« Unity » est le premier roman de l’Américaine Elly Bangs qui aura mis 18 ans à l’écrire, ce qui se ressent parfois à travers certaines ruptures dans le récit. L’héroïne Danaë s’avère un être complexe, il y a Danaë mais aussi tous les autres, ceux dont elle partage les souvenirs, rien de moins que leurs expériences, leur existence. Le comment n’est expliqué que fort tard dans le récit. De plus, Elly Bangs raconte l’histoire selon plusieurs points de vue, celui de Danaë, d’Alexeï, d’un mystérieux Emprunteur et du Moi. Qui sont donc ces derniers ? Chaque intervenant s’exprime à la première personne, ce qui est assez troublant, car tous ne sont pas de prime abord identifiables, même si la nature de Danaë, unique et multiple à la fois, ainsi que le titre, permettent de comprendre qui est ce Moi.
Le contexte général n’est guère réjouissant. Contre toute attente, l’humanité existe toujours, elle a survécu à la guerre atomique et à d’autres joyeusetés du genre, ce qui n’a pas empêché la poursuite de l’escalade du pouvoir de destruction. La géopolitique n’est qu’esquissée dans les grandes lignes, ce qui rend la situation planétaire assez confuse. Danaë a fui le clan des Méduses siégeant à Bloom City et qui semble une des grandes forces, sans que ce soit forcément convainquant. Qu’importe, Elly Bangs ne s’est pas concentrée sur cet aspect, mais sur Danaë qui attire toutes les convoitises, celles des Méduses suite à un scan de sa tête, du mystérieux Emprunteur, mais aussi des Teneurs qui l’ont poussée à se cacher à Bloom City. Les motivations diffèrent, mais le résultat ne change pas, Danaë doit fuir, aidée en cela par Naoto et Alexeï, lui aussi personnage torturé qui a connu une expérience mystique l’ayant à jamais changé.
Pourquoi Redhill ? Qu’est-ce que Danaë espère y trouver ? Les obstacles ne manquent pas pour s’y rendre. Et le tout alors que l’arme ultime a été lancée, le Gris ne laissant rien après son passage. Quel camp se dégonflera en premier ? Lançant l’ordre d’autodestruction avant qu’il ne reste plus rien ?
Au fur et à mesure, Elly Bangs développe les personnages, apportant à chaque fois une meilleure compréhension de la situation. L’interrogation autour de Danaë et ce qu’elle représente est développée à travers une véritable réflexion sur l’individu, sur la façon dont il évolue suivant son environnement. Elly Bangs exploite très bien cette thématique, expliquant comment tout a commencé et surtout pourquoi. Au fil des pages, « Unity » monte en gamme, devient toujours plus intéressant, dévoilant alors son vrai potentiel. Et l’action n’est pas en reste, l’intrigue s’y prête parfaitement.
Elly Bangs nous offre là un roman ambitieux avec une vraie réflexion sur l’avenir mais surtout sur l’individu, ce qui le caractérise et son évolution. Danaë est unique et multiple à la fois, mais aussi profondément humaine, nous le prouvant tout du long. Suivant les stimuli, une même personne peut emprunter des chemins différents pour ne plus se reconnaître des années plus tard.
« Unity », de la science-fiction intelligente qui fait du bien et donne matière à réflexion.
Titre : Unity
Auteur : Elly Bangs
Illustration de couverture : Aurélien Police
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Gilles Goullet
Éditeur : Albin Michel
Collection : Albin Michel Imaginaire
Directeur de collection : Gilles Dumay
Sites Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 366
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : octobre 2022
ISBN : 9782226473196
Prix : 21,90 €
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