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Inugami : le réveil du Dieu Chien
Les manipulations horrifiques de Masaya Hokazono...
Delcourt


Dans la religion shinto, il se nomme Inari, dieu du riz et symbole de prospérité. Ses émissaires lui servent de gardiens et de messagers, ce sont des chiens, des loups et des renards. Leurs représentations ornent toujours les sanctuaires dédiés à ce dieu au Japon.

Mangaka depuis 1980, Masaya Hokazono a exploré de multiples genres (anticipation, fantastique, occultisme, comédie, religion...). Avec Le réveil du dieu chien, c’est sa première longue série que nous présentent les éditions Delcourt dans la collection Akata.

Après six premiers tomes parus, l’éditeur a reconnu une petite erreur marketing, décelable certainement du fait d’une faible vente entraînant des espoirs déçus !

En présentant cette série fantastique, voire gore, sous des jaquettes hors sujet pouvant laisser croire en une jolie bluette « lycéenne », l’éditeur s’est indéniablement trompé et a loupé sa cible. Il est vrai qu’au premier œil jeté (et que peut faire le lecteur actuellement devant le tsunami de nouveautés déferlant sous cet œil incrédule ???), on pense : « Allez, gentil chien-chien, rentre à la maison, Fumiki va à l’école avec sa zolie camarade ». Bref, on craint le niaiseux et pénible manga de service pour ado en manque de Star Academy !... Ceux qu’on retrouve en piles gigantesques chez tous les revendeurs d’occasion et autres soldeurs, sorte de marché de seconde main de la BD d’aujourd’hui.

L’erreur de casting est alors monumentale car dès le début, si Hokazono ouvre cette aventure sur une très belle rencontre entre un jeune homme et un chien énorme et véritablement « étonnant », la peur, le frisson, l’effroi sont immédiatement au rendez-vous. Et, si affinités avec ces genres, quand on entre dans cet univers, il n reste plus qu’à guetter la suite avec impatience

Revenons sur les débuts de l’aventure : Tome 1.

Fumiki Shimazaki est fan de poésie. Ce monde lui déplait, il rêve d’un lien plus intense entre l’homme et la nature. Dans son refuge (une usine désaffectée), il tombe nez à nez avec un chien mystérieux, amoureux de belles lettres, doué de parole et d’une sensibilité quasi humaine. Le rendez-vous est non-violent et, passée une certaine méfiance (de l’ado vers la bête !) née de carnages absolument horribles et imputés à une bête terrifiante, la poésie, la tendresse, la gentillesse et la confiance s’installent entre ces deux personnages centraux de la série.

Fumiki découvre 23, chien de laboratoire, animal d’outre monde ou représentant d’un dieu en chemin vers l’humanité.

Vite Fumiki découvre que le but de 23 tient en ces mots : « Regarde l’homme ».

Une définition obsédante qui semble définir les futures relations du chien avec les humains. Comme Fumiki lui apprend le respect, la beauté, la douceur, la conscience de l’animal se mobilise pour répondre à cette attente. Un lien incroyable va se créer entre eux. 23 pourrait être « une punition des cieux pour frapper l’homme qui ose braver les dieux... », mais il sera avant tout l’ami et le défenseur de Fumiki, sa référence humaine !!!

Les premiers tomes de la série tournent autour de cette rencontre et des pouvoirs phénoménaux du chien, d’une bête capable de contrôler la régénération de son ADN. Ce que ne sait pas Fumilki, c’est que derrière ce 23 se cache de terribles expérimentations, des manipulations génétiques secrètes. Vite, il découvre l« horreur de laboratoires pharmaceutiques, les énormes intérêts financiers et les envies de pouvoir qui se cachent derrière le secret de 23. Mais alors que Fumiki et 23 montrent une entente parfaite, vite d’autres animaux viennent perturber l’ordre humain. Un chien tatoué n°0 sèmera la panique laissant corps éventrés, décapités, déchiquetés sur son passage. L’auteur pousse la démonstration dans un gore extravagant, créant de véritables feux d’artifices de tripailles et autres viscères. Cet autre chien, lui aussi, regarde l’homme, mais n’a pas reçu une vision aussi agréable que 23. Sa vie n’est que souffrance, recherche sadique... Sa réponse sera vengeance et il ne fera pas payer au quart de la note !

Est-il un envoyé du dieu chien ? Vient-il punir l’homme pour ses expérimentations horribles sur l’animal...? Dépend-il uniquement des chercheurs ??

Peut-être !

Vous le voyez, le manga pour jeunes filles n’est pas au rendez-vous ! Nous sommes dans de la plus pure horreur, sur un thème fantastique qui frise l’anticipation et même le mystique.

Le scénario de l’auteur navigue toujours entre trois pistes qui, sans cesse, produisent des prolongements indépendants, mais restent intimement liées dans la structure principale de l’histoire, celle qui concerne l’existence et les risques qu’engendrent ces animaux.

Soucieuses de mieux présenter cette histoire horrifique à souhait, les éditions Delcourt renient ces cinq premières couvertures »gnan-gnan« pour enfin donner une image de jaquette qui donne idée du contenu de cette série. Celle du tome 7 est d »ailleurs vraiment très évocatrice (tripailles à l’air et éviscération en plein air !)... on passe du réservé aux moins de 10 ans à interdit aux moins de 16 !.... Bref ça y est, on entre dans la cour des grands et l’on rejoint la collection par la porte des récits pour adultes, celle que beaucoup de lecteurs ont dû louper !

L’évolution s’est jouée en mars 2004, après la sortie du T6. La série est toujours intitulée Le Réveil du dieu chien, mais devient avec le T7 en avril Inugami, le réveil du dieu chien, avec démonstration que 23 est un chien bien à part (et dangereux), qui vient prouver que certains de ses « frères » le sont encore plus.

Pour Fumiki et ses amis, l’heure est à la protection de l’humanité, pour Kurata (responsable des recherches sur les animaux), c’est l’horreur absolue qui se profile autour de ses inavouables expérimentations et quelques déchaînements absolument horrifiques dans les locaux de ses laboratoires. Reste Kiryo, sombre manipulateur qui joue de forces occultes et de magie noire, aspire-en une immortalité qui lui permettra d’assister à la destruction de l’humanité. En fait, à côté de lui, les bêtes monstrueuses ne sont rien !!!

Voir aussi article :Inugami, le réveil du dieu chien (14 vol.)



Fabrice Leduc
29 décembre 2004




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