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Solaris n°218
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°218, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles - critiques, printemps 2021, 162 pages, 13,95$ CAD

Ce numéro 218 de « Solaris » réserve une belle surprise, car je ne pensais plus lire un vaste article signé Jean-Pierre Laigle suite à son décès en juillet 2020. J’imaginais que ceux du « Solaris 216 » et « Galaxies 66 » seraient les derniers. Tel n’est pas le cas, “Les Manipulateurs d’âmes” couvre plus de trente pages. Matérialistes et spiritualistes se la disputent, car l’âme est un concept difficile à cerner. Depuis l’antiquité, les hommes s’y sont intéressés et la SF s’en est aussi servie à l’occasion, surtout dans le cadre de la conception matérialiste. Par exemple, Philip José Farmer à travers le cycle du « Fleuve de l’éternité ». Il s’agit d’un papier vraiment complet, balayant le sujet à travers son histoire et son utilisation. Un article inattendu et passionnant. En reste-t-il d’autres en réserve ? L’avenir nous le dira...



Au sommaire figure aussi « Gamma » d’Oskar Källner qu’il est possible de lire grâce à Jean-Pierre Laigle qui l’a traduit du suédois. L’auteur nous amène très loin dans le futur, l’univers se meurt, les soleils se sont éteints et seules des entités parviennent à survivre dans cette désolation. Mais jusqu’à quand ? Gamma retrouve un regain d’intérêt pour l’existence en compagnie de Kthelk’tha, avec qui elle part en exploration dans les ténèbres.
Cette nouvelle de hard science se situe si loin dans l’avenir qu’il est difficile d’appréhender l’échelle de temps, le rythme n’est pas le même que celui que nous connaissons, les êtres sont si étranges qu’ils nous dépassent de loin et se dérobent à toute définition. Oskar Källner nous offre une vision grandiose et désespérée à la fois. C’est envoûtant, magique aussi, le tout formant une histoire pleine de sense of wonder. Quelle belle trouvaille !

Michèle Laframboise envoie aussi le lecteur dans l’espace profond en compagnie de nantis, respectant avant tout l’argent. L’humain y est quantité négligeable et ne doit en rien nuire à la fête se déroulant dans un bar très spécial. L’organisateur ne manque pas de faire réagir, d’attirer l’antipathie, tant il est imbu de sa personne, sûr de sa supériorité. Parmi les invités, seule une jeune femme s’élève contre cette débauche. “Fermer le Big Bang” s’avère riche en trouvailles diverses. La fête prend une ampleur insoupçonnée au départ et se révèle d’autant plus révoltante. Le clonage autorise toutes les folies et la richesse semble s’affranchir de toutes limites. Ce texte fait passer bien des émotions, il est passionnant et permet de passer un très bon moment, pas forcément en bonne compagnie...

Le temps d’une expédition dans “La distorsion de Lebarne”, Dave Côté nous convie à une nouvelle de fantasy musclée. Créatures étranges, pouvoirs d’invocation, batailles... le grand frisson est au bout de l’aventure. Efficace et distrayant.

Jean Pettigrew débute “Pauvre Jack !” par une longue exposition à force descriptions pour mieux immerger le lecteur dans le Londres sordide de 1888. Le titre, la période et les lieux préfigurent du contenu, mais l’auteur réussit parfaitement à l’amener là où il le désirait. C’est bien vu et bien mené.

“Les Carnets du Futurible” sont consacrés au “Cosmos intérieur, ou l’évolution du planétarium”. Je pense que l’on sera nombreux à nous retrouver dans la présentation de Mario Tessier, à nous souvenir de notre première fois dans un planétarium, cette fenêtre sur les étoiles, sur cette immensité dont les éclairages nocturnes tendent à nous priver. Un article instructif, non dénué de nostalgie et exposant bien l’évolution du concept et son intérêt.

« Solaris 218 » s’avère très séduisant, autant par ses nouvelles variées que par ses deux articles de haute tenue. Un numéro qui nous amène très loin dans l’imaginaire.


Titre : Solaris
Numéro : 218
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Sagana Squale, Mac Pageau et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 218
Période : printemps 2021
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625668
Dimensions (en cm) : 13,2 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
16 avril 2021


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