Bruce J. qui ?
Autant le dire tout de suite je n’ai jamais lu « Bruce J. Hawker » auparavant, et n’avait même jamais entendu parler de cette série qui semble avoir connu son heure de gloire au moment de ma naissance. Gloire apparemment pas suffisante pour que mes parents, qui m’ont pas mal biberonné à la BD, des « Schtroumpfs » à « Simon du Fleuve », de « Philémon » aux « Passagers du vent » en passant par « Lucky Luke », « L’Incal » ou « Blueberry », n’en ait suffisamment entendu parler pour me transmettre l’info. J’ai aussi pas mal traîné mes baskets dans les bibliothèques sans avoir jamais vu un album de « Bruce J. Hawker », mais j’ai lu, de Vance, tout « XIII » et une bonne partie des « Ramiro ».
Bref, tout ça pour dire que je ne fais pas partie des vieux briscards qui adorent les reprises des vieilles séries de leur jeunesse passée. Je n’ai d’ailleurs pas compris un instant la hype autour du « Goldorak » de Dorison (que j’aime beaucoup par ailleurs) et Bajram, et je pense que ce doit être un souci de génération. Re-bref, vous aurez compris que le retour de « Bruce », je m’en cogne pas mal et que ce n’est pas ça qui m’a fait lire cet album.
Made in the 80’s
Alors je vais d’abord enfoncer quelques portes ouvertes. Oui, ces « nouvelles aventures » ont très très fort le parfum des anciennes : ça pue la série des années 80. Oui, les dialogues sont interminables. En plus, comme le dernier album a 30 ans, il faut bien rappeler au lecteur ce qu’il a manqué et l’inviter à se replonger dans les anciens albums pour qu’il puisse apprécier les nombreuses références. Oui, la mise en page est hyper figée, hyper carrée, même si elle vaguement mise à jour ici avec des bords effacés et quelques encarts. Oui, le héros est un stéréotype sur pieds : jeune, beau, intelligent, altruiste, charismatique, intrépide mais calme, fort mais sensible, il connaît tout sur tout mais il prend le temps de la réflexion pour aider tout le monde même si, le pauvre, il est malchanceux. Vous vous attendiez à ça ? Vous l’aurez ! Vous voulez revenir 35 ans en arrière ? Montez dans la machine à remonter le temps !
Vélazquez, Rembrandt et Carlos Puerta
Par contre, pour en revenir aux raisons qui m’ont fait lire cet album, si vous vous êtes dit que la couverture et le dessin avaient l’air sympa, que vous aimez bien les BDs d’aventure, les pirates, les chasses au trésor, les rebondissements, bin ... y’a de ça Un peu. Mais y’en a.
L’histoire est quand même bien trouvée, on s’y laisse prendre facilement, même si ça reste un peu mou du genou et attendu. La chasse au trésor, il y a, des pirates il y en a presque, de l’aventure, un peu et c’est déjà pas mal. Le dessin, lui, est ... comment dire ... presque inadapté à la BD. C’est très beau, plein de détails, d’ombres et de lumières, et les connaisseurs pourraient y voir l’influence de Rembrandt ou Vélazquez tellement on est proche de la peinture du XVIIème. Mais on dirait que les personnages prennent la pose à chaque case. A chaque instant ils sont figés, sans mouvement, les mots qui sortent de leur bouche sont complètement indépendants, juste posés à côté de leur visage. L’impression qui en ressort est assez étrange.
Alors, oui, je continue à trouver la couverture classe, je continue à bien aimer les histoires de pirates, mais je crois que je suis un peu trop jeune pour apprécier « Les nouvelles aventures de Bruce J. Hawker ». Je comprendrai ça dans 20 ans quand je lirai « Les nouvelles aventures de Blacksad » ou « Okko 2 ».
(T1) L’oeil du marais
Série : Les nouvelles aventures de Bruce. J Hawker
Scénario : Christophe Bec
Dessins : Carlos Puerta
Éditeur : Le Lombard
Pagination : 64 pages couleurs
Format : 24,2 x 31,8 cm
Date de parution : 26 avril 2024
Numéro ISBN : 9782808205788
Prix public : 15,95€
Illustrations © Carlos Puerta et Editions Le Lombard (2024)