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Kristof Mishel : L’interview des Damnés du Grand Large
Une interview exclusive de Kristof Mishel
10 août 2022

Deux ans après un premier roman, Kristof Mishel signe un premier scénario de bande dessinée aux éditions Drakoo. Un one-shot mis en images par la dessinatrice italienne Beatrice Penco Sechi. Un conte gothique dans lequel un jeune mousse apparemment sans défense accomplit une terrible vengeance. Son arme, l’imagination des hommes qu’il veut atteindre dont il se sert pour les pousser à la folie et à la mort.



Bonjour Kristof.
Pour commencer pourrais-tu en quelques mots te présenter à nos lecteurs ?

Pas facile de parler de soi. Je dirais esprit libre et solitaire habité par un imaginaire débordant. Sauvé par l’écriture. Voyageur infatigable, curieux insatiable.

Après “À la recherche de Mary Easterway”, un roman sorti en 2020, tu signes, avec “Les Damnés du Grand Large”, un premier scénario de bande dessinée. Comment est né ce projet ?

« Les damnés du grand large » est un scénario que j’ai écrit avant « Mary Easterway ». C’est une histoire qui est venue très vite à moi avec sa logique et sa folie. Je ne l’avais pas anticipée et elle a jailli. Les mystères du subconscient qui d’un seul coup lâche les vannes.

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Au-delà de son faux-air de BD de pirates, “Les Damnés du Grand Large” se révèle comme une histoire de vengeance qui met en scène des thématiques fortes, comme la crédulité, la perte de la raison et l’accès à la connaissance. Peux-tu nous expliquer comment ce récit, qui fait étrangement écho à notre époque troublée par les fake-news et les théories du complot, à germé dans ton esprit ?

Je rends hommage à ton esprit d’analyse. Si l’histoire fait écho à notre époque, c’est probablement parce qu’elle est intemporelle. L’homme obéit aux mêmes mécanismes depuis la nuit des temps. Les rumeurs ont toujours entrainé les foules et les théories ou croyances sans fondement ont bâti des empires qui se sont effondrés. De tous temps, l’asservissement s’est nourri de la peur des peuples. Il suffit d’apporter une explication - même irrationnelle, mais rassurante - à l’irrationnel pour que la foule y adhère. Les religions ont rempli ce rôle pendant des siècles et si les outils se sont aujourd’hui modernisés l’effet reste le même.

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Partant de ces constats, il était intéressant de travailler la force de l’esprit sur la puissance physique, ou comment un gamin chétif arrive à ses fins avec de l’encre et du papier.

Qu’en est-il de ta collaboration avec Béatrice Penco Sechi, la dessinatrice italienne qui assure également la colorisation de l’album ? Connaissais-tu déjà son travail ? Est-ce les Éditions Drakoo qui vous ont mis en rapport ?

Je ne connaissais pas Béatrice que j’ai découvert grâce aux Éditions Drakoo. Elle a accompli un travail gigantesque pour les damnés. C’est une personne lumineuse dotée d’un enthousiasme communicatif.

Les défis graphiques étaient multiples sur la réalisation d’un tel album. On imagine qu’il y a dû avoir de nombreux échanges entre vous ? Peux-tu nous parler de votre méthode de travail ?

Nous avons eu des échanges fréquents par mail. Mais d’une manière générale, nous étions en phase sur l’essentiel dès le début et Béatrice est une grande professionnelle.

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Y-a-t-il eu beaucoup de discussion au sujet du design de Rêveur et des autres personnages ? Quid de l’Alicante et du vaisseau fantôme ? Sans oublier la mer qui est un autre protagoniste du récit ?

J’avais une idée précise de Rêveur et du conteur que Béatrice a tout de suite capté. L’Alicante et le vaisseau fantôme ont fait l’objet de recherches et ça a été un chantier particulier. Mais si on a cherché le plus possible à coller à la réalité en mettant la moindre chaloupe à sa place, il ne s’agit pas d’un récit historique. Les navires constituent le décor d’une mise en abîme qui plonge un auditoire dans l’histoire d’un conteur. Et qui dit conteur dit conte. En cela j’ai aimé le côté fantasmagorique que Béatrice a su donner à l’album.

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En dépit d’une couverture aux faux-airs de BD jeunesse, ton récit où des représentations de créatures monstrueuses précèdent ou succèdent une série de décès terrifiants véhiculent une imagerie gothique étouffante. Est-ce que certaines des propositions graphiques de Béatrice ont suscité des modifications du scénario ?

Le scénario est resté le même. Il est certainement différent de la vision que j’en avais au départ. Ce qui est normal, à la base je l’avais imaginé sans Béatrice.

Pour conclure, revenons quelques instants à toi. Maintenant que tu t’es essayé au travail en solitaire de l’écrivain, puis à celui en partenariat de scénariste de BD, comment imagines-tu ton futur d’auteur ?

J’ai été surpris de voir que les frasques de mes enfants de papier trouvaient un écho. C’est récent. J’écris depuis très longtemps, mais ce n’était qu’un exutoire et tous mes scénarios atterrissaient dans un tiroir. Du coup, j’ai beaucoup d’histoires à soumettre à notre éditeur. L’avenir nous dira si elles passent les étapes du comité de lecture. Un nouveau projet remet les compteurs à zéro. Je serais heureux de retravailler avec Béatrice, nous sommes loin d’être allés au bout de ce tout que nous avons à raconter

Question subsidiaire (qui n’a peut être aucune importance) : Le fait de dater les événements de l’histoire en décembre 1789 et décembre 1809 a-t-il une signification qui m’a échappé. Un clin d’oeil discret à “Travels in various part of Europe, Asia and Africa during a serie of thirty years and upward”, un récit de voyages en mer de l’Écossais John MacDonald, par exemple, qui faisait pour la première fois allusion en 1790 à la légende du “Hollandais Volant” ?

L’époque où le récit se situe était importante, mais pour d’autres raisons. Il y a deux cents ans, les océans étaient des prairies où l’imaginaire cultivait les terreurs. L’illettrisme était majoritaire et la révolution coupaient les têtes de ceux qui savaient lire. Dès lors, tous les ingrédients étaient réunis pour faire infuser l’intrigue.

Merci à toi Kristof.

Avec plaisir


Remerciements à Kristof Mishel ainsi qu’à Sophie Caiola et Nazir Menaa, les attachés de presse des éditions Drakoo, pour l’organisation de cet entretien réalisé par courriel.


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- Les Damnés du Grand Large


Lien(s) utile(s)
- Kristof Mishel sur Facebbook
- Beatrice Penco Sechi qur Facebook
- Le site des Éditions Drakoo


Illustrations © Beatrice Penco Sechi / Editions Drakoo



Bruno Paul
11 août 2022




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