C’est quoi ce jeu ?
La gamme « Cartaventura » éditée chez BLAM !, série de jeux de cartes narratifs historiques, touchaient plutôt les amateurs d’histoires et de livre-dont-vous-êtes-le-héros-like de plus de 12 ans. Un tel potentiel ne pouvait pas ignorer les plus jeunes et la famille plus généralement.
C’est aujourd’hui chose faite avec l’apparition de la première boîte du nouveau label « Cartaventura Odyssée ». Les auteurs, Thomas Dupont à la mécanique et Ophélie Gibert au scénario, et illustratrices Jeanne Landart, Audrey Vellard et Julie Gruet, ainsi que l’éditeur, proposent un gameplay et une expérience de jeu identiques aux boîtes des plus grands, tout en en conservant l’esprit épique.
« Le trésor de Libertalia » vous propose de tourner les cartes pour suivre vos propres pas dans la piraterie, et d’y faire vos choix, à vos risques et périls.
Dans la boîte
Celle-ci est un peu plus grande que ses aînées. On y retrouve pourtant le même paquet de 70 cartes (un peu plus même), au même format, d’aussi bonne qualité et qui renferment toute l’aventure. Enfin presque…
La taille augmentée est déjà due à 3 nouvelles cartes qui proposent des emplacements où déposer la pioche, les cartes défaussées et surtout la zone des secrets. Une organisation qui aidera les plus jeunes à ne pas se mélanger dans les cartes étalées sur la table.
La boîte possède aussi un double fond, le coffre, qui dissimule… de nouvelles cartes !
Un mystère thématique qui permet d’augmenter le plaisir de l’aventure.
Comment on joue ?
Les règles de bases sont les mêmes que pour les autres « Cartaventura » : tout est écrit sur les cartes !
On lit donc la première carte qui vous guide dans les règles, vous explique le principe de pose, de défausse, les cartes Plan qui permettent de rajouter différentes cartes qui proposeront des choix variés, les cartes Objet qui vous aideront dans votre aventure, et enfin la présence de nouvelles cartes qui viendront s’ajouter ou se substituer à certaines du paquet initial.
Le principe reste de faire ses choix pour évoluer au cœur du scénario. S’ajoute ici une proposition très claire d’évolution du jeu au fil de l’aventure.
Les 5 fins différentes sont toujours d’actualité avec l’ajout d’un chapitrage de l’aventure qui permet d’avoir des parties d’une vingtaine de minutes. Un format temporel plaisant pour une famille, ou pour un enfant qui jouera seul ou avec quelques amis, et surtout une impression de type sériel très attirant et dynamique.
Enfin, ici pas de livret historique mais 10 cartes Savoir que le joueur devra dénicher au fil de ses pérégrinations.
On en pense quoi ?
Dès la pose des 3 grandes cartes de zone, le décor est planté grâce aux illustrations. Le ton BD/Manga s’accorde parfaitement avec la thématique des pirates. Et la qualité graphique est au rendez-vous jusqu’au bout. Pas de faute de goût.
On se prend vraiment pour ce jeune pirate en devenir, qui apprend la vie comme nous assimilons les règles, au fil des cartes. Tout est clair et limpide.
Ici, pas de temps mort. Dès la troisième carte, on plonge dans l’aventure. Dès la suivante, un plan et les choix se dessinent.
Et c’est bien le cœur du jeu : faire des choix et décider de sa destinée.
On aurait pu croire que la cible famille/enfant aurait poussé les auteurs à se brider quant aux choix cornéliens et qu’il aurait fallu édulcorer les décisions et surtout les conséquences, et bien non !
Sans pour autant rejoindre des dilemmes moraux parfois sombres présents dans les autres jeux de la gamme, les choix ici aussi appellent à de la réflexion et les conséquences peuvent être terribles. Pour les autres, mais aussi pour soi.
Nous jouons un pirate et les individus portant cache-œil et arborant fièrement une jambe de bois ne sont pas des tendres. Il faut se mettre dans la peau de ces pilleurs des mers avec toutes leurs ambiguïtés.
Attention, on ne parle pas de choses immorales, mais on se prend parfois à prendre un chemin que l’on croit juste et qui n’apporte que des problèmes… pour un pirate !
Les principes du découpage en 3 grands chapitres au début desquels notre personnage a grandi et changé, ainsi que de l’intégration de nouvelles cartes dénichées au fil de la partie et que l’on insèrera dans la prochaine, donnent un rythme soutenu à l’ensemble et une certaine rejouabilité.
Certains embranchements deviennent inaccessibles si on emprunte l’un ou l’autre des chemins, et l’on se prend à vouloir rejouer pour essayer autre chose. Sans parler de la quête aux cartes Savoir, qui se révèlent être des pépites glanées au fil de l’eau.
Tous ces nouveaux éléments qui s’appuient pourtant sur une base commune à toute la gamme construisent un jeu vraiment passionnant pour les amateurs d’histoires.
Il peut aussi permettre d’amener des lecteurs plus occasionnels à se prendre au jeu justement, et de peut-être oser aller plus loin, engager un voyage au pays des histoires, via d’autres jeux ou encore des livres.
Il est également à noter que la fabrication est française dans le souci de réduire au maximum tout impact écologique. Fait étant bien trop rare dans le monde du jeu, il est important de le rappeler. Les graphismes sont magnifiques et réalisés par des personnes très talentueuses faites de chair et d’os. Pas d’IA. C’était aussi à noter.
Nous étions déjà fans de la gamme « Cartaventura ». Le format familial d’« Odyssée » complète ce label de qualité avec une immense accessibilité qui fournira un véritable plaisir de jeu.
Une nouvelle réussite !
À lire sur la Yozone :
l’entretien avec Thomas Dupont, auteur du jeu
Cartaventura Odyssée : le trésor de Libertalia
Thème : vis ma vie de pirate et fais les bons choix pour mettre la main sur le trésor de Libertalia !
Mécanique(s) : narratif avec cartes
Âge : 6 ans et plus (avec les parents sinon disons plutôt 9/10 ans seul.e.s)
Nombre de joueurs : 1 à 6 (mais plutôt 2 ou 3 max)
Durée d’une partie : 20 minutes environ par chapitre/aventure
Auteur(s) : Thomas Dupont & Ophélie Gibert
Illustrateur(s) : Jeanne Landart & Audrey Vellard & Julie Gruet
Éditeur : BLAM !
Date de sortie : 22 novembre 2022
Illustrations © Jeanne Landart & Audrey Vellard & Julie Gruet & BLAM !