Malgré les dénigrements incessants de son père, Deeny s’est achetée un téléphone cellulaire pour se faire remarquer au lycée et accessoirement faire croire qu’elle a un petit copain. Alors qu’elle appelle chez elle, une voix inconnue répond, comme si ses désirs devenaient réalité. La situation lui échappe, ses deux seules amies croient dur comme fer qu’elle fréquente un homme plus âgé, la rumeur enfle...
“Un amoureux imaginaire” d’Orson Scott Card est vraiment bien écrit avec des formules qui font mouche comme la présentation du père (papaillasson), l’histoire est intrigante et l’explication satisfaisante, même si elle n’est pas dénuée d’une certaine mystique et de moralité. Une nouvelle de toute beauté à l’actif d’un auteur qui fascine aussi bien qu’il agace par moments. C’est le propre des grands : ne pas laisser indifférent.
Déjà au sommaire du « Bifrost » de ce trimestre, Ketty Steward suit l’adoption éclair d’un bébé haïtien de 8 mois. Dès la première ligne, la mère adoptante ressent un certain malaise et elle n’arrive pas à accepter ce bonheur, au contraire de son compagnon qui prend son nouveau rôle à cœur. “Comme un parfum d’encens” relève du fantastique, décline sans faillir cet arrachement du petit à sa terre d’origine, peut-être à sa mère. Un bon texte de plus.
La partie Fictions s’achève avec la seconde et dernière partie attendue de “Taches” de Claude Bolduc. Le début dans « Solaris 222 » présentait le personnage principal, un photographe qui a trouvé un vieil appareil numérique aux étranges propriétés. C’était faussement prometteur, car le dernier morceau se contente de raconter la déchéance du photographe qui reste chez lui, ayant peur de tout. Ça traîne en longueur et ce n’est pas l’épilogue apportant un semblant d’explication qui rattrape le sentiment de déception qui se dégage au final de cette novella.
Comme le montre Mario Tessier dans “Les carnets du Futurible”, “Les cités miniatures ou le monde comme œuvre d’art” n’ont pas beaucoup inspiré le milieu de l’imaginaire, alors que le thème fascine les visiteurs des parcs dédiés qui sont nombreux à travers le monde. Un papier prenant comme à l’accoutumée.
Les trois premières nouvelles de ce « Solaris » sont un plaisir à lire, chacune apporte son lot d’enseignements. Une belle bouffée d’imaginaire !
Titre : Solaris
Numéro : 223
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Sagana Squale
Traductions : Pierre-Alexandre Sicard (Un amoureux imaginaire)
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 223
Période : été 2022
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625811
Dimensions (en cm) : 13,2 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD
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