Cet épais trimestriel a de la gueule, des idées et multiplie les expériences graphiques, nouvelles et anciennes. Après un premier numéro (Le Futur c’est déjà demain) un poil trop « intello », qui semblait fuser dans tous les sens pour marquer la revue de l’estampille SF mais ne convainquait pas, c’est le numéro 2 (1984 Le Nouveau Visage de l’imaginaire), le premier à s’intéresser aux contenus historiques de la revue qui a lancé le renouveau de ce titre mythique.

Le numéro 5 s’intéresse à la thématique du Métavers : Les émotions synthétiques. Après le n°3 qui proposait des Vacances sur Mars, voici une nouvelle compilation d’articles et de BD en formats courts qui devrait faire causer dans les cours de récré virtuelles. Pour ce numéro, la rédaction rappelle que la science-fiction a depuis longtemps envisagé la possibilité d’une super intelligence qui dépasserait toutes les formes d’intelligences humaines combinées. Des hommes comme John Underkoffler (conseiller scientifique sur Minority Report, interviewé dans ce numéro) ont travaillé à l’avant-garde de l’informatique, brouillant les frontières entre le physique et le numérique, en construisant notamment le premier prototype fonctionnel d’un monde virtuel partagé que Neal Stephenson nomme le « métavers ».
D’où ce thème générique, Métavers : les émotions synthétiques, que les artistes sont invités à envahir de tous les atomes créatifs de leurs corps. Cette réalité augmentée va-t-elle diminuer leur capacité à créer, sommes-nous arrivés au bout de l’imaginaire ? Certainement pas et ce numéro le prouve.
« Artistes, le métavers est à vous. Prenez-le d’assaut s’il le faut et donnez-lui un sens – le vôtre – et qu’il serve à autre chose qu’à brasser du vide. »

À la suite de Bilal qui signe la couverture, ils sont trente à concocter de courts récits qui interrogent sur l’amour, la mort, la vie face au numérique et chercherons à savoir si nous vivons dans une une simulation informatique ou si notre réalité est bien LA réalité ??? Encadrés d’interviews, d’articles et de billets scientifiques sur cette science du virtuel, ces BD feront moins les malignes et devront se faire un brin intelligentes, surprenantes, en tout cas dignes de l’esprit Métal Hurlant !
Pour l’instant, l’affaire est habilement menée et a débouche au mois de février sur un numéro 6 titré Métamorphoses métalliques, qui aligne les pointures (Jacques Tardi°, Philippe Druillet, Frank Margerin, Jean-Pierre Dionnet (Scénario), Caza, Moebius, Rodolphe, Luc Schuiten, Francois Schuiten, Marc Caro, Chantal Montellier, Tripp, Jean-Claude Gal, Nicole Claveloux, Beb Deum, Paul Gillon, Serge Clerc, Philippe Manœuvre, Nikita Mandryka, Denis Sire ou encore Jean-Michel Nicollet et Dominique Hé. Un casting de rêve qui nous tend une passerelle vers les années 70/80 qui démultiplie les souvenirs intenses, forts, marqués dans la mémoire et sonnent toujours juste à notre époque.

Des scénaristes et dessinateurs inspirés, relayés pour les textes par Claude Ecken et Christophe Quillien qui offrent des éclairages fort intéressants sur les fonctionnements au sein d’un magazine arrivé dans les kiosques tel un OVNI.
On poursuivra avec grande envie la découverte de Métal Hurlant sous ce double angle absolument inspirant. Il y a toujours largement de quoi se régaler et si les retrouvailles font du bien aux vieux fans de science-fiction, la jeune génération ira de surprise en surprise, en sautant avidement par les multiples portails ouverts sur l’Imaginaire par une revue devenant intemporelle.
Métal Hurlant n° 5 - Métavers : les émotions synthétiques
272 pages couleurs - 19,95 €
Métal Hurlant n° 6 - Métamorphoses métalliques
272 pages couleurs - 19,95 €
Métal Hurlant sur le site des éditions Les Humanoïdes Associés
À lire sur la Yozone :
Bilal et Métal Hurlant n°5 - Métavers : les émotions synthétiques
Métal⚡️Hurlant #3 : Vacances sur Mars
Méetal Hurlant de retour en 2021
Le Retour de Metal Hurlant