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Corsaire de l’espace
Poul Anderson
Le Bélial’, Pulps, roman traduit de l’anglais (États-Unis), space-opera, 298 pages, avril 2023, 20,90€

Nouvelle-Europe est une petite colonie française sur une planète très éloignée de la Terre et dans la sphère d’influence des extraterrestres Alérioniens. Quand ces derniers s’emparent de la planète après avoir, soit-disant par erreur, tué toute la population, des pourparlers s’engagent entre les Alérioniens et la Fédération mondiale. Celle-ci a peur d’un conflit long, coûteux en vies et que la Terre soit frappée, alors elle est prête à négocier contre des réparations échelonnées dans le temps.
Pourtant un barde arrivé sur Terre essaie de convaincre les autorités que le massacre n’est qu’un subterfuge. Seule la France écoute son discours, mais elle a les mains liées et ne peut agir directement. Aussi lorsque Gunnar Heim, un riche homme d’affaires et ancien commandant de marine spatiale, décide d’intervenir dans ce conflit, il ne trouve comme allié que la France envers et contre tous les autres. Il lui reste à devenir Corsaire de l’espace.



À l’origine, il s’agit de trois novellas parues en 1965 et traduites dans la revue « Fiction », avant que Poul Andreson ne les réunisse en révisant légèrement le texte (ajout d’un chapitre, rappels entre novellas retirés...) sous le titre « The Star Fox », version à laquelle nous avons droit. En avant-propos, Pierre-Paul Durastanti parle de cette genèse et dans le forum lié à ce titre, Jean-Daniel Brèque l’explique aussi très bien. D’ailleurs il signe une postface pertinente sur une bizarrerie du livre que tout lecteur aura vite remarquée. En général, les livres de SF outre-Atlantique sont très américano centrés, alors que là c’est la France qui est partie prenante : colonie française, seule nation à élever la voix contre l’envahisseur... Cet aspect est le fruit de l’amitié entre Poul Anderson et François Bordes, alias Francis Carsac. L’histoire est vraiment intéressante à découvrir et éclaire les différentes allusions rencontrées au fil du texte.

« Corsaire de l’espace » se découpe en trois parties : “Corsaire de l’espace” où Gunnar Heim rencontre le barde Endre Vadasz et prend fait et cause pour Nouvelle-Europe dont les colons français sont abandonnés par la Fédération mondiale. “Arsenal” où il arme son vaisseau corsaire et essuie une nouvelle tentative visant à faire échouer son projet, car il risque de déclencher la guerre entre la Terre et Alérion. “Amirauté” ou la confrontation entre Gunnar Heim et les forces d’Alérion autour de Nouvelle-Europe.
Nous sommes dans un space opera datant des années 1960, alors forcément il a vieilli, mais plutôt bien. D’abord la politique s’y mêle et quand Gunnar Heim comprend que les décideurs resteront toujours sur le statu quo, il décide d’agir. Tout va alors très vite et semble plutôt facile comme la manière dont le vaisseau quitte le système solaire, puis est équipé pour mener des combats spatiaux. Nous avons alors droit à un moment de bravoure quand Heim et d’autres se démènent pour traverser de grandes étendues inhospitalières. Quant à la fin, le combat semble gagné d’avance et les forces d’Alérion apparaissent bien faibles face à un seul vaisseau. L’audace n’explique pas tout... Des facilités donc mais qui n’entachent pas l’ensemble qui se lit bien.
Là où le livre accuse aussi son âge, c’est sur la condition des femmes. Elles sont rares et il s’agit essentiellement d’anciennes relations de Gunnar Heim qui se lance dans cette expédition sous un prétexte assez léger. Il se montre fort sous de nombreux aspects et faibles sur d’autres, jouant notamment les preux chevaliers envers l’adversaire ou une connaissance. Poul Anderson en a fait un colosse d’origine scandinave lancé dans un projet fou et lui a mis dans les pattes un barde capable de chanter plus tard ses louanges.
Écrit en pleine guerre froide avec un fragile équilibre reposant sur l’arsenal nucléaire des deux blocs, on peut imaginer ici une transposition de la situation. Poul Anderson ne voit pas de solution durable dans le statu quo. Pour autant croyait-il en cette guérilla comme possible issue ?

La collection Pulps s’enrichit d’un nouveau titre bien dans sa philosophie : “... un espace voué à l’Aventure... un état d’esprit. Ce qui préside ici, c’est la science-fiction sur grand écran. Il s’agit de distraire sans se prendre au sérieux. Le sentiment est à l’émerveillement. J’ai vu tant de choses...” Rien ne semble ici impossible, place à l’aventure guidée par les sentiments personnels sans réelles considérations pour les risques encourus. On y va, hardi les cœurs, advienne que pourra ! Et ça fonctionne !


Titre : Corsaire de l’espace (The Star Fox, 1965)
Auteur : Poul Anderson
Couverture : Pascal Blanché
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Pierre Billon
Traduction révisée par : Pierre-Paul Durastanti et Olivier Girard
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Pulps
Directeur de collection : Pierre-Paul Durastanti
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 298
Format (en cm) : 13 x 19,9
Dépôt légal : avril 2023
ISBN : 9782381630823
Prix : 20,90 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
3 mai 2023


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