Pour sa 5e enquête, Ngaio Marsh envoie son héros en vacances. mais point de repos pour les braves. Déjà, par déformation professionnelle, Alleyn détaille ses compagnons de compartiment, manière bien pratique pour l’autrice de présenter les personnages dès le premier chapitre. Et déjà, un premier, puis un second crime : on aurait tenté de pousser Alfred à bas du train. Est-ce en relation avec le vol de 100 livres en liquide dans les affaires de miss Gaynes, sur le bateau ? Au théâtre, Alleyn fait le tour des comédiens, une belle galerie : un détestable, un godelureau qui se prend pour un dur, un renard qui joue le naïf (ou l’inverse), une ingénue...
Mais voilà : s’ils sont nombreux, lors des répétitions, à avoir été témoin de la chute d’un contrepoids, une fois le dispositif réglé par le machiniste et Meyer, personne ne pouvait accéder à la galerie sans être vu...
Autre souci d’Alleyn : présent sur les lieux du crime, il a inspecté la galerie, sans rien toucher. Mais quand il remonte avec la police locale, on a déplacé un contrepoids ! Est-ce l’assassin ? ou quelqu’un d’autre ? La découverte du tiki permettrait d’identifier l’intrus, encore faut-il savoir qui l’a gardé, quand il est passé de main en main dans la soirée...
« Mort au Champagne » apporte un peu de variation dans la trame des précédentes aventures d’Alleyn. Cette fois, le policier doit trouver un coupable ayant eu deux fois l’opportunité de se rendre sur les lieux du crime, au risque d’y être remarqué. Ensuite, au milieu de gens de théâtre, il faut se méfier de celles et ceux qui savent garder un masque face à la police. Le pauvre Alfred était aimé de tous, et cette mort violente en a « heureusement » choqué plus d’un... Avec ses collègues locaux, plutôt content d’avoir une star anglaise pour travailler avec eux, Alleyn recroise les alibis, les faits et gestes de chacun, décortique les mobiles. L’affaire du train et celle des 100 livres sont-elles liées au meurtre ? Il y a en vérité plusieurs affaires dans l’affaire, et l’attitude de certains protagonistes, pas bien fins ou au contraire voulant jouer au plus malins, va guider le lecteur sur de fausses pistes.
Alleyn, lui aussi sous le charme de Carolyne Dacres, va l’emmener en pique-nique. Sous prétexte de lui changer les idées, bien sûr pour l’amener à parler. Mais il reconnait lui-même qu’en de circonstances différentes, l’excursion aurait pu prendre un tour plus romantique. Cela casse l’image de quasi-Sherlock d’Alleyn, parfois un peu trop « esprit supérieur » face à son adjoint Fox ou le jeune Nigel : on le découvre plus humain.
Signalons que pour aider le lecteur (et la police locale) Alleyn produit un tableau sur 3 doubles pages, pour croiser les allées et venues de chacun (pages 160 à 165), ce qui vous évitera de prendre des notes. Mais par contre, alors que le plan du théâtre est déterminant et qu’il en réalise une copie par transparence, nous n’en verrons pas la couleur...
La valeur n’atteint pas le nombre de pages, ce tome-ci est plus mince que le précédent, mais s’avère plus vif.
Titre : Mort au Champagne (Vintage murder, 1937)
Série : Les enquêtes de Roderick Alleyn, tome 5
Autrice : Ngaio Marsh
Traduction de l’anglais (Angleterre) : Maurice Derbène
Couverture : Hélène Crochemore
Éditeur : Archipoche
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 265
Format (en cm) : 19,5 x 12,5 x 2,5
Dépôt légal : juin 2022
ISBN : 9791039200998
Prix : 14 €
Et toujours quelques coquilles résiduelles (des points suivis d’une virgule, majuscules oubliées), des broutilles. Mais quitte à retirer ces romans en mi-format au double du prix d’un poche, une ultime relecture n’aurait pas été de trop.
Ngaio Marsh & Roderick Alleyn sur la Yozone :
La clinique du crime
Mort en extase
Mort au champagne