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Solaris n°230
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°230, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles - critiques, printemps 2024, 162 pages, 13,95$ CAD

En présentation, le lecteur découvre qu’il est déjà Noël avant l’heure et ce, d’autant plus s’il est abonné à la revue. Pour fêter dignement ses cinquante années d’existence, deux numéros voient presque en même temps le jour, le présent « Solaris 230 » et un numéro spécial, le 231, gratuit pour les abonnés ! Au sommaire, des nouvelles d’auteurs qui font (ou ont fait partie) de l’équipe de la revue.
Et ce n’est pas tout, l’été verra les parutions des numéros 232 (l’édition normale) et 233, un spécial 50 ans à nouveau gratuit pour les abonnés, avec des nouvelles d’auteurs déjà parus dans la revue.
Voilà qui s’appelle fêter dignement un anniversaire, tout en suggérant aux lecteurs de franchir le pas de l’abonnement.



Dans “Braise et étincelle”, Geneviève Blouin suit les traces de kansass nomades, à savoir un groupe d’hommes et de femmes capables de produire de la chaleur et des flammes de leur corps. Dans un froid mordant, ils sont en chasse et leurs capacités leur permettent de déjouer les pièges mortels protégeant leurs proies. Perdre leur talent revient à mourir. Il s’agit d’une belle réflexion sur la fin de vie à travers le personnage d’Hilos désirant aller contre les coutumes, car il y voit l’espoir d’une vie meilleure pour les autres. Texte plaisant de par son idée centrale et son déroulement.

Un beau jour, les Arcturiens ont débarqué avec toute leur technologie, améliorant considérablement la vie terrienne. Au grand dam de Joe au fin fond d’une petite ville américaine, dont l’activité de garagiste est devenue moribonde. Ce n’est clairement pas le meilleur type pour secourir un bébé arcturien. Quoique... Avec “Des krakens et des hommes”, Yves-Daniel Crouzet livre une nouvelle pétrie d’humour avec un personnage central fruste et simple, mais aussi bienveillante à travers la relation entre deux êtres bien différents apprenant à se connaître.

La prose de Martine Bourque n’est pas évidente à suivre, d’autant plus si on passe l’Atlantique. On apprécie ou non. La perte tragique de sa femme pousse Smoke à plonger dans les tréfonds de la réalité virtuelle pour faire son deuil. Ambiance cyberpunk pour “Réalité liquide” dont la forme a malheureusement tendance à éclipser le fond plutôt prenant.

Les nantis ont quitté la planète surpolluée pour Mars. Les laissés-pour-compte ont dû s’adapter, regarder la terre pour leur subsistance et oublier les inaccessibles étoiles.Priya a justement soif d’ailleurs, elle rêve des étoiles cachées par un fog quasi permanent, à l’inverse de sa compagne pragmatique. “Besoin d’espace” de Marie Labrousse, c’est de la science-fiction positive quant à l’avenir de l’homme et de la planète, du Hopepunk sur fond de nostalgie, dans lequel il ne se passe pas grand-chose. Tout est dans l’atmosphère, mais est-ce suffisant ?
La nouvelle “Une autre façon d’être” de Célia Chalfoun n’est pas sans soulever la même interrogation. Y est décrit un lieu étonnant où se rendent les personnes à l’article de la mort. La prise d’un champignon leur permet de franchir le pas lorsqu’elles le désirent. La fin est abrupte, mais de belles images sont évoquées comme dans la nouvelle précédente. Là aussi, on est plus dans l’intime que dans des envolées propices à enflammer l’imagination.

Qu’est-ce qu’a voulu écrire Éric Gauthier avec “Drôlement pratique” ? Une critique virulente du capitalisme, un plaidoyer contre le matraquage publicitaire, un message contre le e-commerce aux promesses toujours plus alléchantes au détriment des magasins physiques... ? Mystère, car l’ensemble n’a ni queue ni tête avec cette histoire abracadabrante de portes, de vendeurs issus d’on ne sait où. On a beau être dans l’absurde, il y a des limites.

Dans le cadre des “Carnets du Futurible”, Mario Tessier nous présente “Le gibier le plus dangereux, ou de la chasse à l’homme considérée comme un divertissement public”. Du pain et des jeux, voilà qui fonctionnait bien sous l’empire romain. Est-ce que cela a vraiment changé depuis ? On peut en douter... « Les chasses du comte Zaroff » n’a pas fini de nourrir l’imagination des auteurs. “Le prix du danger” de Sheckley, « Running Man » de King, les exemples pullulent dans lesquels l’homme devient une proie. C’est très intéressant, fouillé et prenant comme à l’accoutumée.

Dans le cadre du “DALIAF”, Claude Janelle présente « La cité dans les fers » (1926) d’Ubald Paquin (1894-1962). Il s’agit d’un roman aux idées rétrogrades sur la psychologie féminine, la Franc-Maçonnerie... Un choix étonnant pour une œuvre, reflet d’une époque révolue, qui ne méritait pas vraiment ce coup de projecteur.

La partie nouvelle de ce numéro laisse une impression mi-figue mi-raisin avec deux textes qui emportent l’adhésion (Geneviève Blouin, Yves-Daniel Crouzet), trois qui peinent à soulever l’enthousiasme et un loupé. Puis arrive Mario Tessier qui fait pencher la balance du bon côté.
Un numéro qui laisse tout de même sur sa faim.


Titre : Solaris
Numéro : 230
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Sagana Squale
Illustrations intérieures : Sagana Squale et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Sites Internet : Solaris ; numéro 230
Période : printemps 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782925427025
Dimensions (en cm) : 13,3 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
14 mai 2024


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