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Galaxies n°71 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°71, SF - nouvelles - articles - critiques, mai 2021, 192 pages, 11€

Le dossier de ce numéro 71 de « Galaxies » est consacré à l’Intelligence Artificielle. En charge de celui-ci, Denis Taillandier introduit le sujet, avant l’article de Tony Sanchez, donnant bien des idées de lecture qu’une bibliographie sommaire approfondit par la suite.
Maintenant que le lecteur est plus au fait de ce qu’est une I.A. Denis Taillandier interroge trois auteurs de manière croisée : la Chinoise Xia Jia, le Japonais Fujii Taiyō et le Français Olivier Paquet. Ces entretiens s’avèrent intéressants, d’autant que chacun a sa vision de la question. Par contre, s’agit-il toujours d’I.A. ? Il me semble que les réponses dévient parfois, que l’on s’éloigne du sujet proprement dit et que l’on se rapproche davantage des robots programmés, sans que cela ternisse l’ensemble.



Deux nouvelles complètent le dossier.
Internet a été condamné, l’humanité en a perdu l’accès. Truenet est bien plus sécurisée et certains surveillent qu’aucune intrusion ne s’y produise. Minami Takazawa est de ceux-là et quand il trouve au détour d’une liste un ancien site Internet qu’il a crée, la nostalgie et la curiosité le poussent à y voir de plus près au détriment de toute prudence. “Complicité” de Fujii Taiyō s’avère passionnante, car elle décrit comment l’humanité s’est vu privée d’Internet par les I.A. Qu’était-ce ? Une prise de pouvoir ou une tentative de communiquer ? Comment répondre aux menaces d’intrusions sur Truenet ? Une belle découverte !

“L’été de Tongtong” de Xia Jia est plus intimiste avec la relation entre un grand-père qui a perdu son indépendance et sa petite-fille qui s’attache au robot s’occupant de son aïeul. Le texte est touchant, évoquant le sujet de la dépendance et de la prise en charge des anciens. Le fait que la situation soit décrite par une enfant le rend d’autant plus attrayant, d’autant plus vrai. Un très beau texte qui n’est pas sans faire penser à plusieurs autres. Toutefois, sommes-nous vraiment dans le cadre de l’Intelligence Artificielle ? Pas pour moi...

Le Grand Article s’attache à Léa Sihol, une auteure que je ne pensais plus en activité. Je la voyais toujours comme une auteure de fantasy, comme la créatrice des éditions de l’Oxymore qui ont révélé tant d’auteurs dans les années 2000 et j’ignorais qu’elle écrivait à présent du cyberpunk. Quelques livres sont sortis ces dernières années chez un collectif d’auteurs, ce qui explique cette discrétion. Lucie Chenu explique très bien ce parcours, avant de s’entretenir avec Léa Sihol. J’aime beaucoup cette idée de jeter des passerelles entre la production passée relevant de la fantasy et celle actuelle. Quant à la nouvelle “AVAnt qu’il ne soit trop TARd”, j’avoue ne pas y avoir compris grand-chose, mais elle est, semble-t-il, rattachée à ses écrits cyberpunk, donc sans connaissances de l’univers, il est difficile de suivre.
Il n’empêche que remettre en avant des auteurs un peu passés sous les radars constitue une bonne idée.

Le père de Kyra a perdu son âme à piloter à distance des drones sur des terrains d’affrontements. En entrant dans le monde du travail, elle décide de changer les choses, d’automatiser ses tâches pour que l’opérateur n’ait plus à choisir entre la vie et la mort. L’action doit être plus efficace, infaillible en prenant en compte tous les paramètres. Ken Liu est un orfèvre en matière de nouvelles et “Dans la boucle” ne déroge pas à ce constat. Une I. A. a ici vocation à remplacer l’homme, à effacer les erreurs humaines. La tâche est noble, mais est-ce possible ou le facteur humain, aussi minime soit-il, est toujours source de dérives ? Une nouvelle d’une belle sensibilité qui ouvre le débat.

“Flora ※ Fauna” a obtenu la troisième place du Prix Alain le Bussy 2020. Guillaume Laffineur nous invite à rien moins que l’exécution du dernier homme sur Terre. Les robots sont maîtres de la planète et certains sont sur le chemin pour assister à cette fin programmée. Les avis divergent sur la question et les apparences sont trompeuses. L’auteur surprend agréablement avec un déroulement ne manquant ni de pertinence ni de surprises...

Amy a noué une relation avec un extraterrestre dont le vaisseau a atteint notre planète quelques mois auparavant. Elle vit avec lui, est amoureuse, mais ne parvient pas toujours à décrypter ses émotions, son attachement au bleu... Le titre “Par les yeux d’autrui” révèle un peu le fond de l’histoire que N. R. M. Roshak mène subtilement. Il s’agit d’une belle trouvaille qui ne dévoile sa richesse que peu à peu.

Dans la partie rédactionnelle, Guillaume Lanuque livre la seconde partie de “Séries-Graphies” parlant des séries « The Man in the High Castle », l’étrange et envoûtante « Tales from the Loop » et de la cultissime « Les envahisseurs » avec David Vincent.
En plus des recensions cinéma et littératures de l’imaginaire, Hugo van Gaert évoque le série manga « Ikigami ».

L’Intelligence Artificielle dépasse le cadre du dossier que « Galaxies » lui consacre ce bimestre. De nombreuses nouvelles l’abordent, apportant leur pierre à l’édifice. De belles choses au sommaire d’un numéro fort plaisant.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 71 (113 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Cassandre de Delphes
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mai 2021
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251248
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
28 juin 2021


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