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Déçu et convaincu (un de chaque)
Smoke de Donald Westlake - Anansi Boys de Neil Gaiman
Délices & Daubes n°11


Après le trop sérieux Arthur (voir DD n°10) je me suis dit qu’une petite tranche de rigolade ne me ferait pas de mal. Alors, par hasard, en rangeant ma bibal de campagne, je trouve un Donald Westlake que je n’avais pas lu : Smoke chez Rivages /Thriller (403pp). Chic ! Je m’dis. Mais c’est pas un Dortmunder. Dommage ! Je m’dis.

Deux chercheurs, médecins homos, financés par l’industrie du tabac pour démontrer en toute malhonnêteté son innocuité, utilisent un cambrioleur comme cobaye, et celui-ci se retrouve invisible. C’est donc l’histoire de ce sympathique et malin cambrioleur qui, aidé par sa petite amie, essaye d’échapper à tous les méchants qui le poursuivent.

Mais c’est longuet, il y a plein d’épisodes inutiles pour faire des pages, dont des descriptions sans fin des autoroutes new-yorkaises.

L’humour est là, bien sûr, et on se gausse des flics pourris, des avocats marrons, des industriels du tabac, des gays new-yorkais, mais on ne croit pas un instant à l’histoire. D’ailleurs elle se termine en queue de poisson.

Bien déçu je fus. Pas du tout au niveau du drôlissime Dégâts des Eaux (voir DD n°6)... Pas en forme, Donald, là.

J’ai les moyens (et quel éditeur dingodacieux va oser m’envoyer des SP ?) alors je me payâtes Anansi Boys du célèbrissime Neil Gaiman (Le Diable Vauvert, 504 pp).

Je fais fort dans l’ouverture d’esprit en ce moment car j’avais très moyennement apprécié son American Gods ô combien adulé et primé. En fait, je n’avais rien compris car je suis très nul en religions de partout, dieux d’ici ou là, et toutes ces sortes de choses. Et les dieux de l’autoroute, des chemins de fer, de la télé ou de l’automobile, comment voulez-vous que j’intuite ?

Mais quand même, faut assurer dans les cocktails, alors j’ai acheté ce beau livre (belle couv, super maquette), et j’ai sincèrement bien aimé les garçons d’Anansi. Le style est simple, ça ne prend pas la tête, l’histoire est linéaire (je DETESTE les vingt-cinq histoires sans rien à voir les unes avec les autres et qui s’imbriquent à la fin). Et on comprend très bien tout ce qui se passe. Ou presque. Ou laissez-moi mes illusions.

Anansi est - paraît-il, je n’ai pas fait de recherches - un petit (ou grand ?) dieu africain qui a émigré aux Antilles, une araignée (d’où la couv) maligne qui a piqué les histoires (et les chansons) au méchant (et très bête) dieu Tigre. Il meurt (ah bon, les dieux sont mortels ? OK j’y connais rien, alors j’admets), et il laisse deux fils, un couillon timide comble du coincé et son contraire, élégant, danseur et dragueur. Le nul se fâche de l’autre, cherche l’aide de vieilles mamies sorcières et finit par comprendre, après moult aventures et rebondissements, (nous aussi, même avec un QI aussi modeste que le mien on peut deviner) que lui et son frère ne forment qu’un seul être, le descendant du dieu Anansi, donc dieu aussi.

Bref, il y a de l’action, de l’amour (oui mademoiselle !) de l’humour (je veux mon n’veu !) des idées, de l’imagination, du style. Des fois on dirait une sorte de polar, il y a même une fliquette de l’informatique qui joue dedans. Mais c’est indubitablement un roman fantastique d’aujourd’hui (il y a même un fantôme), écrit avec une plume légère et drôle, tout à fait sympathique, que je ne peux que recommander. Car ce n’est ni de la fantasy glauque qui dure des milliers de page, ni de la hard science SF qui fait mal à la tête ou vous fait bien ressentir votre bêtise. C’est cool et, en plus, c’est moderne tendance à la mode comme il faut dans les cocktails. Alors que demandez de plus ? Vous avez mon feu vert, foncez, c’est très bien ! Est-ce qu’on peut dire « délice » ? Oui on peut !

Vous pouvez aussi lire la critique, sérieuse celle-la, de Ketty Steward de la Yozone.


Henri Bademoude
1er août 2006


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