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Noël 2022 à plus de dix euros
Matt Suddain, Mark Z. Danielewski, Warren Ellis
Des idées pour Noël

Une fois de plus, nous proposons une brève sélection de Noël pour ceux qui sont encore suffisamment fortunés pour donner plus de dix euros à leur dealer préféré. Une fois de plus, nous ne nous focalisons pas sur ce qui vient d’arriver sur les tables des libraires et faisons des propositions pouvant sortir du cadre convenu des sorties récentes. Où l’on verra que quantité et qualité ne sont pas forcément antithétiques, et que la littérature, pour qui peut encore craquer deux ou trois billets de dix, reste un cadeau d’un rapport qualité/prix exceptionnel.



Un cadeau pour gastronomes et esthètes : Chasseurs et collectionneurs de Matt Suddain

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En période de Noël, impossible de ne pas aller lorgner du côté de la gastronomie. Voici le type d’établissement que l’on peut trouver dans ce « Chasseurs et collectionneurs » : “ L’Héliogobalus, un suicide hédoniste : fœtus de lièvre en saumure ; escargots nourris au lait ; cervelles d’oiseaux marins ; oiseaux chanteurs aveuglés puis noyés dans du Porto, mangés entiers ; loirs élevés en bocaux de céramique et gavés jusqu’à devenir des boules de beurre, tués sans même voir la lumière du jour, trempés dans le pavot, servis sur des plumes. Café. C’est ainsi que mangent les morts quand ils se fatiguent de la vie.” Des trouvailles, gastronomiques ou d’autres domaines, on en trouve plus d’une dans ce roman. Une moisson de plats originaux et de citations étranges, pertinentes, horrifiques, élégantes, un volume généreux de plus de cinq cents pages. Une fantaisie surréaliste qui fait de Matt Suddain le digne héritier de Raphaël Aloysius Lafferty, des passages terrifiants quelque part entre Jeff VanderMeer et Howard Philips Lovecraft, des aventures à la Jack Vance, des glissements du réel et des délires mentaux comme chez Philip K. Dick, et d’autres choses encore. C’est dense, baroque, profus, désordonné, c’est conçu pour des lecteurs obstinés, exigeants, il faut s’accrocher pour ne pas se perdre, pour aller au bout, mais le voyage en vaut la peine. Un cadeau d’autant plus original que les auteurs néo-zélandais ne sont pas souvent représentés dans la littérature de genre.

Titre : Chasseurs et collectionneurs (Hunters and Collectors, 2016)
Auteur : Matt Suddain
Traduction de l’anglais (Nouvelle-Zélande) : Sara Doke
Éditeur : Au Diable Vauvert
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 512
Format (en cm) : 12,9 x 19,8 cm
Dépôt légal : 2019
Prix : 25 €

Un cadeau pour amateurs de vertiges topographiques et typographiques : La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski

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C’est incontestablement l’un des ouvrages d’imaginaire les plus marquants de ce début de millénaire. Publié en grand format par les éditions Denoël en 2002, repris au format de poche chez Points en 2015, le revoici à taille respectable – un format plus adapté au vertige typo-topographique d’une œuvre singulière. Les éditions Monsieur Toussaint Louverture, comme à leur habitude, n’ont pas ménagé leurs efforts : taille 17 x 23, 5, soit proche de celle de l’édition Denoël, « remasterisation » en couleurs, rabats, illustrations sur le dos.
Voici ce que dit la quatrième de couverture : « En rentrant chez elle un soir, la famille Navidson découvre qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison. L’explication la plus étrange devient rapidement la plus évidente : leur foyer est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. Lorsqu’une nouvelle porte apparaît dans le salon et donne sur un couloir obscur, Will Navidson, photoreporter de renom et aventurier intrépide, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs afin d’étudier ce passage sans fin où l’obscurité semble vouloir déchirer les rêves et dévorer la raison. Entre récit fantastique, énigme littéraire et mise en abyme, ce roman captivant se confie comme un trésor de générations en générations. »
Un roman bluffant, infini, vertigineux, qui n’aura pas manqué de marquer les lecteurs qui sont arrivés au bout… ou ceux qui se sont à jamais perdus dans ses méandres. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, un cadeau incontestablement marquant.

Titre : La Maison des feuilles (House of Leaves, 2000)
Auteur : Mark Z. Danielewski
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Christophe Claro
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 720
Format (en cm) : 17 x 23, 5
Dépôt légal : 2022
Prix : 29,50 €

Un cadeau pour les amateurs d’Objets Littéraires Non Identifiés (OLNI) : Le Chewing-gum de Nina Simone, de Warren Ellis

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On ne confondra pas ce Warren Ellis-ci (australien, musicien, compositeur pour de nombreux films hollywoodiens) avec un autre Warren Ellis, fameux auteur de comics. Mais ce Warren Ellis-ci n’est pas moins original et pas moins inventif que le second. Pour faire bref : en 1999, Warren Ellis assiste à un des derniers concerts de Nina Simone, un concert mythique où une vieille femme malade, fatiguée, renaît comme le phénix, se métamorphose en déesse, en bête de scène, laisse dans l’esprit de ceux qui ont assisté à sa transformation un sentiment éperdu. À la fin du concert, Ellis bondit sur la scène et récupère le chewing-gum que Nina Simone a collé sur le piano juste avant de commencer à chanter. Vingt ans après naît un projet fou autour de ce chewing-gum religieusement conservé – l’exposer comme ce qu’il est, c’est-à-dire une relique – puis un second : écrire un livre autour de la métamorphose, non pas de l’artiste, mais de cet objet, témoin et représentant d’un élan, d’un moment miraculeux. Et c’est bel et bien un miracle, car cela fonctionne. On serait tenté de dire, avec un brin de facilité, que le lecteur est comme le chewing-gum : il adhère. Plus sérieusement, le projet est fou, le livre est étrange, mais il déborde à tel point d’émotion, il capte à tel point les incarnations, les transsubstantiations dans les petites choses en apparence insignifiantes, la magie de la mémoire matérialisée dans mille petits riens plus-que-proustiens qu’il atteint cent fois son but. La Yozone fera prochainement une chronique plus détaillée de cet essai qui mérite de faire parler de lui. Un projet extravagant, un cadeau fortement original pour ce volume qui lorgne vers le beau-livre avec sa centaine d’illustrations, sa solide reliure et son poids considérable. Un ouvrage comme bien peu en ont dans leur bibliothèque – et comme on n’en retrouvera sans doute pas de sitôt.

Titre : Le chewing-gum de Nina Simone (Nina Simone’s Gum, 2021)
Auteur : Warren Ellis
Collection : Quai Voltaire
Traduction de l’anglais (États-Unis), l’anglais (Grande-Bretagne) : Nathalie Perrony
Maquette et Couverture : Stuart Bertolloti-Bailey / Faber
Éditeur : La Table Ronde
Site Internet : page volume (site éditeur)
Pages :215
Format (en cm) : 16,5 x 21
Dépôt légal : octobre 2022
ISBN : 9791037110671
Prix : 28,50 €


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Hilaire Alrune
15 décembre 2022


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