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Académie Avengers (l’), tome 1 : La Rentrée
Preeti Chhibber
Lumen, roman (USA), super-héros, 180 pages, mars 2021, 13,90€

Kamala Khan, jeune habitante de Jersey City issue d’une famille pakistanaise, combat le crime dans sa ville sous le costume de Miss Marvel. Grâce à ses pouvoirs, elle peut changer de taille ou s’étirer comme Ant-Man ou Mr Fantastic. Malgré tout, il n’est pas facile de concilier les cours au collège et son rôle de justicière. Après quelques arrestations de méchants (accompagnées de dégâts sur des bâtiments), Kamala est contactée par Carol Danvers, alias Captain Marvel, qui l’invite à suivre des cours à l’Académie Avengers, pour apprendre son métier de super-héroïne. Kamala y rencontre Miles Morales, un Spider-Man, et Doreen Green, dite Ecureuillette, une super copine qui se fait comprendre des animaux. Lorsque l’académie organise un décathlon en fin de semestre, ils font naturellement équipe et peuvent compter les uns sur les autres.



La galaxie Marvel ne cesse de s’étendre ! Avec cette nouvelle série, les plus jeunes entrent à pieds joints dans l’univers des super-héros qu’ils connaissent déjà par petits bouts, entre les films sortis ces 20 dernières années (qu’ils sont encore un peu jeunes pour avoir eu le droit de regarder), les dessins animés… c’est un nouveau pont idéal avec les grands frères et grandes sœurs (voire les parents). Parce que si la déferlante de films a mondialisé un socle commun de connaissances sur l’univers Marvel, nous autres Européens baignons moins dedans que les Américains. Néanmoins, pour l’avoir testé sur un cobaye français d’une dizaine d’années modérément exposé aux films ci-dessus, le bouquin marche du tonnerre !

Pourquoi ? Parce que ça parle de pré-ados super-héros, mais pas que !

Formellement, on est sur un roman très hybride, fortement illustré, mais aussi véritable patchwork de formats et de styles littéraires. On suit Kamala via son journal intime, mais aussi son blog où elle publie une fanfiction sur son idole Captain Marvel, on a des planches de BD pour les scènes d’action, comme un vrai comics – qui reste le support original des aventures de super-héros – des conversations SMS, des articles de presse, des affiches, des notes de cours des professeurs – Ant-man tient même un Instagram ! -, des fiches, des conversations rapportées présentées comme du théâtre… C’est bien simple, il est rare qu’il y ait plus de 4 pages d’affilée sous le même forme narrative ! Chacune à sa mise en forme, sa trame de fond qui correspond au support, et sa propre typo qui participe à son identification immédiate.

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Cela donne une autre cadence au récit, le projetant à l’essentiel et à la façon dont les personnages le vivent au quotidien, entre les formats modernes, imagés (BD, Insta, vidéo, SMS…) instantanés et les moments plus introspectifs (notes, journaux) où ils prennent le temps de revenir sur ce qui s’est passé et d’en tirer une leçon. James Lancett, l’illustrateur, s’en est donné à cœur joie, des croquis rigolos aux personnages déformés jusqu’à de belles planches assez super-héroïques.
Alors cela demande une certaine élasticité pour les vieux cerveaux de passer de l’un à l’autre, mais les plus jeunes, faibles ou gros lecteurs, ils adorent !

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Si c’est extrêmement contemporain sur la forme, le fond n’est pas en reste. Au-delà de la base attendue de jeunes enfants qui doivent apprendre à maîtriser leurs pouvoirs, ils apprennent surtout à les utiliser à bon escient. L’intrigue tourne autour d’un petit groupe de « mini-méchants » pas trop effrayants, dont l’un, Kid Apocalypse, se sent un peu mal avec cette étiquette qu’on lui a collée, et préférerait rejoindre l’équipe de Miss Marvel. On suivra ses tiraillements entre sa fidélité à son groupe et ses vraies valeurs.

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Les jeunes héros apprennent et (re)découvrent surtout la valeur de l’amitié, et la force de la solidarité. En devenant amis, en se voyant “sans masques” en dehors des cours, Kamala, Miles et Doreen sont plus soudés et plus unis, leurs forces s’additionnant pour combler leurs faiblesses individuelles. Bref, le pouvoir d’une équipe !
Les plus observateurs auront noté dès la couverture que le trio est issu des minorités (un afro-américain, une pakistanaise, et une rousse -pardon :-) ), un point très positif pour l’identification des jeunes lecteurs, loin des images originelles des super-héros grands, costauds et surtout blancs. Mais cette diversité n’est pas surexploitée, au contraire, elle est simplement présente, et normale.
On suit surtout Kamala, et il est appréciable de voir que sa vie ne tourne pas qu’autour de son pouvoir. Issue d’une famille pakistanaise, musulmane pratiquante, elle doit jongler avec une mère protectrice, des parents nombreux, de bons conseils issus du Coran et quelques mensonges pour conserver son identité secrète. Elle peut pour cela compter sur ses amis d’enfance, Bruno et Nakia, à qui elle a dit la vérité depuis longtemps. On espère que les deux groupes d’amis se croiseront dans le prochain volume ! Volontaire et dynamique, Kamala se laisse parfois emporter par son enthousiasme. Elle va vers les autres, affrontant sa timidité. Miles s’avère un bon partenaire, toujours prêt à soutenir, mais il est assez discret et effacé – ce qui colle bien avec sa capacité à se rendre invisible ! Enfin Doreen est à l’inverse assez exubérante, une pile électrique fonceuse et débordante de gentillesse. Un peu à part, Evan “Kid Apocalypse” est pour sa part assez torturé, peinant à trouver sa place et à s’affirmer.

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L’humour est omniprésent, avec des situations déconcertantes causées par les pouvoirs des uns et des autres, des super-héros qui s’improvisent professeurs – alors que les plus grands savent bien qu’ils ont déjà du mal à s’occuper d’eux-mêmes, alors se montrer en exemple… Malgré une pointe de danger et le stress d’intégrer une école supplémentaire, ce semestre se passe dans la bonne humeur, qui s’équilibre avec la construction de vraies amitiés et un gain de maturité de chacun.
Bref, le cocktail parfait, direct et sincère pour un petit roman d’apprentissage de la vie avec les autres, les petites victoires du quotidien sur ses peurs, sous son costume de super-héros (ou pas).


Titre : La Rentrée
Série : L’académie Avengers, tome 1
Autrice : Preeti Chhibber
Traduction de l’américain (USA) : Camille Cosson
Couverture : Katie Finch
Illustrations : James Lancett
Éditeur : Lumen
Site Internet :
Pages : 180
Format (en cm) : 21 x 13,5 x 1,5
Dépôt légal : mars 2021
ISBN : 9782371022775
Prix : 13,90 €



Nicolas Soffray
8 avril 2021


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