Cinquième petit fascicule dû à la passion de Richard Nolane pour les textes anciens relevant de l’imaginaire, souvent oubliés de nos jours. Cette fois-ci c’est le pulp américain « Weird Tales » qui est mis à l’honneur à l’occasion du centenaire de son apparition.
Pour le commun des mortels, « Weird Tales » est la publication ayant accueilli les premiers textes de Lovecraft, mais considérer ce pulp sous l’angle de cette seule référence serait un peu réducteur. Seabury Queen, Abraham Merritt, Robert Howard ou encore Catherine Moore apparurent à ses sommaires. Nous sommes donc en présence d’un magazine de légende, et c’est pour commémorer son souvenir que Richard Nolane nous propose rien de moins que les nouvelles ayant figuré au sommaire de son numéro 1.
Cinq textes donc, issus de cette première livraison sont à l’affiche. Ce qui frappe à leur lecture, c’est leur intemporalité. Ils pourraient parfaitement être publiés aujourd’hui sans que l’on y relève une forme quelconque d’archaïsme. “Le mystère Black Jean” de Julian Kilman raconte l’étrange histoire d’un bûcheron canadien – on relèvera l’imperceptible mépris de l’auteur pour les Canadiens français – vivant avec deux ours et décrit comme brutal et primitif. Néanmoins une institutrice s’en éprend, mais est-elle moins sauvage que lui ?
“La tombe” d’Orville R. Emerson nous plonge dans les angoisses d’un soldat allemand enseveli dans les galeries creusées sous le mont Kemmel par ses compatriotes pour se protéger de l’artillerie anglaise. C’est un enfer très personnel qui est ici restitué avec brio et l’objectif de terreur est parfaitement atteint. Une réussite.
“Ombres mystérieuses” de W.H. Holmes, comme le souligne Richard Nolane dans son introduction, est un texte étrange, qui distille une atmosphère particulière en jouant sur le registre des revenants. Une nouvelle tout simplement magnifique.
“Le panier mortuaire” de Herbert J. Mangham met en scène un homme dont on ne sait rien, venu de nulle part, enfermé dans une routine et dont le décès est un modèle de discrétion. C’est un récit étonnant, qui renvoie à une société du début du XXe siècle et qui n’est pas sans attraits. Énigmatique serait la meilleure définition à lui appliquer.
Enfin, “La main de la mort” de Farnsworth Wright, qui deviendra par la suite l’emblématique rédacteur en chef de la revue, propose un court texte de terreur articulé autour du crime d’un rôdeur. Efficace.
On saluera le travail de présentation de ces textes dû à Richard Nolane qui ressuscite par ses recherches biographiques des auteurs disparus depuis des lustres.
Une excellente livraison,
Titre : Weird Tales 1923 !
Direction littéraire : Richard Nolane
Couverture : R.R. Epperly
Éditeur : Olivier Raynaud
Collection : Super-Fascicule
Numéro : 5
Type : revue, anthologie
Genres : nouvelles, SF, fantastique
ISBN : 9782955882184
Dépôt légal : décembre 2023
Dimensions (en cm) : 14 x 21,5
Pages : 56
Prix : 6 €