Peter Jackson rêvait de donner sa version de « King Kong » depuis qu’il avait l’âge de 8 ans. « J’avais 8 ou 9 ans lorsque je vis « King Kong » un vendredi soir, à la télévision. L’impact fut tel que je décidai sur le champ de devenir réalisateur. Je me suis dit : « Je veux faire du cinéma, je veux être capable de faire des films comme « King Kong ». » L’effet fut aussi profond que durable. » Après une vaine tentative en 1996, Jackson s’attaque à ce gigantesque projet alors qu’il vient juste de terminer la trilogie du « Seigneur des anneaux ». Nombres de techniciens de ces films précédents mettent la main à la pâte et une fois le casting trouvé, Jackson se lance dans l’aventure.
Pour cette adaptation, le réalisateur garde l’ambiance et l’époque des années 30, tant pour justifier l’existence d’une île perdue au milieu de l’océan que pour permettre la scène finale sur l’Empire State Building. « Le clou du film serait, ici encore, la séquence de l’attaque des biplans sur King Kong, accroché au sommet de l’Empire State Building, et je ne voyais pas comment justifier la présence de ces avions dans un contexte actuel. » Jackson a une idée précise de son « King Kong », contemporain par les effets spéciaux et historique dans le récit.
Pour ce qui est du casting, Peter Jackson, fort de sa réputation, n’a pas eu de mal à réunir le trio principal d’acteurs.
Naomi Watts a été la première à faire partie de la distribution. Le cinéaste la voulait car, selon ses propos, « Il suffit d’observer ses yeux pour s’apercevoir que chacune des émotions qu’elle exprime, est sincère et profondément ressentie. » Elle a repris le rôle que Fray Way avait immortalisé. Une rencontre fut même organisée. Mais l’actrice mourut en 2004 et elle ne put faire une apparition dans la nouvelle version.
Jack Black fut le premier choix du réalisateur pour incarner Denham. Jackson avait une idée très précise du personnage de Denham. Il devait ressembler à Orson Welles. « Nous avons pris pour référence le jeune Orson Welles de l’époque du Mercury Theatre. Carl a cette énergie bouillonnante et contagieuse, cette détermination inflexible à réaliser son film par tous les moyens possibles et imaginables. [...] Cette approche nouvelle du personnage de Denham justifiant pleinement le casting de Jack Black. »
Adrien Brody complète le trio principal. Il tient le rôle de Jack Driscoll, le dramaturge. L’acteur avait la même vision du personnage que le réalisateur. Tout d’abord fragile et introverti, il devient, quand les circonstances l’exigent, un aventurier héroïque. Ce rôle permet aussi à Adrien Brody de présenter une nouvelle facette de son jeu et d’incarner un jeune premier.
Mais le personnage central du film est bel et bien Kong.
Le King Kong du réalisateur de Nouvelle-Zélande puise sa force dans l’interprétation de Andy Serkins. L’acteur, après avoir prêté ses traits à Gollum dans « Le Seigneur des anneaux », joue ici le rôle du singe géant. Tout en travaillant à partir d’une musculature et d’un squelette de gorille, les techniciens chargés des effets visuels développent un programme informatique qui transforme les expressions de l’acteur en gestuelle simiesque. Essentiel, cet exercice rend les expressions à la fois humaines et animales. Comme l’explique Joe Letteri, le superviseur senior des effets visuels : « C’est une nouvelle application du motion capture, résultant d’une combinaison de solutions anciennes. Nous avons créé un système informatique basé sur les états émotionnels. Il a fallu pour cela étudier les réactions des muscles faciaux humains, puis établir une correspondance entre la structure faciale humaine et celle du gorille. Après avoir analysé les synergies musculaires à l’œuvre dans telle ou telle expression, il a fallu encore dépasser la technique pour atteindre l’émotion pure et authentique. » Le travail fait sur ce Kong moderne répond à la volonté de Peter Jackson de montrer un singe solitaire, brutal, confronté chaque jour à une faune hostile, tels que les dinosaures.
Le jeu de Andy Serkins était capital et il a permis à Naomi Watts d’avoir un véritable échange avec un personnage recréé par animation. Peter Jackson évoque cette intéraction : « Andy était présent chaque jour sur le plateau et nous trouvions toujours une astuce pour le placer à la bonne hauteur et permettre ainsi à Naomi de fixer son regard sur lui, de lui parler, de scruter ses expressions, toutes ces choses qui ont contribué à une extraordinaire interprétation. Je ne pense pas que nous aurions obtenu cette intensité de jeu s’il n’y avait pas eu entre eux ces échanges. » Au jeu de l’actrice a répondu celui de Serkins, la garantie pour rendre la relation entre Anne et Kong plausible.
Contrairement à la trilogie dont la plus grande part de l’action a été filmée en extérieurs et en décors naturels, Jackson a tourné « King Kong » en studios. Car en plus de devoir recréer le New-York des années 30 et de tourner les scènes avec Kong devant un fond vert, Jackson voulait des décors inédits. « En regardant les merveilleux concepts numériques de « King Kong », avec ces arbres immenses tordus et déformés, ces ponts de pierre enjambant d’insondables abîmes, je me suis dit que nous n’en retrouverions jamais l’équivalent dans la nature. Cette jungle infernale ne ressemble à aucune autre. Nous avons donc très vite décidé de créer notre propre Skull Island. » Skull Island se révèle vite être une île terrifiante, avec sa tribu étrange, ses animaux démesurés et ses pièges naturels. Les costumes de la tribu sauvage sont très recherchés. Déconnectés de la réalité et du monde contemporain, les habitants ont des codes de survie qui répondent à des styles ancestraux. Pour rendre l’île attractive et dangereuse, Jackson laisse son imagination prendre le pas sur le réalisme.
Si l’action principale se déroule sur l’île, c’est dans New York que débute et se termine le récit. Pour recréer cette ville 100% fictive, le cinéaste a fait de nombreuses recherches à partir de photos et de dessins. Eileen Moran, la productrice des effets visuels parle de son travail : « C’était fascinant de voir renaître toute la cité en 3-D. Le superviseur infographique Chris White a écrit un programme qui permettait de créer des blocs entiers d’immeubles conformes dans les moindres détails à la réalité historique. Notre ville est à l’image exacte des superbes photos aériennes des années 30 qui nous servirent de référence. »
Avec la sortie en DVD du film, Peter Jackson voit son rêve entrer dans les maisons des cinéphiles en quête de sensations fortes. Il clôt enfin le chapitre de Kong : « Il peut sembler étrange que « King Kong » ait fait partie de ma vie si longtemps, qu’il soit depuis 35 ans mon film favori. [...] Ma dette à son égard n’a fait que croître, car c’est ce film qui m’a orienté vers la réalisation et a été le moteur de ma carrière. Tourner cette nouvelle version m’a permis de l’en remercier et de lui rendre hommage. »
LIENS YOZONE
=> La critique du King Kong de Peter Jackson
=> La critique du film original
=> Peter Jackson : Le seigneur de l’écran
=> La critique DVD : édition simple
A VOIR
=> la Bande Annonce
Quelques extraits
=> Time Square
=> Empire State Building
=> T-Rex 1
=> T-Rex 2