013
Prix public : 19,91 €
À lire sur la Yozone :
Richard Blake - Hexagon Bridge ou Horizons Obliques
Illustrations © Richard Blake et Éditions Urban Comics (2024)