Genre : Horreur
Durée : 1h39
Film interdit aux moins de 16 ans.
Avec Ezequiel Rodríguez (Pedro), Demián Salomón (Jimi), Silvina Sabater (Mirtha), Luis Ziembrowski (Ruiz), Marcelo Michinaux (Santino), Emilio Vodanovich (Jair), Virginia Garófalo (Sabrina), …
Sept ans après son terrifiant “Terrified”, devenu le film le plus rentable du cinéma argentin, Demián Rugna poursuit sa revisitation de la possession démoniaque dans un cinquième long-métrage horrifique sans concession. Il plante cette fois le décor dans un environnement rural où des cabanons piégés au coeur de plantations boostées aux pesticides abritent des familles dans une pauvreté extrême. C’est dans ce cadre délétère que Pedro et Jimi, deux frangins alertés par des coups de feu, tombent sur une moitié de cadavre au beau milieu des bois et se rendent chez leurs plus proches voisins pour s’assurer que tout va bien. Sur place, ils découvrent qu’Uriel, le fils aîné de María Elena, est devenu un “pourri”, un être possédé par un démon à naître, et que devant le refus de la police de prendre en charge le problème, sa mère a dû faire appel à un “nettoyeur”, possiblement le cadavre retrouvé dans les bois, afin de l’euthanasier et d’éliminer par la même le démon qu’il porte en lui.

Une mise en bouche, si je puis dire, un brin déconcertante et peu ragoutante, le corps d’Uriel est à vomir, qui prend une tournure assez folklorique lorsque Pedro et Jimi décident de se substituer au fameux nettoyeur et rameutent le propriétaire des terres environnantes, pour embarquer dans son pick up le “pourri” dans le but de s’en débarrasser aussi loin qu’ils le peuvent. Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévues et après cette introduction aux accents de comédie noire bien gore, le récit bascule, non pas sur un coup de tête, mais sur un coup de hache en pleine tête, dans l’horreur frontale.

En effet, loin des habituelles bondieuseries liées au genre et, au-delà de son titre, le Mal ne fait pas que rôder dans le nouveau film de Demián Rugna. Il se répand à la manière d’un virus, telle une maladie hyper contagieuse qui transforme les êtres qu’elle infecte en démons sanguinaires. Juste le temps pour Jimi de récupérer leur mère et pour Pedro de se rendre chez son ex-femme pour y prendre ses mômes, que le réalisateur argentin nous scotche au fond de notre fauteuil via une séquence de manifestation démoniaque de pure folie puis nous embarque sans prévenir aux côtés de la petite cellule familiale reconstituée, enfin en partie, dans un road-movie maléfique crépusculaire et brutal.
Femme enceinte, molosse, petit fille, mari aimant… Le film n’épargne personne, et surtout pas le spectateur, emporté dans une spirale de violence dont il ne possède pas les clés, et qui se prend néanmoins en pleine face des scènes chocs, inattendues et dérangeantes.

Et si le film connaît un petit coup de mou lorsque Demián Rugna offre à ses fuyards un moment de répit chez une ancienne “nettoyeuse”, courte pause dont justement il profite pour enfin nous transmettre des éléments éclairant sur la mythologie de son récit, comme par exemple les règles à suivre où ne pas suivre en de telles circonstances, ce “When Evil Lurks”, Prix du Meilleur Film du Festival de Sitges 2023 et Prix du Public et Prix de la Critique du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2024, est néanmoins une incontestable réussite.
Une série-b qui souffle un vent traumatique nouveau sur le genre et imprime durablement quelques images d’une rare brutalité sur nos rétines. A découvrir de toute urgence si vous aimez vous faire peur ou violence.
Fiche Technique
Réalisation : Demián Rugna
Scénario : Demián Rugna
Producteur(s) exécutif(s) : Fernando Díaz, Emily Gotto, Roxana Ramos, Samuel Zimmerman
Musique originale : Pablo Fuu
Directeur de la photographie : Mariano Suárez
Montage : Lionel Cornistein
Création des décors : Laura Aguerrebehere
Direction artistique : Laura Aguerrebehere
Costumes : Pheonia Veloz
Maquillage : Elizabet Gora
Son : Pablo Isola
Effets visuels : Marcos Berta
Production : Aramos Ciné, Machaco Films, Shudder
© ESC Films / Factoris Films