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Monstres de papier (Les), tome 2 : L’Oiseau de Feu
Ann Sei Lin
Lumen, roman (Angleterre), steampunk asiatique, 444 pages, mars 2024, 17€

Après les événements désastreux au palais de Tsukimi à Sola-Il, les personnages sont tombés à terre. Kurara, Haru, Tomoe et Sayo croisent la route de Banri, un shikigami-ours en train de devenir fou. Sur son dos, le groupe avance néanmoins plus vite direction le Sud, pour retrouver l’Orihime parti chasser Suzaku, le shikigami-phénix responsable des violents courants aériens de la région.
Deux pliomages sont à leurs trousses : Fujiwa, pour le compte de la princesse Tsukimi, bien décidée à s’approprier les deux enfants de papier, et Himura, l’ancien mentor de Kurara sur le bateau volant, rongé par la culpabilité et les conséquences de son ambition.
Tous vont se retrouver à Kazami, une cité souterraine secrète, où Kurara en découvrira davantage sur son passé et la création des shikigami.



Relire la chronique du tome 1 : « Les cités rebelles »

C’est la colère qui domine Kurara dans ce second tome. De la colère contre Haru, son ami de toujours, qui refuse de lui révéler son passé au nom de la promesse à celle qu’elle était avant qu’il lui efface la mémoire, à sa demande. Colère contre Himura, le traître qui a sacrifié sa renarde de papier par pure ambition, après les avoir livrés à Tsukimi. Colère enfin contre la princesse, enfant gâtée et capricieuse prête à toutes les horreurs pour devenir une pliomage et avoir des shikigami parfaitement obéissants à sa botte.

La route vers le sud va être semée de rebondissements. Entre Fujiwa qui les traque sans relâche, les troubles politiques provoqués par le Sohma qui oppose les « rampants » aux Sorabitos (selon une manœuvre un peu tordue), et la folie de Banri, le chemin est épuisant.
Le gros ours est cependant au centre de la réflexion de ce volume. Kurara désire plus que tout trouver un remède à la folie qui s’empare des shikigami sans maître, pour leur permettre de vivre libres. Quand elle découvrira comment ils sont créés (à partir d’un pliomage sacrifié !), Haru essaiera de la faire changer d’idée. Ils ont un débat passionné sur la deuxième chance et la notion d’identité, qui déborde de bons arguments des deux côtés et poussera les lecteurs ados à s’interroger également et transposer le débat dans notre société.

La deuxième chance, la rédemption, tourne aussi autour d’Himura, qui peine à se racheter et reconquérir la confiance de Kurara, d’autant qu’on lui met entre les mains des savoirs suffisants pour faire le mal s’il le souhaite. Il résiste cependant à la tentation, au nom de la loyauté qu’il souhaite redorer.

Enfin, le principe du lien de sang entre le pliomage et le shikigami permet de travailler ces questions de loyauté admise ou contrainte. Haru a été lié à Fujiwa, ce qui fait qu’il doit lui obéir lorsque le pliomage impérial est sur le point de les capturer : un changement de camp qui bouleverse toute stratégie pour lui échapper. A l’inverse, Himura rencontre un boa femelle qui a une conception très souple des ordres de sa maîtresse et de leur application, et semble avoir conserver du caractère et une forme de libre arbitre.

Enfin, l’autrice est cruelle, la solution pour sauver le plus grande nombre de shikigami passe par l’élimination de Suzaku, l’occasion d’une bataille homérique où d’autres protagonistes entreront en jeu, pour rebattre les alliances en fin de volume, augurant d’autres tensions pour le dernier tome...

Deux petits trucs sur lesquels j’ai tiqué :
- le nom du minerai qui permet de voler et qui explose également (bien pratique), il ne me semblait pas l’avoir lu dans le premier tome. Un ajout en cours d’écriture ?
- les titres français ne conservent pas le jeu d’écho sur « rebel » (« rebel skies », « rebel fire »)

Enfin, on notera dans la maquette que les chapitres concernant Tsukimi sont environnés de nuages, du plus bel effet.

Un second tome bourré d’action et de thématiques fortes (liberté, loyauté, rédemption) dont les 450 pages se dévorent sans mal. Vivement la suite !


Titre : L’oiseau de feu (rebel fire, 2023)
Série : Les Monstres de papier, tome 2
Autrice : Ann Sei Lin
Traduction de l’anglais (Angleterre) : Céline Morzelle et Mathilde Tamae-Bouhon
Couverture : Amir Zand
Éditeur : Lumen
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 444
Format (en cm) : 22,5 x 14 x 4
Dépôt légal : mars 2024
ISBN : 9782371024335
Prix : 17 €



Nicolas Soffray
14 mai 2024


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