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Sept raisons de lire « Galeux » de Stephen Graham-Jones
Stephen Graham-Jones
Pocket, n°7324, traduit de l’anglais (États-Unis), fantastique social, 391 pages, mars 2022, 8,50 €

Pas facile de faire du neuf avec ces grandes figures de l’imaginaire que sont les loups-garous. Il y a quelques années, avec « Le Dernier loup-garou », Glen Ducan avait redonné du poil à la bête avec de belles pages existentielles s’orientant ensuite vers des affrontements cinématographiques. Avec « Galeux », Stephen, Graham Jones, lui, tient d’un bout à l’autre de son roman la ligne qu’il s’est fixée : les mésaventures et déboires d’une famille de loups-garous laissés en marge du grand rêve américain, parmi ces légions de pauvres oubliés, silencieux, invisibles, qui luttent simplement pour leur survie. Animé par une pointe d’humour désespéré qui fait toujours mouche, un roman qui ne s’oublie pas de sitôt.



Voici, parmi d’autres, sept raisons de lire « Galeux  » de Stephen Graham-Jones :

Parce que comme dans tout récit fantastique qui se respecte, tout commence par une ambiguïté fondamentale. Cette ambigüité, c’est celle du portrait, tout à la fois pathétique et savoureux, du grand-père du narrateur, émouvant vieillard qui se prend pour un loup-garou. Drôles de fabulations. Le narrateur, un gamin, se rêve loup-garou à son tour. Il sera exaucé. Mais, on le sait : quand les rêves rejoignent la réalité, ils ont aussi les inconvénients du réel.

Parce qu’il y a dans ce roman un aspect social évident, mais qui n’est jamais appuyé. Pas un poil (de lycanthrope) de ce très vénal et très ostentatoire « regardez-comme-je-suis-politiquement-correct-en-dénonçant-les-inégalités-etc » très la mode, y compris dans les littératures de genre. Cela fait pleinement partie de l’histoire, comme une toile de fond parfaitement intégrée.

Parce que ce roman ne suit pas une structure classique et peut être lu soit comme un tout, soit de manière discontinue, comme un recueil de nouvelles, comme une série de scènes brossant le tableau d’une existence de monstres très humains, un voyage à travers les zones déshéritées de l’Amérique qui est aussi un voyage à travers une altérité si proche qu’elle dérange plus qu’un véritable récit d’horreur.

Parce que le narrateur ne se contente pas de se métamorphoser en loup-garou. Doté d’un esprit peu conventionnel, il endosse en fonction des épisodes et de la manière dont il aborde l’existence des lycanthropes les défroques du criminel, du journaliste, du mécanicien, du villageois, de l’auto-stoppeur, ou encore du biologiste.

Parce qu’en étant attentif on y trouvera des manières de reconnaître un loup-garou qui sont plus subtiles que celles que l’on connaît déjà. Et que ce sont là des connaissances qui – on ne sait jamais – pourront être utiles un jour ou l’autre.

Parce que si un jour le lecteur se transforme lui-même en loup garou – et nul ne sait ce qui peut arriver – ce livre pourrait bien lui sauver la vie.

Parce que c’est un roman qui montre que les mythes ne sont jamais morts, jamais usés, et qu’il y a toujours moyen de les aborder de manière originale.

On lira la chronique complète de l’édition en grand format chez La Volte en suivant ce lien


Titre : Galeux (Mongrels, 2016)
Auteur : Stephen Graham Johnes
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Mathilde Montier
Couverture : Julien Rico
Éditeur : Pocket (édition originale : La Volte, 2020)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 7324
Pages : 391
Format (en cm) : 11 x 18
Dépôt légal : mars 2022
ISBN : 9782266324106
Prix : 8,50 €


Hilaire Alrune
7 juin 2022


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