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Scholomance, tome 2 : Promotion Funeste
Naomi Novik
J’ai Lu, Imaginaire, roman (USA), fantasy, 414 pages, février 2024, 8,60€

Les terminales sont à peine partis qu’une nouvelle fournée d’élèves les remplace. Et une drôle d’année commence pour Galadriel et sa promo : la réparation du système de maintenance, dans la salle des diplômes, a drastiquement réduit le nombre de bestilles meurtrières, et les attaques se font rares. Avant qu’El réalise qu’elle est directement et uniquement ciblée à l’école, et les bizuts qui l’accompagnent en cours sont très exposés. Va-t-elle les abandonner à leur sort ? Va-t-elle perpétuer cette logique d’élimination des plus faibles ? La question prend une autre dimension lorsque s’ouvre le gymnase, pour préparer les terminales à la remise des diplômes : El, ancienne réprouvée, devient l’atout indispensable pour espérer s’en sortir vivant.



Vous ne pouvez pas me voir applaudir, tout comme vous ne pouvez pas me voir verser quelques petites larmes face aux coups en traître que Naomi Novik flanque à son héroïne, et avec quel brio l’autrice nous fait vibrer auprès de son vilain petit canard.

Je ne vais pas vous répéter toutes les qualités narratives déjà présentes dans « Éducation meurtrière » : c’est toujours très dense (et très bien traduit par Benjamin Kuntzer) sans qu’on ressente de redite, mais pleinement l’immersion dans le cerveau à 200 à l’heure d’une jeune adulte perpétuellement sur le qui-vive, et qui en plus voit sa vie encore plus chamboulée. Elle réalise qu’elle s’est fait des amis, qu’elle n’a pas à compter que sur elle-même. Avant de comprendre que c’est pire, quand elle commence à se faire du souci pour les autres. Cerise sur le gâteau, ce message transmis par sa mère, la mettant en garde contre Orion Lake.

On l’a vu dans le tome 1, Orion, c’est son double autant que son antithèse, un redoutable tueur de maléficarias, élevé dans ce but depuis tout petit. Et si elle le rabroue sans cesse, en partie pour dissiper les rumeurs à leur sujet, El ne peut s’empêcher de le plaindre et de le soutenir. Et donc, ce qui doit arriver va finir par arriver, quand un grand dadais fréquente trop une fille qui réfléchit trop, et que les hormones adolescentes se mêlent à une perspective de décès à brève échéance...

Mais au-delà de ces amourettes, ce qui préoccupe El, c’est l’avenir. On apprend par les bizuts qu’une Enclave asiatique s’est mystérieusement effondrée. Les tractations autour de New York vont bon train, mais l’alliance autour d’El prend de l’ampleur quand chacun réalise que sa fidélité ne s’achète pas. Et qu’accessoirement, elle est la seule assez puissante, avec Orion, pour ouvrir un passage sûr face à la horde de malés. Et El, forte de cette attention, va tenter de les convaincre de mettre fin à cette scolarité mortelle, en s’alliant tous pour sortir tous. Il fallait une hors-système pour avoir une idée pareille, une paria pour refuser de jouer le jeu et laisser les autres derrière elle, pour transformer l’énergie de la dissension en une force unie. Et je ne vous dis pas ça au regard du contexte politique récent, mais punaise, c’est beau. C’est beau comme le rush final d’« Avengers » face à Thanos, ça fait dresser tous les poils.
Bien sûr, il y aura une contrepartie. Et vous la sentez venir, vous vous en doutez, et pris dans le feu de l’action vous oubliez, jusqu’à la dernière ligne mortelle.

C’est de la fantasy, qu’on pourrait classer en YA puisque les personnages finissent leur scolarité. Si c’est le cas, « Scholomance » donne des lettres de noblesse à cette étiquette. Naomi Novik n’est pas tendre avec ses héros ni ses lecteurs, et El nous donne sa rage d’affronter un monde qui ne veut pas de ceux qui sortent de la norme, des faibles, des parias. Galadriel Higgins refuse de perdre qui que ce soit, elle veut s’en sortir pour changer le système dehors, et ça commence par changer ce système-là, qui ne se prive pas pour changer les règles en cours de partie.

J’ai hâte de dévorer le dernier tome, de découvrir jusqu’à quel point l’autrice a imaginé manipuler et faire souffrir la jeune fille dans la réalisation de ses projets idéaux, même si on a sans doute atteint ici le pinacle, et qu’il n’y a rien de plus douloureux que les regrets. Saura-t-elle conserver cette solidarité autour d’elle, et changer le monde pour le meilleur ?


Titre : Promotion Funeste (the last graduate, 2021)
Série : Scholomance, tome 2 (lesson two of the scholomance)
Auteur : Naomi Novik
Traduction de l’américain (USA) : Benjamin Kuntzer
Couverture : studio J’ai Lu
Éditeur : J’ai Lu (édition originale : Pygmalion, 2023)
Collection : Imaginaire
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 14023
Pages : 414
Format (en cm) : 18 x 11 x 2,2
Dépôt légal : février 2024
ISBN : 9782290380567
Prix : 8,60 €


Une bonne douzaine de grosses coquilles restaient, un peu dommage.


Nicolas Soffray
7 septembre 2024


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