Cent pages sous la supervision de Grégoire Kenner qui présente deux articles. Le premier “Requiem pour un vampire ?” avec ses incarnations les plus récentes, loin de la crainte des débuts. Le film « Le bal des vampires » de Roman Polanski, la série « Buffy », ainsi qu’Anne Rice, Stephenie Meyer... ont modifié la perception du vampire, lui donnant aussi bien des airs plus comiques, mais surtout plus glamour.
Suit “Dracula, la naissance du mythe” qui étonnamment ne vient qu’en second, alors que ce papier aborde directement le personnage et son créateur.
Puis le spécialiste des vampires, Adrien Party, nous parle de l’adaptation du roman en Turquie, « Dracula in Istanbul » (1928). Si les étapes clés du roman originel sont plus ou moins respectées, bien des libertés sont prises en terme de lieux et surtout de contexte, donnant un tour plus politique à l’ensemble.
Présenté comme le spécialiste de Dracula et de Bram Stoker en France, Alain Pozzuoli est interviewé. Il revient sur l’auteur, le mythe de Dracula avec ce changement de perception, ciblant « Entretien avec un vampire ».
Quatre nouvelles assez longues prolongent ce dossier.
La mort d’une connaissance met François Dunoyer dans le collimateur de la police, ou plutôt de la DGPE, la Direction Générale des Phénomènes Étranges. Ses bizarreries s’expliquent d’une manière qu’il aurait préféré continuer à cacher. “Une époque révolue” de Gauthier Dambreville est agréable à lire, mais ne laisse pas grand souvenir quelques jours après par manque d’originalité.
Sur une planète colonisée par les humains, les colons sont obligés de payer un sinistre tribut à l’espèce indigène. Tirage au sort sacrificiel, épée de Damoclès au-dessus de chaque tête, jalousie... au programme de “Papillon” d’Elga Bland qui a choisi un angle inquiétant et bien vu.
Anaïs Buffet fait preuve d’imagination avec “La dernière confession de Bram Stoker” qui, bien malgré lui, teste la machine à explorer le temps d’H. G. Wells qui le plonge dans le passé où il rencontre Vlad Tepes... Histoire, choix cornélien dicté par l’amour... C’est jubilatoire !
Débarquement en Normandie pour Grégoire Kenner. Une petite équipe est chargée d’une mission très spéciale, car l’ennemi diffère sensiblement des troupes allemandes habituelles et il faut des qualités très spéciales... “Derrière la plage” s’avère aussi très originale, happant rapidement la curiosité.
Une bibliographie choisie et commentée conclut ce dossier qui laisse une bonne impression générale. Il était important de se limiter à Dracula et de ne pas partir dans tous les sens sur le thème des vampires, même si “Le vampire” de Polidori et « Nosferatu » de Murnau peuvent apparaitre au détour d’une page, ainsi que des incarnations plus récentes donnant une autre vision du personnage. Un tour d’horizon intéressant et complet.
Avec “L’odeur de paupières brûlées au petit matin”, Olivier Goncalves a remporté le troisième Prix Alain Le Bussy 2023. Un court texte intimiste, un dernier message adressé à sa mère par un fils triste de la voir partir dans l’espace pour une mission sans retour. Un récit fort et fascinant par ce qu’il implique avec l’emploi d’une main-d’œuvre qui n’a plus rien à perdre. Pas de grands effets, mais une très belle idée.
Juste une nouvelle au programme de “Chronique d’Ukraine” dont on peut se demander la pertinence de sa poursuite. Dans “Génomorphe”, les habitants peuvent se transformer selon leur gré, les jeunes générations maîtrisant toujours mieux ce potentiel. Mais attention à ne pas oublier sa condition humaine en se fondant dans une autre espèce. Vladimir Venglovski montre les travers d’une telle possibilité, de l’oubli de ses racines, mais pour autant, on peut s’interroger sur le développement de l’histoire. Embrasser une autre espèce ne revient-il pas à mieux la comprendre, alors que vient faire la vengeance ici ? Et puis, on oscille entre Ilya et Ilka, alors qu’il s’agit de la même personne. Reste un sentiment mitigé.
“Croisière au long du Fleuve” parle de Jacque Hoven et “Musique et SF” de Francisco Lopez. Peut-on parler de musique ? Une description étonnante et assez déstabilisante, car on a plus l’impression de bruit que de quelque chose de structuré.
Chroniques de livres (quel intérêt de parler d’un livre uniquement disponible sur la plateforme Amazon ?), de BD et de ciné achèvent ce numéro dans l’ombre du Dracula de Bram Stoker au travers d’un beau dossier et d’attractives nouvelles.
Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 85 (127 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Charles Rastoul
Traducteurs : Viktoriya et Patrice Lajoye (Génomorphe)
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : janvier 2024 (juillet 2023 dans la revue !)
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251958
Dimensions (en cm) : 13,5 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11 €
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