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After Us
créé par Florian Sirieix, illustré par Vincent Dutrait
Catch Up Games, 31 mars 2023

Il n’aura pas fallu plus d’une soixantaine d’années pour que l’humanité parvienne à se détruire définitivement, laissant place aux singes. Mais les travers dominants des hommes n’épargnent pas pour autant les primates.
C’est en cherchant leur propre évolution par l’utilisation des objets laissés par les humains que les différentes tribus s’engagent dans une course au pouvoir.



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C’est quoi ce jeu ?

L’auteur Florian Sirieix (« Time Collectors », « The A.R.T. Project », « La planche des pirates »…) propose un jeu de course rapide et nerveux où les joueur.euse.s devront combiner des cartes et gérer des ressources afin de gagner le plus rapidement possible des points de victoire, le but étant d’être le premier à franchir la barre fatidique des 80 points.

Dans la boîte

C’est l’illustrateur Vincent Dutrait, une pointure dans le monde du jeu, qui prête sa palette graphique si particulière donnant à « After Us » une dynamique visuelle qui participe au plaisir ludique. Son travail est absolument magnifique !

La couverture de la boîte interroge déjà avec la tour Eiffel qui se délite. Peut-être un clin d’œil à « La planète des singes » où l’on voit la Statue de la Liberté ensablée à la fin du 1er film. Cette symbolique forte est reprise pour les localisations du jeu. En effet, chaque pays (via l’éditeur) qui a choisi la localisation du jeu propose une couverture originale illustrant un monument de son patrimoine propre.

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Les différents plateaux - décompte/dépose des paquets de cartes, plateaux joueur.euse.s - sont en carton épais offrant des illustrations chatoyantes.
Les différentes ressources en bois ou en carton sont agréables à manipuler, ce qui est indispensable compte-tenu de la manipulation rapide et constante que les joueur.euse.s en feront tout au long de la partie.

Quant aux cartes, elles sont qualitatives. Leur utilisation effrénée poussera sans doute les aficionados à les sleever.

Le jeu déployé est visuellement très agréable.

Comment on joue ?

Florian Sirieix propose aux joueur.euse.s un jeu de deck-building et de gestion de ressources.

Chacun.e démarre avec un deck identique de 8 cartes représentant des Tamarins. À chaque tour, 4 cartes sont piochées. Il faut alors les combiner pour faire correspondre des morceaux de cartouche afin d’en donner des complets. Puis lorsqu’on est prêt, on résout les cartouches de gauche à droite en commençant par la 1ère ligne.

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Trois lignes sont présentes sur les cartes, la première avec des cartouches produisant des ressources (fleurs, fruits, graines et énergie), la seconde permettant des échanges de ressources contre des points de victoire et la troisième ajoutant le gain de points de rage.

Les ressources permettent donc de récupérer des points de victoire, mais également de thésauriser à l’envie pour se permettre d’acheter de nouveaux singes quand la phase du jeu l’autorise. Chaque race a des cartes de 2 niveaux différents, à la puissance accrue.
Enfin, les points de rage permettent d’épurer le deck en éjectant des cartes qui rapporteront aussi des ressources ou des points de victoire lors de leur suppression.

Les tours s’enchaînent avec les joueur.euse.s qui se poursuivent sur le compteur de points, jusqu’à l’arrivée de l’un.e d’entre eux/elles au-delà de la case 80, déclenchant ainsi la fin de partie.

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On en pense quoi ?

Il a été vivement reproché à « After Us » de manquer d’interactions, chaque joueur.euse étant cantonné.e à jouer dans son coin.

Impossible de nier le fait que chacun.e va faire sa petite cuisine le nez plongé dans ses cartes. C’est le cœur du jeu, qui donne d’ailleurs un mode solo redoutablement efficace.
Le frisson réside dans le fait de piocher ses cartes et de trouver le meilleur assemblage possible pour former les cartouches les plus efficients, au moment le plus opportun. Rappelons qu’il s’agit d’un jeu de course. Il faut donc trouver le tempo idéal de son jeu, en y insérant les meilleurs éléments possibles par l’achat de nouvelles cartes.

Les cartes que l’on décide d’acheter vont dépendre de la stratégie retenue par chaque adversaire.
La race de singe choisie oriente forcément votre jeu.
Les orangs-outangs vont fournir plutôt de l’énergie, une ressource qui permet aussi d’utiliser des tuiles pourvoyeuses de bonus.
Les gorilles génèrent plutôt de la rage afin d’épurer et renforcer son deck.
Les mandrills s’imposent en machines à points.
Quant aux chimpanzés, ils donnent la possibilité de copier d’autres cartouches dans le même tour.

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La stratégie se loge dans la construction rapide d’un deck efficace prodiguant des ressources nécessaires pour activer un maximum de cartouches tout en créant un moteur puissant.

Le hasard est omniprésent puisqu’il n’y a pas de rivière de cartes visibles dans laquelle choisir sa « précieuse ». La pioche dans les paquets permet de gérer les opportunités et de réagir bon an mal an, avec ce qui tombe sous la main. Mais ce qui rend ce jeu éminemment sympathique, c’est que la nouvelle recrue sera utilisable au tour suivant.

Le rythme du jeu est assez jouissif.
Le démarrage est paisible avec des tours de disette où l’on cherche à réunir force ressources, puis vient l’achat laborieux de la première carte. Puis, place au développement, fragile au début et ensuite crescendo. Quel plaisir de parcourir ses cartes en récupérant moult ressources, en biaisant l’adversaire par des échanges fructueux, en collectionnant assidument les points de victoire.

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Il faudra juste gérer au mieux cette montée en puissance par le cruel dilemme de se débarrasser de cartes pour réorienter sa stratégie (démarrer avec un moteur de ressources pour acquérir les cartes puis basculer vers les Mandrills générateurs de points par exemple).

Tout cela sans oublier de lever un peu la tête de son jeu et regarder ce que font les autres pour éviter de se laisser distancer sans espoir de rejoindre le peloton.

Et bien sûr, cela juste avant la phase de récupération de cartes où chacun.e va utiliser un jeton type de singe qu’il va engager et qui va lui permettre de gagner un bonus. Ce dernier peut être copié par les autres joueurs contre quelques ressources. Un petit plus à ne pas négliger et qui peut faire la différence.

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Alors soyons clairs, les amateurs de combats frontaux devront passer leur chemin. « After Us » est un jeu de course avec deck-building sans interactions directes, c’est ainsi défini.

Le décor et les règles étant posé.e.s, le jeu offre un joli coup d’adrénaline avec l’agencement des cartes et la course-poursuite sur le plateau.
On peut d’ailleurs booster le tempo en jouant la phase de résolution simultanément et en voyant les pions marqueurs se croiser à plusieurs reprises.

« After Us » propose d’excellentes sensations de jeux. Il a peut-être déçu certains joueurs.ses par son temps long de mise sur le marché. Plus vous attendez, plus vous surinvestissez le jeu pour ce qu’il a et ce qu’il ne propose pas.

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Il est dynamique, parfaitement réalisé et peut être joué avec des novices prompts à découvrir le deck-building. Il permet de développer une stratégie, qui se fera laborieusement sur les premières phases du jeu, mais c’est en se trompant que l’on apprend, sans avoir le stress qu’un.e autre joueur.euse vienne s’emparer de la ressource ou retirer la carte utile afin de la détruire.

Ce jeu permet de construire sa propre stratégie à son rythme et l’absence d’interactions directes n’est pas forcément un défaut. Certains joueurs.euses. n’éprouvent pas un plaisir sans borne à se faire rouler dessus par des jeux plus offensifs.

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Le plaisir ne réside pas forcément dans la souffrance n’en déplaise à certains. Les procès d’intention qui ont été faits sur la proposition ludique étaient souvent rudes et injustes.
Sans être le jeu de l’année, « After Us » offre de belles sensations de jeu, il ne viendrait à l’idée à personne de reprocher à « Skyjo » de ne pas être un jeu de lettres.
Acceptons les jeux avec l’entièreté de la proposition qui est faite.

« After Us » a des qualités indéniables qui sont malheureusement passées sous le radar parce que certain.es faiseurs.ses. de gloire l’ont jugé pour ce qu’il n’était pas. C’est dommage.


À lire sur la Yozone :
- l’entretien avec Florian Sirieix, auteur du jeu
- le carnet d’auteur de Florian Sirieix sur « After Us »


After Us
Thème : quand les singes reconquerront la Terre
Mécanique(s) : deckbuilding, course
Âge : 12 ans et plus
Nombre de joueurs : 1 à 6
Durée d’une partie : 45 minutes environ
Auteur(s) : Florian Sirieix
Illustrateur(s) : Vincent Dutrait
Éditeur : Catch Up Games
Date de sortie : 31 mars 2023


Illustrations © Vincent Dutrait & Catch Up Games


Michael Espinosa
Christelle Espinosa
3 novembre 2023



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