Mill Valley a toutes les caractéristiques d’une petite ville paisible de Californie. Pourtant le médecin Miles reçoit des patients avec d’étonnants symptômes : certaines personnes qu’ils connaissent très bien ne sont soudain plus eux-mêmes ! Ils en ont l’apparence, mais de subtils changements les différencient. Un psychiatre semble plus apte à répondre à leurs attentes, mais quand Becky, une ancienne connaissance, franchit la porte de son cabinet, il prend ces alertes plus au sérieux. Puis l’écrivain Jack lui demande de venir chez lui : un corps à l’identique se trouve dans son sous-sol, prêt à le remplacer. La menace se précise, le grand remplacement est en cours.
Une atmosphère anxiogène se dégage de ce récit. Soudain des personnes ne sont plus celles qu’elles devraient être. Miles, Becky, Jack et sa femme Theodora ont compris ce qu’il se passait, mais sans en connaître l’origine. Ils n’ont découvert que les effets dévastateurs : une invasion insidieuse a lieu à Mill Valley. Quelle en est l’ampleur ? Qui est touché ? Ils sont obligés de douter, de ne plus rien croire, si ce n’est eux-mêmes au prix d’une surveillance constante. Fuir la ville pour alerter les autorités semble la bonne solution, mais est-ce possible ? Et croira-t-on leur histoire aux allures abracadabrantes ? Agir, oui, mais comment ? Que peuvent quatre individus face à une telle invasion ? La menace est en marche et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Jack Finney a écrit là un roman qui touche une corde sensible en chacun de nous. Il éveille la méfiance, la paranoïa, pousse à mieux regarder autour de soi, à analyser pour trouver les incohérences et alors douter puis s’isoler dans un réflexe de protection. Il joue des craintes que chaque être recèle. Écrit en pleine période de maccarthysme, cette chasse aux Communistes cachés parmi les Américains l’a sûrement inspiré, mais il fonctionne toujours, alors qu’on est loin de ces temps. Il faut toutefois noter qu’en 1978, l’auteur a réactualisé le roman, l’action glissant de l’été 1953 à l’automne 1976.
Pour bien faire, l’éditeur ne livre pas le seul roman aux lecteurs. Il est accompagné d’une brève introduction expliquant notamment le choix du titre, d’un article éclairant “Pod People - la prolifération d’un mythe” de Sam Azulys et de la bibliographie des œuvres de Jack Finney (1911-1995) compilée par Alain Sprauel. De quoi mieux situer le livre, son contexte et ses thèmes.
Même si l’histoire est connue, découvrir l’original est toujours intéressant. « Body Snatchers - L’invasion des profanateurs » est un classique de la science-fiction et plus particulièrement de l’invasion extraterrestre, et à ce titre mérite amplement la lecture.
Titre : Body Snatchers - L’invasion des profanateurs (Body Snatchers, 1955-1983)
Auteur : Jack Finney
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Michel Lebrun
Traduction révisée par : Erwann Perchoc
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 266
Format (en cm) : 14 x 20,4
Dépôt légal : juin 2022
ISBN : 9782381630472
Prix : 20,90 €
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