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Mahaut (tome 2) et le Vagabond de Bouc-Etourdi
Sophie Noël
Gulf Stream, Premiers romans, roman (France), médiéval-fantastique, 158 pages, octobre 2020, 12,90€

Après les événements du printemps à Chêne-au-Loup, le calme est revenu avec l’hiver. Malgré une poussée de fièvre et quelques rêves étranges, une nuit Mahaut suit au-dehors un chat noir aux yeux luisants, qui veut clairement lui montrer quelque chose. La jeune fille découvre une petite chouette clouée à un arbre ! Malgré sa propre faiblesse, elle la délivre et commence à la soigner, lorsque deux garçons débarquent. A leurs échanges, Mahaut comprend qu’ils cherche la chouette crucifiée, dont leur maître a besoin pour une mystérieuse potion. Leur maître qui n’est autre que Zacharia !
Pendant ce temps, sur les chemins, un homme amnésique erre, accompagné d’un ours. A la recherche de son passé, il consigne sur un carnet chaque souvenir qui lui revient.



Après les sommets de suspense et de frisson de « Mahaut et les Maudits de Chêne-au-Loup », ce second volet ne dément pas le talent de Sophie Noël pour susciter l’émotion chez son lectorat, sans artifice superflu.
La surprise initiale, ce flou entre roman d’aventure et de fantastique, s’est certes dissipée, et les personnages bons comme mauvais nous sont connus, mais le plaisir de les retrouver, la gentille Mahaut, un rien téméraire, et toute sa bande de copains prête à venir à sa rescousse malgré le danger.

Une nouvelle fois, Mahaut incarne très bien un personnage déterminé, porté vers les autres, au risque de sa propre sécurité : elle aide la chouette, et une fois capturée par les deux jeunes sbires de son oncle, elle tentera également d’arracher le plus jeune à son emprise. C’est son désir d’aider les autres qui la pousse, ne jamais les abandonner, malgré la peur, sa fièvre et son jeune âge.
Dans la bande, on retrouve les mêmes qualités à l’échelle du groupe, où chaque caractère est complémentaire. Aurèle, plus âgé, rassure les plus jeunes mais les tempère aussi. Ensemble, ils surmontent la peur de la forêt, une nouvelle descente dans les souterrains aux rats ou les créatures de Zacharia.

L’autrice entretient le mystère pour le mystère avec son vagabond à l’ours : les plus âgés auront deviné sans les indices de ses premiers souvenirs qu’il s’agit bien entendu de Tristan, le père de Mahaut. Son journal d’errance puis le récit des quinze dernières années, s’il peut paraître un peu redondant (à mes yeux, sûrement pas à ceux des 10-12 ans), lèvent le voile sur les origines de la malédiction, et même les plus jeunes pourront en saisir toutes les subtilités et les nuances : d’Ogier au nouveau seigneur de Bouc-Etourdi en passant par Fanny et sa mère, tous trouvent des explications à leurs gestes, sinon des circonstances atténuantes. Seul peut-être Zacharia, malgré les efforts de son frère, reste désespérément aigri et mauvais.

Le fantastique est toujours présent, entre la potion de Zacharia, son pouvoir sur les oiseaux et ce mystérieux chat noirs aux yeux brillants. On découvre aussi que le pouvoir de Mahaut lui vient de son père.

La couverture de Julie Rouvière est toujours aussi attirante, intrigante, et le vernis sur les griffes noires comme l’or du titre achèvent de faire de ce petit roman un vrai bijou.

Alors oui, la surprise du premier tome n’est plus là, mais l’immersion et l’identification sont immédiates, car l’autrice sait mettre les émotions de ses personnages au même plan de les rebondissements de l’intrigue et les scènes d’action. C’est fluide et palpitant, court mais dense, le vocabulaire est agréablement soutenu (sans être difficile), et on a du mal à poser le livre avant la fin.

Les choses se finissent bien, du mieux qu’on pouvait le souhaiter, mais avant cela l’autrice insiste à juste titre sur la violence de certains choix nécessaires, opposant Tristan et Colombe, qui poussera les plus jeunes à s’interroger de même. Pour ma part, je me demande quel danger guettera la rousse jeune fille la prochaine fois. Car on espère qu’il y aura une prochaine fois !

Bref, que du bon, sur fond et la forme, à cent lieues de la fantasy pleine de fureur et de guimauve que les éditeurs proposent trop souvent aux ados. Avec Gulfstream et « Mahaut », ils partent avec de meilleures bases, et on ne peut que l’apprécier.

Pour les plus grands, dans la même veine, je ne saurai que conseiller « Ladyhawke » de Joan D. Vinge et le film qui en a été tiré (très marqué années 80, mais qui a justement ce charme épuré de peu d’effets spéciaux) et « Belle », reprise de la Belle et la Bête, de Robin McKinley (2 chroniques enthousiastes ici et )


Titre : Mahaut et le vagabond de Bouc-Etourdi
Série : Mahaut, tome 2
Autrice : Sophie Noel
Couverture : Julie Rouvière
Éditeur : Gulfstream
Collection : 9/12 ans
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 158
Format (en cm) : 22 x 14 x 1
Dépôt légal : octobre 2020
ISBN : 9782354887957
Prix : 12,90 €


- tome 1 : Mahaut et les Maudits de Chêne-au-Loup
- tome 2 : Mahaut et le vagabond de Bouc-Etourdi


Nicolas Soffray
28 janvier 2021


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