La première nouvelle, Le Fuseau, est ma préférée. Gorgée de douceur et d’humanité, une jeune fileuse et tisseuse se rend à Istanbul, envoyée par un rêve. Ciral, aidée par son intuition, saura sauver le grand bazar des griffes d’une harpie.
La seconde, Kuarupu, raconte le courage d’une sorcière d’Amazonie qui accepte de se sacrifier, tentant de sauver son peuple et sa forêt des occidentaux et de leur pouvoir. Malheureusement, malgré les nombreuses morts qu’elle entraînera, la jeune sorcière ne saura se mesurer à ces êtres rejetant les sens de la forêt.
Finalement, La sorcière sur l’oiseau, très courte anecdote, nous montre que certains prêtres ne sont pas aussi fermés au monde qu’on pourrait le penser.
Les dessins de ce manga, très réalistes, permettent une plaisante entrée dans ce recueil. Les histoires sont très belles et vibrantes, chaque sorcière magnifique. Le dessinateur use de nombreux détails pour les décors et on reconnaît avec plaisir Istanbul et le grand bazar. La culture du peuple amazonien est mise en avant dans la seconde nouvelle, parmi des décors très agréables à découvrir. Quand au village de la dernière nouvelle, les décors choisis donnent une dimension de calme parfaite au sujet. Mais surtout, Daisuke Igarashi confère aux visages une vie propre qui les rend attachants, vibrants, presque humains.
Sorcières est donc le premier tome d’une série gorgée de potentiel, dont je suivrai les suites avec grand plaisir, et que je vous conseille de découvrir. Ne serait-ce que pour les plaisirs du voyage que procurent ces histoires.
Sorcières (T1)
Auteur : Daisuké Igarashi
Traductions : Sahé Cibot et Rioko Sekiguchi
Éditeur : Casterman
Collection : Sakka
Pagination : 192 pages
Dépôt légal : 08/09/2006
ISBN : 2203373873
Prix public : 9,95 €
De Daisuké Igarashi, on peut lire Hanashippanashi (deux recueils parus chez Sakka) où le Merveilleux s’invite dans le Japon contemporain.
On y rencontre des carpes géantes, des cailloux qui parlent, des vers de terre qui rêvent de voler, des jeunes filles aux visages de lutins, des merveilles tapies au fond des mers, des loups, des nuages... La nature est la source d’inspiration d’un auteur qui voue un profond respect à toute forme de vie. Ses visions fantasmagoriques des phénomènes naturels donnet un véritable état de grâce aux compositions (souvent très courtes : 1 à 2 pages) qu’il produit.
La parution du T2 de Sorcières est annoncée pour le 9 février 2007.
Critique : Aphrael
Compléments d’information : Fabrice Leduc