Première nouvelle : “Derrière la vibreglace”. Dans un lointain futur qui a vu l’effondrement de la société humaine, un groupe de personnes a retrouvé dans un abri des vestiges d’un temps disparu, celui de la technologie et de bien d’autres merveilles qu’un seul des visiteurs est à même d’apprécier. Les autres n’y voient que perte de temps. Thibault Lily montre les ravages de l’incompréhension, comment la perte de repères et le manque de curiosité peuvent déboucher sur l’irréparable. Une belle entame.

“Le principe d’explosion” de Bao Dang fait assez old school. À travers une émission de télé, Rodolphe Schlick cherche à démasquer les individus se vantant de posséder des pouvoirs paranormaux. Jusqu’à présent, personne n’a franchi les tests, jusqu’à ce qu’arrive un candidat capable de dupliquer un petit objet. S’appuyant sur la science, le producteur ne croit pas à l’impossibilité de ce qu’il voit, mais les faits sont là. C’est amusant et ne se prend pas au sérieux.

Dans leur guerre face aux Halderniens, les Terriens sont tombés de haut malgré leur surnombre. L’ennemi a déjoué tous leurs plans comme s’il les connaissait à l’avance. Après interrogatoire, un petit groupe d’humains se retrouve parqué dans un enclos. Le quitter semble facile, pourtant chaque tentative est vouée à l’échec. Comment faire quand Jéhovah vous observe, prévoyant à l’avance vos mouvements ? “Une pierre tombe” de Jean Paris insuffle une dose d’humilité, car l’homme se révèle totalement démuni dans une telle situation. Il a beau conjecturer, jouer de hasard, rien n’y fait. Et qu’est Jéhovah : un ordinateur surpuissant ou un dieu ? Un texte imparable et terrible qui fait tourner les méninges.

Et pour finir, un rattrapage du match d’écriture des Imaginales 2021 avec les trois textes de l’équipe lauréate. Remarquons son nom de Munster Club et une présentation fromagère des plus savoureuses. Trois textes avec un thème et deux contraintes qui diffèrent à chaque fois.
Dans “La musique adoucit les mœurs”, Hélène Sharre montre comment la France est tombé sous le charme des coqordéons, leur donnant toujours plus de privilèges. C’est totalement délirant, loufoque, mais si plaisant !
Par contre, la fin de “Un plan [presque] parfait” de Larry Vizier tombe pour moi totalement à plat.
Quant à “Coupe Marie-Antoinette”, il s’agit d’une belle réussite signée Noëmie Lemos, qui n’est pas sans rappeler par certains côtés « Le magasin des suicides » de Jean Teulé. Une femme arrive avec son droit à la mort de son choix, elle veut de l’artisanal. Même si le bourreau bourré n’a depuis longtemps plus pratiqué cette technique, il n’a pas le choix, il lui faut officier. C’est vraiment original et le fond est riche.
Travailler ainsi, avec des contraintes tarabiscotées n’est pas facile et mérite d’être salué, surtout au vu du résultat.

Ce numéro 71 d’« AOC » est vraiment attractif, avec de belles nouvelles oscillant entre gravité et humour au sommaire. Rajoutons une présentation impeccable et une magnifique couverture et le voyage est lancé.

Titre : AOC
Numéro : 71
Directrice de publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : Olivier Bourdy
Couverture : Ben Heine
Illustrations intérieures : Lux, 570, Melchior Mercure et Jean-Michel Prats
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : hiver 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,8
Pages : 78
Prix : 4 €

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