Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Trop c’est trop, faut savoir dire stop !
« Les Gorges de Cristal » de David et Leigh Eddings
Délices & Daubes n°24


Je fais partie de ce lectorat qui apprécie très moyennement la fantasy « classique » au long cours. Les cycles qui ne finissent jamais, comme les séries télé, ne sont pas ma tasse de thé. D’ailleurs, je crois vous l’avoir dit, je n’aime pas l’eau chaude, sauf avec du rhum dedans.

Pourtant, à sa sortie en traduction française, il y a déjà une mignonne lurette (1990), je m’achetai en Presses Pocket, dans une gare avant de prendre le train, « Le Pion Blanc des Présages » et je me fis prendre par cette histoire au point de lire, et ce avec un plaisir avoué, l’ensemble du cycle de « La Belgariade », puis de « La Mallorée ». Plus tard, j’achetai même les « préquelles » de cette histoire : « Belgarath le sorcier » et « Polgara la sorcière ». Oncques en conclura, sans forcer sa capacité déductive, que j’aime bien Eddings.
Ben oui je l’avoue, j’ai beaucoup apprécié cette pourtant longue double pentalogie. Parce que j’aime la légèreté et l’humour et que je retrouvais ces deux qualités dans ces bouquins. Avec des personnages qu’on n’oublie pas comme la formidable Polgara qui donne du « mon chou » à tout son petit monde et qui s’engueule avec Belgarath son vieux grigou de père, comme le type qui traverse les murailles, et comme l’autre qui est un peu ours-garou, et toussa.

Quelques années plus tard je me payai un autre double cycle « la Trilogie des Joyaux » et sa suite, avec comme héros une vieille baderne de moine-militaire au cœur tendre, Emouchet. Je trouvai ça beaucoup plus longuet et l’humour moins présent, mais j’allai au bout. C’est vrai que mon boulot me contraignait à prendre souvent le train.

Par réflexe sans doute, j’ai acquis d’autres bouquins d’Eddings, sortis dans la même collec mais qui n’étaient pas de la fantasy (éditeurs voleurs ! menteurs !) mais des bouquins « d’aventures contemporaines » bien nuls où je ne dépassais pas la page 42. Logiquement, je m’arrêtai là dans mes achats.

Il y a peu, les Eddings sortent un nouveau cycle de fantasy : « Les Rêveurs ». Comme cela faisait longtemps, je fis l’acquisition (la curiosité est-elle un vilain défaut ?) du tome 1, puis du 2 (un an s’écoulant entre chaque livre). Une étrange sensation s’empara de moi lors de ces lectures.
L’univers décrit est assez nouveau et original. Dans ce monde de Dhrall, les 4 dieux, en charge des quatre domaines qui le constituent, sont vieux et fatigués et vont se faire remplacer par quatre gamins futurs dieux qui « rêvent » l’avenir. Un vilain pas beau méchant, le Vlagh, choisit ce moment pour envahir le monde avec des monstres qu’il pond par milliers. Il y a beaucoup de personnages, pas de héros, des dieux un peu séniles et des hommes et des femmes sans pouvoirs mais astucieux.

Les Eddings ont choisi -c’est louable mais raté- de tenter de modifier leur style narratif. Il y a de fréquents retours en arrière pour décrire la jeunesse des nombreux protagonistes. Les mêmes scènes sont décrites plusieurs fois selon le point de vue des personnages. C’est fatiguant à lire mais permet à l’évidence d’allonger la sauce aux dimensions attendues en fantasy. Bon, me dis-je, ça suffit comme ça !

Et voilà-t-y-pas que je reçois en SP le tome 3 « Les Gorges de Cristal » ! Croyez-le ou non, les choses empirent encore ! En plus des analepses (mot savant pour flash-backs, je viens de l’apprendre et je vous le ressers gentiment) et des mêmes scènes plusieurs fois décrites, le texte est presque exclusivement constitué de dialogues. C’est énervant au plus haut point et, pour ma patience légendaire, carrément insupportable.

Eh oui, braves gens, c’est encore un exemple de la triste histoire des auteurs de best-sellers : chéris adulés des éditeurs, ils écrivent n’importe quoi n’importe comment, mais c’est pas grave puisqu’ils la vendront, leur merde, et que, en plus, leur lectorat qui se compte par millions va a-do-rer ça.

Allez, finissons cool, ne soyons pas trop durs, on va lui trouver des excuses au David. D’abord, il a eu beaucoup de mal à percer avec ses bouquins « d’aventures contemporaines » bien mauvais, et, ensuite, il commence à être vraiment vieux (selon wiki, il est né en 1931, ce qui lui fait 75 balais... Quand même !).


Henri Bademoude
29 octobre 2006


JPEG - 12.7 ko



GIF - 221 octets



JPEG - 26.8 ko



Chargement...
WebAnalytics