relire la chronique du premier tome
Dans cette seconde partie, donc, les choses vont de travers, et empirent. La famille de Derk avait pu maintenir un semblant de cohérence, de respect du contrat, mais là, tout et tous semblent se liguer contre eux. Nous, lecteurs, savons que les Mages, menés par Querida et Mara, s’efforcent de soulever la population et de faire capoter les circuits des Pèlerins. Mais il n’y a pas que cela : d’autres trafiquent avec M. Chesney, comme Blade va le découvrir : leur monde n’est pas seulement utilisé comme parc d’attraction, il est aussi pillé, de ses métaux précieux et de sa magie, ce qui contribue à son dérèglement.
L’autrice, jusque dans le combat d’arène des derniers chapitres, dénonce encore cette culture ultra-coloniale. M. Chesney essore ce monde de toutes ses richesses, tout comme il l’utilise pour en produire dans le sien. On devine des histoires d’assurance, voire de contrat d’élimination sur la tête des Pèlerins spécifiés « sacrifiables ». Enfin, on arrive à des changements sociaux profonds (et une population qui se passionne pour des jeux de cirque mortels avec sa propre population)
Si le fond est louable, force est de constater que la forme a un peu vieilli (le roman a plus de 20 ans), et que parfois, le bazar qu’est devenu l’organisation des circuits se retrouve également dans la narration, avec de nombreux personnages qui vont et viennent. Enchainer la lecture des deux volumes (qui n’en sont qu’un en anglais, rappelons-le) réduit un peu cette impression, néanmoins on constate de longs passages peu descriptifs, et de longs dialogues pauvres en incises qui retranscrivent du certaine manière la cacophonie et le chaos général.
Je ne suis pas sûr d’avoir saisi toutes les promesses tenues dans un finale très bref, aux allures d’un « bon, il est temps de conclure » assez brutal et sans subtilité. C’est dommage, parce que l’épuisement de Derk et sa tristesse tandis qu’il croit un voire plusieurs de ses fils morts sont bien rendus : il s’efforce de donner le change, mais finit par s’effondrer et jeter l’éponge. Bloquant tous les Pèlerins, et réalisant la prophétie.
Une seconde moitié riche en critique sociale, pleine de rebondissements, mais qui finit par tirer en longueur jusqu’à une conclusion trop rapide. Des aspects narratifs et rédactionnels de « Le Terrible Seigneur des Ténèbres » ont un peu vieilli, mais le roman demeure sur le fond une œuvre à part d’un intérêt certain, ubuesque, un pastiche de fantasy doublé d’une très belle chronique familiale.
Titre : Le Terrible Seigneur des Ténèbres (Dark Lord of Derkholm, 1998)
Série : tome 2/2
Autrice : Diana Wynne Jones
Traduction de l’anglais (Angleterre) : Magali Mangin
Couverture : Diekyers
Éditeur : Ynnis
Collection : Romans
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages :
Format (en cm) :
Dépôt légal : mai 2022
ISBN : 9782376972792
Prix : 14,95 €