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Aucune bête
Marin Ledun
J’Ai Lu, Policier, novella (France, 2019), policier, 124 pages, juillet 2022, 5€

Dans l’univers des courses de 24 heures, Véra a été suspendue pendant 8 ans pour dopage, alors qu’elle ne faisait que soigner un rhume. Aujourd’hui elle revient à la compétition, décidée à affronter sa grande rivale qui a profité de son absence : l’Espagnole Michèle Colnago. L’affrontement s’avère inégal mais qu’importe, Véra veut laver son honneur et montrer que, malgré l’adversité, elle est toujours là.



Les courses de 24 heures ne sont guère médiatisées. Qui connaît ses champions ? Pourtant les anonymes sont nombreux à souffrir le temps de 24 heures d’affilée, à tourner inlassablement, à repousser sans cesse la douleur pour aller encore un peu plus loin. Voilà le leitmotiv : avancer, dépasser ses limites pour voir ce dont on est capable. Le cerveau du coureur se transforme petit à petit en sapin de Noël avec des voyants s’allumant, puis clignotant toujours plus fort et qu’il cherche à ignorer en puisant dans une motivation chancelante au fil des tours. Il faut avoir vécu cette épreuve pour le comprendre.
En plus d’être romancier, essayiste et auteur de pièces radiophoniques, Marin Ledun est aussi un adepte de l’ultra-marathon, il sait donc de quoi il parle en décrivant le milieu des 24 heures. Pour ce faire, il a choisi une coureuse en quête de rédemption, Véra qui travaille à l’usine dans un boulot répétitif, a eu trois filles et réussit malgré toutes ses contraintes à s’entraîner. Cette épreuve se révèle des plus difficiles, dès le départ il faut accepter de souffrir. Alors qu’elle était au sommet avant sa chute, elle repart de zéro, arrivant avec ses filles comme seule équipe de soutien, bien loin de sa rivale. Mais elle ne s’en laisse pas conter et se bat pour elle, pour les femmes.

« Aucune bête » est court, très court : 120 pages exagérément aérées (gros caractères, marges importantes) et largement moins d’une heure suffit à le lire d’une traite, d’autant que le sujet de fond est intéressant. Courir en rond laisse le temps de penser et Véra a de quoi ressasser : les brimades au boulot, la condition des femmes, sa famille... Le côté noir justifiant la parution de ce livre dans la collection Policier est léger, il se situe en marge et ce n’est que la fin qui fait pencher la balance. L’intérêt réside avant tout dans la description du milieu des courses de 24 heures, de le révéler au grand public. Marin Ledun décrit très bien les participants et donne du rythme à cette épreuve à travers le défi de Véra menant là plusieurs combats et ne désirant plus baisser les yeux face aux hommes. Écrit par un homme, on peut toutefois se poser des questions sur la bonne compréhension du mécanisme.
Contre toute attente, « Aucune bête » n’est pas un inédit, ce que l’on aurait pu penser au vu de sa longueur qui tient quasi de la nouvelle. De plus, la couverture trompeuse arbore une sprinteuse, bien loin de l’image d’une coureuse de 24 heures.

Sous le titre bien trouvé d’« Aucune bête », Marin Ledun plonge le lecteur dans le monde des courses de 24 heures et plus précisément dans la tête d’une coureuse en quête de revanche. Cette épreuve s’avère impitoyable, inhumaine et finalement non préservée des travers de la société humaine, même si on peut franchement douter de certains développements comme nuire sciemment à la performance de son athlète. Le noir se cache dans la portion congrue, mais les quelques bémols n’entachent pas la mise en avant de ces forçats de la route.


Titre : Aucune bête
Auteur : Marin Ledun
Couverture : Création Studio J’Ai Lu © Henrik Sorensen/Getty Images
Éditeur : J’Ai Lu (1ère édition française : Éditions In8, 2019)
Collection : Thriller
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 124
Format (en cm) : 17,8 x 11
Dépôt légal : juillet 2022
ISBN : 9782290229064
Prix : 5 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
7 juillet 2022


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