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Brins d’Éternité n°58
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°58, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles-articles-chroniques, été-automne 2021, 132 pages, 10$ CAD

Ce numéro 58 aura mis un moment à sortir, laissant craindre le pire, mais heureusement il n’en est rien. Il est là avec un éditorial conséquent, Guillaume Voisine, Alamo St-Jean et Ariane Gélinas s’y expriment, chacun leur tour, expliquant qu’ils passent la main. C’est le dernier numéro dans lequel ils officient et certains remarqueront le rajout d’un autre nom dans la liste des éditeurs. En effet, c’est Evan Côté qui reprend « Brins d’Éternité ». Souhaitons-lui le meilleur, ainsi qu’à ceux qui voguent vers de nouveaux horizons et nous auront régalés à maintes reprises.



À mon sens, les deux premières nouvelles au sommaire souffrent du même défaut. La forme est soignée au détriment de l’histoire qui passe au second plan.
Anaïs Paquin relate “Acouphènes” à rebours. C’est intriguant, mais j’ai l’impression au final de ne pas avoir reconstitué tout le puzzle, ce qui est frustrant.
Frédéric Parrot va encore plus loin dans l’écriture, mais il dilue surtout le propos général de “Jeu à somme nulle” avec découpage en plan cinéma, passage en prose, forme de poème... Quelques jours après lecture, j’ai déjà tout oublié.

Plus traditionnelle, “Les licornes de l’Hereford” avec deux adultes et deux enfants, formant visiblement une famille et se déplaçant à pieds dans une contrée dans le futur. Le changement climatique a fait son œuvre, les adultes se méfient de tout, le danger peut venir de partout, humains comme animaux. Le point de vue alterne entre les quatre protagonistes et le tableau que le lecteur se faisait au début est mis à mal au fur et à mesure des interventions. Hugues Morin ménage très bien le mystère jusqu’au bout, gardant une ultime surprise finale. Une nouvelle très agréable.

Un jour, Emma a rencontré Cassie. Le hasard les a mises autour de la même table. Depuis Emma conserve religieusement la photo de Cassie avec son numéro de portable griffonné à l’arrière. Mais elle ne parvient pas à franchir le pas, à aller plus loin... Il s’agit d’un véritable traumatisme. David A. Robertson offre un développement intéressant, même si le dénouement ne surprendra pas forcément. En tout cas, “Parfaitement toi” s’avère habile et suffisamment intrigante pour passer un bon moment.

“Perpétuation des rites du Royaume des Bois et des Rivières” n’est pas le genre de textes qu’on oublie. Milan n’hésite pas à braver les interdits pour aller voir son nouveau copain enfermé dans une cellule des remparts. Pourtant Camarion n’inspire pas la confiance, son aspect, du moins ce qui en est visible, effraie plus qu’autre chose. Qu’importe, Milan aime discuter avec lui, il a trouvé un être compatissant qui sait l’écouter. Anzala Peytoureau ménage bien ses effets. Jusqu’où ira cette amitié étonnante ? Retors, immoral, c’est vraiment très bien !

Avec “Embrumé”, Wilfried Renaut achève la partie Nouvelles en beauté. Suite à une expérience malheureuse, Lirod a perdu sa femme, absorbée par la brume qui s’est propagée dans le dôme des colons sur une planète inhospitalière. Ravagé par le chagrin, il a délaissé petit à petit sa fille et s’est abruti dans le travail physique, prenant des risques énormes. Une nouvelle alerte le pousse à ouvrir les yeux, à réagir.
Un très beau récit avec en toile de fond une histoire d’amour au destin tragique, un habitat à la situation fragile et une menace intrigante.

Dans la section Articles, on retrouve les habituelles chroniques d’ouvrages, en grande partie outre-atlantique, ce qui est bien, car cette production est peu visible en France. C’est ainsi que je ne connaissais pas Fanie Demeule, la personne à découvrir mise en avant par Mathieu Disco. Son dernier livre « Mukbang » contient des QR codes dans le but de surcharger le lecteur d’informations afin qu’il perde le fil du récit. Un drôle de concept qui me semble contre-productif.
Dans ses “Relectures au fil du temps”, Anaïs Paquin s’attarde sur la figure du lézard, croisée dans plus d’un ouvrage. Pas toujours facile à suivre, car elle saute d’une référence à l’autre, mais l’article se révèle intéressant.

Ce « Brins d’Éternité » signe le passage de témoin entre l’ancienne équipe et la nouvelle. Il contient de bonnes choses, d’autres qui ne m’ont pas forcément plu, mais montrent que les éditeurs aimaient à surprendre, à innover, à emprunter d’autres voies, plus exigeantes, moins immédiates. Ils ont mené bien des années le cap, tenant vaille que vaille, améliorant sans cesse la formule pour emmener dans leur sillage des lecteurs séduits par leur idée de l’imaginaire.
La barre est haute, mais gageons que Evan Côté saura poursuivre, animé par une passion intacte.
Un numéro à ne pas manquer bien sûr.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 58
Éditeurs : Evan Côté, Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Gal Barkan
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretiens
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : été-automne 2021
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 9782924585191
Dimensions (en cm) : 14 x 21,6
Pages : 132
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
2 novembre 2021


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