Michèle Laframboise s’empare à bras-le-corps du problème des textes générés par IA. Dans ce futur, la lecture n’a plus grande saveur, car tout est formaté et les ouvrages écrits par des humains sont noyés dans la masse, sans aucune visibilité. Une personne cherche justement la perle rare. “Lecture complice” ressemble à une chasse au trésor semée d’embûches, à une ode à la création humaine pétrie de sentiments. Un récit d’actualité qui fait réfléchir de belle manière.
Frédéric Parrot fait dans le condensé avec “De l’intérieur”, un paragraphe de 9 pages. L’hommage à Richard Matheson ramène à “Journal d’un monstre”. C’est très dense, aussi bien par l’écriture que le sujet. Il faut prendre son temps pour s’imprégner de l’ambiance et de son horreur. Mais c’est réussi !
Redcia est vouée à une vie de labeur sous la surveillance des Tharnes, une espèce alien. Elle diffère de ses congénères, s’adonne à la lecture et ne se voit pas enfanter à tout-va pour augmenter la future main-d’œuvre. Aussi doit-elle rendre régulièrement visite au vétérinaire, ce qui donne le ton sur la façon dont les humains sont vus. Un seul moyen de se tirer de ce mauvais pas : être tiré au sort pour gagner un ticket pour le paradis.
“Une place au paradis” d’Annie Tenaglio montre comment un groupe d’individus peut être exploité. Croire en un possible ailleurs heureux suffit à calmer la plupart des velléités de liberté. On peut y voir une métaphore de notre société, même si la fin s’en éloigne. Du moins on peut l’espérer... Un récit plaisant.
“L’indifférence et la raideur” de Claude Lalumière laisse une impression mitigée. Il y a un côté simpliste avec les raides guidés par leurs organes sexuels et les indifférents qui sont asexués. Et s’il n’y avait que des indifférents, que deviendrait la société ? C’est trop court pour être pleinement convaincant.
En emménageant dans leur nouvelle maison, Marc était loin d’imaginer que ce n’était pas n’importe quel lieu. Il le découvre un soir à l’occasion du passage d’un homme qui connaissait l’ancien propriétaire. “Cet endroit qu’ont doit protéger” n’est pas sans rappeler le roman « Au carrefour des étoiles » de Clifford D. Simak. Dave Côté se révèle inspiré avec cet ultime texte au sommaire.
Mario Tessier nous invite à découvrir “Montréal atomique”. Dans la course à l’atome, le Canada a joué un rôle d’importance que j’étais loin d’imaginer. Montréal était un vivier de scientifiques dédiés à l’atome. Plutôt que sa vision guerrière, c’est son utilisation civile qui s’est rapidement trouvée au centre des préoccupations. Bien sûr, le rédacteur rapproche aussi sa thématique de la science-fiction. Comme d’habitude, Mario Tessier nous emporte sans coup férir dans son article documenté, instructif et passionnant. “Les carnets du futuribles”, voilà une rubrique qui ne déçoit jamais.
Au rang des chroniques d’ouvrages se dégage bien sûr l’article très fourni de Claude Janelle consacré au roman « Le fil des kilomètres » de Christian Guay-Poliquin.
Un numéro consistant de « Solaris » qui atteint des sommets avec la nouvelle de Sébastien Chartrand et l’article de Mario Tessier. Et qu’on se rassure, le reste est tout aussi digne d’intérêt.
Titre : Solaris
Numéro : 226
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Érick Lefebvre
Illustrations intérieures : Laurine Spehner, Julie Ray, Marc Pageau, Adeline Lamarre, Sagana Squale, François Pierre Bernier et Suzanne Morel
Traduction : Pascal Raud (L’indifférence et la raideur)
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 226
Période : printemps 2023
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625903
Dimensions (en cm) : 13,3 x 20,9
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD
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