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Doggerland, tome 2 : La part de l’ange
Maria Adolfsson
J’Ai Lu, Policier, roman traduit du suédois, policier, 448 pages, novembre 2022, 8,80€

Encore en congé maladie, l’inspectrice Karen Eiken Hornby est appelée par son chef. Une épidémie de grippe fait des ravages dans le service et lui-même doit partir en vacances sur une plage grecque. Même si cela lui en coûte, Karen représente son dernier espoir de ne pas devoir les déprogrammer.
Désireuse d’éviter les fêtes de fin d’année et ses proches envahissants, elle accepte de suite et se rend sur l’île de Noorö. Un cadavre y a été trouvé au fond d’un ancien bassin minier et certains indices laissent présager que le vieil homme n’est pas tombé tout seul.



Sur la carte en début d’ouvrage vous verrez que le Doggerland est un groupement de trois îles se situant entre le Royaume-Uni et le Danemark. Maria Adolfsson décrit l’île la plus au nord à force détails tout au long du récit, on s’y croirait. Pourtant le Doggerland n’existe pas, du moins c’est « le nom donné par les géologues à l’étendue émergée au début de l’holocène, qui se situait jadis dans la moitié sud de l’actuelle mer du Nord, reliant la Grande-Bretagne au reste de l’Europe durant les glaciations quaternaires » (source Wikipédia).
L’auteure lui donne littéralement vie, sort le Doggerland des eaux pour en faire le théâtre de sa série policière mettant en scène Karen Eiken Hornby qui s’accommode des lois. Dans le premier tome « Faux pas », elle s’est réveillée dans le même lit que son chef après une soirée arrosée, avant de mener l’enquête sur la mort de l’ex-femme du même homme à qui elle ne servira pas d’alibi. Elle est sérieusement blessée à la fin de l’enquête et encore en train de se remettre au début de « La part de l’ange ».
Karen est une femme meurtrie par la vie, toujours hantée par l’accident de la route qui a tué son mari et leur enfant unique. Elle est revenue au Doggerland sa patrie et elle a justement grandi dans l’île la plus au nord, Noorö, où elle a encore une partie de sa famille. Elle apprécie la solitude, mais a accueilli un SDF dans le précédent tome, une ancienne célébrité locale. Elle est tiraillée entre l’envie et la peur d’être seule. La vie est une épreuve qu’elle affronte à sa manière. Elle peut être revêche au boulot, mais une amie sur qui on peut compter comme les lecteurs vont le découvrir dans ce tome.
Sur place, elle doit composer avec les forces de l’ordre locales peu habituées à ce qu’un meurtre y soit commis. Pourquoi ce vieil homme, un ancien universitaire, a-t-il été tué ? Son entourage est interrogé, dont son fils Gabriel travaillant à la distillerie de whisky Groths. Rapidement cette dernière est reliée à l’affaire et les soupçons sont renforcés quand Gabriel est égorgé la veille du Nouvel An passée à la distillerie.
Les conditions sur place deviennent vite difficiles avec une tempête de neige qui ponctuera le terme de l’enquête. Son instinct de flic permet à Karen de trouver le coupable, mais pas d’éviter les ennuis. Comme souvent dans les polars scandinaves, le passé n’est jamais loin. Des choses se savent mais restent cachées à l’abri des maisons. Même sa tante ne dit pas à Karen tout ce qu’elle sait. Il faut dire qu’un cousin appartient au gang de motards, les OP, les One Percent de sinistre réputation. La famille pourrait-elle être mêlée à l’affaire ? Karen cache délibérément certains indices pour que le lien avec son cousin n’apparaisse pas. Parfois elle préfère ignorer ce que lui dicte son devoir, ses intérêts personnels primant sur le reste. C’est pour ça que l’on aime ce personnage non stéréotypé, fragile et fort à la fois, généreux et bougon.
Maria Adolfsson surprend à plus d’une reprise par les axes qu’elle emprunte : le développement autour du whisky (le titre est une référence à la part d’alcool qui s’évapore des fûts de whisky), l’évocation des 1% sur cette île somme toute perdue, mais aussi la cause des femmes battues très bien amenée ici. Les pages défilent, car le lecteur est pris entre la vie de Karen et l’affaire.

En deux tomes, Maria Adolfsson inscrit sans coup férir le Doggerland sur les cartes du polar. Avec l’attachante Karen qui affiche plus d’un visage et des enquêtes bien ficelées, elle développe une série policière prenante dans la droite lignée scandinave.
Pour l’instant, aucun autre tome n’est annoncé en français. Croisons les doigts pour retrouver un jour cette fascinante contrée du Doggerland.


Titre : La part de l’ange (Stormvarning, 2019)
Série : Doggerland, tome 2
Auteur : Maria Adolfsson
Traduction du suédois : Marina Heide
Couverture : Création Studio J’Ai Lu d’après © Roine Magnusson/Getty Images
Éditeur : J’Ai Lu (1ère édition française : Denoël, 2021)
Collection : Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 448
Format (en cm) : 17,8 x 11
Dépôt légal : novembre 2022
ISBN : 9782290206195
Prix : 8,80 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
25 novembre 2022


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