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Wendigo n°6
Collectif
Editions de l’Oeil du Sphinx

Chaque parution d’un numéro de « Wendigo » est un événement. Cette publication, mi-revue, mi-anthologie, a pour cheval de bataille le fantastique (essentiellement anglo-saxon) antérieur à 1950.



C’est tout l’art de Richard Nolane que de tirer de l’oubli des textes parfois centenaires, que les ravages du temps ont relativement épargnés et qui témoignent d’une belle imagination.

Première histoire, l’étonnant « Un visiteur céleste » de Amelia Shackelford. C’est un récit publié en 1872, donc rédigé bien avant les débuts de l’aviation. Pourtant il se déroule en partie dans les airs. Le héros, aux commandes d’une montgolfière, va faire à haute altitude une rencontre originale et inexpliquée qui va bouleverser sa vie. L’écriture reste très actuelle, même si le décor et certains comportements sont datés. L’histoire est originale par bien des aspects. Une belle découverte.

« Le secret de Ken » de Julian Hawthorne (guère plus récente : 1883) est une histoire plutôt sophistiquée d’univers qui se télescopent. Elle s’inscrit dans la lignée des textes ambitieux et bien moins anciens qui arrivent à faire perdre pied au lecteur en intriquant des plans temporels différents. Une nouvelle à savourer tout particulièrement et très en avance au niveau du thème pour son époque.

« Dans le noir » de Edith Nesbit, texte datant de 1910, est moins convaincant, tout comme « Le tombeau de glace » de A.E.W Mason où l’on peine à admettre que la gentille jeune mariée va attendre des années durant que la glace rende le corps de son cher époux et va, pour cela, s’enfermer dans un veuvage sans fin.

Deux courts récits suffisent par contre à donner toute l’étendue du talent de E.M. 
Laumann
 : « La case aux fétiches » et « Par le 85° nord quart nord ».. Ambiance et suspense s’accordent pour leur conférer de l’épaisseur.

« Le sérum de vie » de Paul S. Powers est un texte à la fois surprenant et prenant. L’idée d’une désincarnation obtenue par l’intermédiaire d’un philtre n’est certes pas nouvelle, mais elle est abordée ici sous un angle original qui retient l’attention. Une intéressante découverte.

« Le train fantôme » de Georges Normandy, un des tous premiers français à apparaître dans « Wendigo » nous livre une histoire surnaturelle plutôt réussie dans un contexte de vendetta corse et de maquis balayé par la tempête.

« L’antre de l’invisible » de James Francis Dwyer, (1939) évoque, par certains aspects, une atmosphère lovecraftienne. Cependant il lui manque cette petite étincelle qui permet de rendre vraisemblable des choses qui ne le sont pas. Ici, malheureusement, la recette ne prend pas.

« Terreur sur la ligne » de Leroy Yerxa mérite, lui, le détour. Si l’on veut bien faire abstraction des aspects techniques désuets dans le domaine des télécommunications, l’histoire (écrite en 1947) est fort bien menée et met en scène des personnages atypiques et complexes. (Sans parler d’une bonne peinture d’un bled américain reculé).

Ce numéro s’achève par un hommage à Jean-Pierre Laigle (disparu en 2020) sous la forme d’une étude consacrée à un héros méconnu de R. E. Howard : James Allison.
Un numéro de « Wendigo » qui, comme à son habitude, permet à l’amateur de prendre connaissance de textes anciens d’auteurs souvent oubliés. De belles découvertes donc. Soulignons le remarquable travail de biographe mené par Richard Nolane qui accompagne chaque nouvelle de notices très fouillées et d’une bibliographie française pour chaque auteur ayant été traduit.


Titre  : Wendigo
Numéro : 6
Directeur de publication : Philippe Marlin
Rédacteur en chef  : Richard D. Nolane
Couverture : illustration anonyme de 1926
Type : revue
Genres : SF, fantastique
Dépôt légal : février 2022
ISBN  : 978-2-38014-080-4
Dimensions (en cm) : 15 x 22,7
Pages : 198
Prix : 16 €


La revue Wendigo sur la Yozone :
- Wendigo n° 5
- Wendigo n° 4
- Wendigo n° 3
- Naissance de la revue Wendigo



Didier Reboussin
20 juillet 2022


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