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Solaris n°231
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°231, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles, avril 2024, 162 pages, 13,95 $ CAD et gratuit pour les abonnés

« Solaris » entre dans sa cinquantième année d’existence. Pour fêter cet anniversaire, deux numéros spéciaux sont prévus. Même s’ils reprennent la numérotation de la revue, ils accompagneront les numéros de printemps et d’été. Voilà le premier, le 231, celui du mois d’avril 2024, offert pour les abonnés.
Neuf nouvelles au sommaire, uniquement d’auteurs faisant partie ou ayant fait partie de l’équipe solarienne depuis ses débuts en 1974, alors que la revue démarrait sous le nom de « Requiem ». Un numéro totalement solarien.



Samahel rêve d’étoiles depuis son plus jeune âge, mais ses résultats scolaires l’ont empêché d’embrasser une carrière d’astronaute. Le “Projet 7450” lui offre peut-être une solution, mais peut-il croire en ses chances ? Francine Pelletier parle ici à chaque adulte qui, enfant, a levé les yeux vers la voûte étoilée, imaginant la vie ailleurs, le frisson de l’exploration spatiale. Un texte immersif qui touche une corde sensible.

“Dieu ne joue pas aux échecs”, peut-être pas lui, mais quelqu’un d’autre... Un homme décide de se mettre au vert quelques mois dans un petit village perdu. En rénovant sa maison, il découvre un coffre contenant un pion d’échecs, ainsi qu’un carnet relatant une période tourmentée entre les États-Unis et les Britanniques se disputant les lieux. Hugues Morin s’appuie sur un fait historique assez étonnant pour une histoire prenante empruntant les méandres du temps.

Lors du grand froid, une communauté ne parvient plus à subvenir aux besoins de tous ses membres, aussi seuls quelques uns restent éveillés, pendant que les autres hibernent ou sont suspendus. Élisabeth Vonarburg décrit une jeune fille pressée de franchir le pas, car elle a peur du passage à l’adolescence qui la transformera, révélant tout son potentiel. Elle espère suspendre le temps pour que rien ne change, au grand désespoir de l’aînée Ghisu. Le contexte est très fouillé et “Le Grand Départ” nécessite d’être lu à tête reposée et sûrement plus d’une fois pour en révéler toute la richesse.

Mario Tessier propose un “Guide touristique du voyageur scientifique montréalais du XXIe siècle”. Le lecteur croit avoir affaire à un simple guide, avant de comprendre qu’il s’adresse à un voyageur du futur, car les activités suggérées parlent d’événements funestes encore non survenus. L’auteur crée un habile décalage, on se prend au jeu en suivant notamment les liens indiqués pour savoir s’ils sont réels ou non. Une belle inspiration, ludique et divertissante.

“Dernière Heure” ou l’info en continu sur la tragédie de Sainte-Pénombre. Que s’est-il passé au château ? L’absence de faits précis est peut-être plus inquiétante que la réalité. Pascal Raud laisse l’imagination de chacun nourrie par ses lectures fantastiques fonctionner à plein. Quatre pages toutes en suggestion.

Une odeur de soufre, deux orbites vides à la place des yeux, des chairs fondues... c’est “Mimil”, une présence inquiétante autour de Jonathan Reynolds qui se met lui-même en scène. Une nouvelle envoûtante sur fond de premiers atermoiements adolescents. Superbe !

La bataille de Stalingrad se transforme pour le soldat Johann Foster en “Satanigrad ou le sourire du démon”. À l’image de Faust, il pactise avec un démon pour sortir de cet enfer et retrouver les siens à la maison. Les combats, la période sont très bien rendus par Norbert Spehner pour une conclusion référentielle inattendue.

“La Carafe (fragments)” fait référence à “La bouteille”, texte paru la première année d’existence de la revue, alors « Requiem ». La découverte d’un pochon caché dans un bar à curiosités entraîne Anthère Simon Morin sur une pente savonneuse. Les fragments colorés liés à des événements du passé lui font voir de drôle de choses. En plus, son copain aime visiter les cimetières, alors comment cela pourrait-il aller ? À part de mal en pis... Rapidement cela devient étrange, puis la terreur s’installe, l’horreur est insidieuse, inéluctable et ne peut que fasciner les lecteurs.

Le maçon Malraud décide de se rendre “Dans la Gyre” suite au passage d’un de ses pages. C’est plus fort que lui, un médaillon subtilisé à l’émissaire le pousse à entrer dans ce lieu étrange empli de pouvoir et en proie à des batailles internes. Qu’y découvrira-t-il ? Un être fruste, maçon et meurtrier, se lance dans une quête qui le dépasse. Yves Meynard livre une histoire dans un lieu hors du temps, le chemin pour s’y rendre ressemble à un labyrinthe pour mieux y perdre le personnage comme les lecteurs. C’est vraiment bien tourné et les différentes étapes s’enchaînent sans coup férir.

Du beau monde a été invité pour ce premier numéro anniversaire et chacun se montre à la hauteur de l’événement. Neuf nouvelles différentes entre science-fiction, fantastique et terreur qui offrent le même plaisir. Les abonnés sont gâtés !
Un « Solaris » spécial, juste composé de nouvelles solariennes aux rayons enchanteurs.


Titre : Solaris
Numéro : 231
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Érick Lefebvre
Illustrations intérieures : Laurine Spehner
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Sites Internet : Solaris ; numéro 231
Période : avril 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782925427056
Dimensions (en cm) : 13,3 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD et gratuit pour les abonnés



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
22 mai 2024


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