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Vieille daube et vieux délice
Crésudi Dernier ? de Paul van Herck - Martiens, go home ! de Fredric Brown
Délices & Daubes n°14


On m’a fait cadeau d’un vieux poche Le Masque/Science-Fiction, Crésudi Dernier ? de Paul van Herck. Parce que c’est de la SF d’humour, que j’aime ça et que c’est rare. Ben oui d’accord ce n’est pas très courant, et je n’avais jamais entendu parler de cet auteur belge néerlandophone qui eut son heure de gloire dans les années 60.

Je me suis arrêté au milieu. C’est du total délire mais je n’ai pas rigolé une fois, même pas souri un peu. Je comprends mieux pourquoi ce type est mal connu dans nos contrées. L’humour belgo-néerlandais, je ne connaissais pas, mais il semblerait que je n’y sois pas trop réceptif, une fois.

Il paraît que ça a fait un tabac aux États-Unis, à l’époque, et qu’on l’a comparé à Fredric Brown. Ah bon ? Ce doit être pour ça qu’il a semé partout des martiens, sans rapport avec l’histoire, pour faire référence à son maître ? Nul et illisible, à éviter.

Alors, interpellé, j’ai foncé sur Martiens, go home !, qui est bien rangé en place d’honneur dans ma bibliothèque, parce que je l’ai dans la première édition de Présence du Futur, en format 14 x 20,5, celle où il fallait couper les pages. Et me voilà parti à l’extraire gentiment de sa place, où il est serré mais pas trop, à l’ouvrir précautionneusement, sans casser le dos comme un malotru, et à commencer à lire ce bouquin-culte. Et je réalise que je ne l’avais pas relu depuis splendide lurette (de plusieurs décennies, environ quatre). Je n’en avais même plus un très vague souvenir, j’avais carrément tout oublié.

Je ne vais pas vous rebalancer mon discours sur la SF de papa, ou, en l’occurrence, de grand-papa (voir DD n° 9). Mais franchement, essayez pour voir : vous ouvrez le bouquin, vous lisez trois phrases, et hop c’est parti !À part une demie-finale du Mondial à la télé, rien ne peut vous faire lâcher le bouquin. C’est du grand art, une écriture maîtrisée, intelligente, légère, facile et vraiment drôle. Une histoire marrante mais qui fait sens, pas un délire bête comme le van Herck ci-dessus.

Un formidable roman, daté certes - les Martiens ont débarqué en 1964 ! - mais on s’en fout complètement, car le Monde n’a pas tellement changé. On apprécie la satire d’Hollywood, de l’Amérique, de l’URSS, de la psychiatrie, des églises, des sectes et des croyances. On jubile avec la « mise en abîme » (comme on dit aujourd’hui) sur l’écrivain, son éditeur et son imagination. Et on se délecte aussi avec du plus sérieux, mais toujours léger et drôle, pas sarcastique ni ironique, sur l’usage de l’alcool, les relations amicales, les rapports amoureux, la perception de la réalité et la définition même de la réalité. Et on referme l’ouvrage sur une fin extraordinaire de finesse et de drôlerie - encore ! - pour expliquer (?!) comment ces saletés de Martiens ont fini par disparaître.

Chapeau très bas ! Chef-d’œuvre ? Oui chef-d’œuvre ! Délice ? Oui délice !

Ah, je devrais relire mes classiques plus souvent, c’est fou ce que ça fait du bien !


Henri Bademoude
20 août 2006


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