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Galaxies n°78 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°78, SF - nouvelles - articles - critiques, juillet 2022, 192 pages, 11€

Dans cette nouvelle livraison de « Galaxies », rien de moins que deux dossiers, mais aussi la nouvelle lauréate du Prix Alain Le Bussy 2022. Il s’agit de “Mnémos et le contrat de légende” de Régis Catinaud. En préambule, une membre du jury présente le texte, le ton est donné, il va falloir s’accrocher pour comprendre quelque chose. Le texte est effectivement à cette image, il repose sur la perception du temps, de la mortalité et de la mémoire, un mix à forte teneur philosophique qui plaira ou non. J’avoue n’avoir guère été emballé : trop elliptique, assemblage disparate de trop d’éléments, solution de facilité et non satisfaisante...
Il est à noter que 177 textes étaient en lice, bien moins que l’an passé avec 322, il est vrai dans une année dominée par les confinements et la pandémie, propices à l’écriture, semble-t-il.



Suivent deux nouvelles traduites et traitant toutes deux du traitement des déchets. Natalka Roshak le fait avec humour. “La recette du bonheur” n’est autre que la recette de vinaigrette que des extraterrestres ont laissée à l’humanité. Un couple va en découvrir par hasard les étonnantes propriétés qui vont changer les habitudes alimentaires des gens mais aussi briser leur relation. C’est original, bien mené.
“Gros-Tas Garbo” de Steven Paulsen date de 1992. Trente années plus tard, était-ce la peine de traduire ce texte insipide ? Frank Foster traite la machine dont il est responsable de Gros Tas, mais il n’est guère plus respectueux envers les femmes, se transformant en voyeur et faisant partager ses goûts à la machine, ce qui ne va pas sans créer des bugs dans sa phase d’apprentissage. Une nouvelle datée qui n’est même pas amusante.
Après le haut du panier, nous avons droit au fond...

Premier dossier sur ’“Les invasion génétiques dans la science-fiction” avec un article de... Jean-Pierre Laigle qui nous a quittés voilà deux ans. Il semblerait que certains de ses travaux soient encore en attente de publication, ce à quoi Martine Blond tente de remédier, permettant ainsi au public d’y avoir accès, ce qui est une excellente idée. À force exemples d’œuvres, il traite de l’invasion extraterrestre par le remplacement de l’humanité.
La nouvelle “Ailleurs vient d’ici” de Micky Papoz l’illustre très bien. Même si elle est récente, elle dégage un parfum old school qui lui va bien avec une soucoupe atterrissant près d’un village. Un couple cherchant à ouvrir des chambres d’hôtes accueille de drôles d’individus, travailleurs mais ne mangeant jamais sur place. Des moutons égorgés, des familles massacrées rappellent la bête du Gévaudan. Que se passe-t-il ? Le lecteur se fait vite son idée, mais le récit fonctionne bien et accompagne parfaitement l’article.

Second dossier orchestré par Ludivine Picot sur la “Régénération cellulaire”. Elle l’introduit à travers des exemples parfaits de régénérations : les super-héros, en abordant les différents aspects qui se rattachent au thème. Puis elle interviewe le YouTubeur Renaud Jesionek. À un moment, on se croirait en plein cosmisme, même s’il n’est pas nommé. Des lectures liées au sujet sont indiquées par la suite, aussi bien en littérature (« Diaspora » d’Egan date de 1997 et non de 2017) qu’en BD.
Les deux nouvelles l’accompagnant n’apportent rien à l’ensemble, car elles n’effleurent que le sujet.
Dans “Les androïdes rêvent-ils d’étoiles de mer numériques ?”, Alexandre Gachet met en scène un personnage plutôt antipathique, son handicap ne rattrape pas le mépris qu’il affiche envers les autres, notamment son robot de compagnie. Il espère bénéficier d’un traitement régénérateur qui lui redonnerait l’usage de ses jambes. Le texte dérive vers le cyberpunk sous un motif bien vu, mais il est difficile d’adhérer aux divers développements, la psychologie du personnage y est pour beaucoup.
Ludivine Picot se raccroche au thème dans les deux dernières phrases après un récit qui ne déparerait pas la littérature générale. Il s’achève même sur une maladresse en parlant de calcul plutôt que de comptage. L’ensemble est poignant à travers la maltraitance au sein d’un couple, mais la conclusion de “Sang-froid” est trop tirée par les cheveux et le récit bien trop éloigné de la science-fiction.

Une fois de plus, “Musique et SF” et Jean-Guillaume Lanuque parfont notre connaissance en la matière avec “Eloy : Planets / Time to Turn, ou la science-fiction écologique”. Impossible de ne pas fureter sur le net après lecture pour se faire son idée sur cette formation allemande fondée en 1969, d’autant que les couvertures se rattachent vraiment à notre genre de prédilection.
Dans “Croisière au long du Fleuve”, Didier Reboussin revient sur le controversé B.R. Bruss, de son vrai nom René Bonnefoy qui fut secrétaire d’état à l’information sous Vichy, notamment responsable de la censure, et condamné à mort par contumace en 1946, année où parut son premier roman de SF, « Et la planète sauta... ». Un article très instructif.
Cette livraison s’achève sur une cinquantaine de pages de chroniques de livres, bandes dessinées et films liés au genre.

Un « Galaxies » qui fait la part belle aux dossiers et articles divers, mais aux nouvelles d’un niveau trop disparate.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 78 (120 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : non créditée
Traducteur : Pierre-Alexandre Sicart pour “La recette du bonheur” (The Zest for Life), fredgev pour “Gros-Tas Garbo”
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : juillet 2022
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251606
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21
Pages : 192
Prix : 11 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
18 octobre 2022


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