Après avoir refermé ce livre, je me suis sincèrement demandé ce que j’en avais pensé, et, à fortiori, ce que j’allais bien pouvoir en dire. “Asphalt Blues” est un beau livre, c’est sûr, et subtilement écrit qui plus est. Ceci dit, je ne suis pas beaucoup plus avancé, et ce sera la même chose lorsque vous aurez lu jusqu’à la dernière page de cet album. Comme si vous aviez pris une claque en le lisant, mais sans vous en rendre compte.
L’ambiance est, en tout cas, très singulière. Nous sommes en 2032, et le décor est futuriste sans être pour autant complètement délirant. Les voitures sont autonomes et les robots sont présents dans la vie de tout un chacun, soit, mais on pourrait presque situer l’action de nos jours car l’apport et l’impact de ce futurisme sont très limités dans l’intrigue de l’album. Après tout, 2032, c’est dans à peine plus de 10 ans.
La technologie ainsi que les enjeux sociaux et sociétaux afférents ne sont pas le thème d’ Asphalt Blues , et pourtant, ils sont là, en toile de fond, aussi secondaires qu’indissociables de l’action principale qui, elle, raconte les trajectoires croisées de deux anciens amants. Amour et science-fiction, sans exagération technologique à base de lunettes laser ou autres gadgets futuristes, un mélange étonnant et détonant, qui fonctionne.
Asphalt Blues aurait pu aussi, ou pourra être dans le futur, un film. Un bon film, même, à aller voir sur grand écran. Un film grandiose, dont on voit déjà les images dans l’album. On y voit, on y savoure de superbes cadrages alternant des plans très rapprochés, presque figés, avec des courses poursuites à la première personne où vous avez l’impression de conduire une voiture en même temps que vous tournez les pages. Du Denis Villeneuve dans ses oeuvres, dans une histoire sans la moindre violence. Nouvel oxymore. Et pourtant, ça marche. Admirez aussi cette splendide couverture qui aurait pu être utilisée par Nicolas Winding Refn pour son film « Drive » de 2011. Réalisateur qui aurait aussi pu imaginer quelques scènes de cette BD ultra cinématographique.
En terminant d’écrire ces quelques lignes, je continue à me demander où “Asphalt Blues” m’a emmené, à quel endroit, à quel moment et dans quel but. Sans pouvoir répondre à ces questions. Comme une virée en voiture dans un environnement inconnu, au milieu de paysages attirants et effrayants à la fois, où on a autant envie de se perdre que de rentrer chez soi.
Asphalt Blues
Scénario et dessin : Jaouen Salaün
Éditeur : Les Humanoïdes associés
Pagination : 208 pages couleurs
Format : 22 x 30 cm
Date de parution : 15 septembre 2021
ISBN : 9782731690385
Prix public : 24 €
Illustrations © Jaouen Salaün et Éditions Les Humanoïdes associés (2021)
