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Galaxies n°68 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°68, SF - nouvelles - articles - critiques, novembre 2020, 192 pages, 11€

Maintenant que les deux Jean-Pierre, Andrevon et Fontana, ne s’occupent plus d’un numéro sur trois avec la version « Mercury » de « Galaxies », ce n’est pas pour autant que cette formule a été abandonnée. En effet, ce numéro 68 est bel et bien un « Galaxies »/« Mercury ».
Le sommaire est très cloisonné avec une partie Nouvelles, un dossier Boris Vian, un hommage à Alain le Bussy, un grand article sur la Covid et la partie rédactionnelle.



**Les nouvelles**

“Que restera-t-il de ton âme ?” de Sylven Norden a terminé seconde du Prix Alain le Bussy 2020. Dans un lointain futur, une chamane revient sur sa vie, elle se souvient de temps anciens. Les profondeurs de la terre abritent un mystérieux coffre, loin d’être anodin. L’ensemble prend très bien, s’avère plaisant et empreint de poésie.

La distanciation sociale est au cœur du texte du Roumain George Bragadireanu. Chaque Terrien est confiné dans un kilomètre carré. Dans ces conditions d’isolement total, réussir le test pour quitter cet état s’avère un enjeu de survie, rien de moins. “Confinement” ne manque pas d’à-propos et illustre la détresse de la solitude sans aller trop loin dans la démonstration.

À travers quelques extraits de son “Carnet du voyageur immobile”, l’artiste Bert Domeh partage des dessins d’architectures improbables, de robots arborant le sourire... dans une ambiance très steampunk. C’est plutôt réussi et non dénué d’humour. Une parenthèse bien vue.

**Le dossier Boris Vian**

En charge de ce dossier, Lea Grivoust présente “Boris Vian à la rencontre de la SF”, comment il en est arrivé à son intérêt pour ce genre jusqu’à traduire une dizaine de nouvelles ou romans. Citons « Le monde des Ā » et sa suite de A.E. Van Vogt qui ont eu un succès retentissant en France.
“Les vivisculpteurs” de Wallace West figure justement parmi les traductions effectuées par Boris Vian. Celle-ci est parue dans « France-Dimanche » en 1952. Pour les riches, changer de corps va de soi. Alors qu’importe les excès ? De l’humour et de la morale dans un texte qui date de 1939 mais s’avère toujours agréable à lire.

L’illustration de couverture de ce numéro est l’œuvre de Siné (1928-2016) et accompagnait la nouvelle “Le danger des classiques”. Dans un labo, une machine est sur le point d’être finalisée. Elle est destinée à une tâche très importante, mais un geste inconsidéré d’une amoureuse vient gâcher tout le travail... Amusant et mordant.

Dans “Qu’est-ce qu’il faisait, le jeune docteur Frankenstein en mai 1981 ? et en mai 1981 ?”, Jean-Pierre Andrevon met en scène trois figures historiques ramenées à la vie pour qu’elles puissent accomplir leurs destins. Mais les choses sont loin d’aller comme le jeune docteur l’imaginait. Boris Vian est justement du lot, mort bien trop jeune à 39 ans lors de la projection de l’adaptation de « J’irai cracher sur vos tombes ». Un texte qui fait mouche et joue avec des personnages fictifs aussi bien que réels. Un bel exercice.

“SF et chansons” montre également le talent de Boris Vian à explorer différentes formes d’expressions. Il s’agit d’une très bonne et inattendue idée de dossier qui est bien menée et donne envie de revenir sur ses œuvres.

**Hommage à Alain le Bussy**

Alain le Bussy est décédé il y a tout juste 10 ans suite à une opération qui aurait dû être bénigne. Dominique Warfa qui l’a bien connu décrit son parcours littéraire dans l’article “Croisière au long du Fleuve”. Il était vraiment très prolifique et se lançait dans des cycles au long cours.
Le texte de Laurent Whale, “Le garçon qui écrivait plus vite que son ombre”, colle très bien avec le personnage, ce qui était justement le but de ce texte qui lui était destiné pour un ouvrage tiré à quelques exemplaires.
Et pour finir, “La vérité sur les changements climatiques” qu’Alain le Bussy a écrit en un peu plus de deux heures pour répondre à un défi. Le réchauffement de notre planète est-il le résultat seul de l’action humaine ? Ou est-ce une puissance autre qui agit dans l’ombre ? Pour résumer, c’est rapide et efficace !

Un hommage qui reste sobre mais atteint parfaitement son but : montrer qui était Alain le Bussy à travers son parcours et une nouvelle, et qu’il était extrêmement apprécié.

**Le grand article**

Jean-Michel Calvez s’est lancé dans l’étude “Covid et Science-fiction : Résilience et renaissance”. Sur plus de quarante pages, il évoque cette pandémie. Il fallait oser, il l’a fait et s’en tire très bien. C’est écrit petit, mais l’ensemble organisé en deux parties, car la première a été rédigée en 2018, avant que cet essai ne soit complété entre mars et septembre 2020, s’avère intéressant tout du long. Il appuie son propos sur quelques romans jugés réalistes, entre autres, « L’année du lion » de Deon Meyer et « Station Eleven » d’Emily St. John Mandel. C’est assez touffu, part dans de nombreuses directions, mais Jean-Michel Calvez donne bien des pistes de réflexions et soulève de nombreux points intéressants. À lire et à méditer pour tenter de tirer des leçons de cette crise qui marque un avant et un après.

**Et le reste**

Viktoriya Lajoye interviewe le critique russe Vassili Vladimirski. Il est toujours instructif pour un lecteur français d’avoir un aperçu intérieur de la production SF d’un pays. Ici, il s’agit de la Russie et un de ses éminents acteurs en partage sa perception, bien loin de la nôtre, dirais-je.
Nouvelle série d’articles avec “Séries-Graphies”. Je trouve dommage que la première partie sur Philip K. Dick soit à suivre. Pourquoi ne pas avoir gardé la seconde partie sur « Dark » pour la prochaine livraison afin de lui faire de la place ? Après la BD, puis la musique, les films au cinéma, le tour des séries télé est arrivé. Rien d’étonnant quand on voit leur nombre sur les plateformes de streaming.
Romain Dasnoy, co-auteur du « Guide des séries de science-fiction » (Ynnis, 2018), se prête à un entretien pour la première de cette rubrique dirigée par Guillaume Lanuque.
Un ensemble de chroniques littéraires et cinéma achève ce numéro 68.

Plusieurs axes sont développés dans ce « Galaxies » qui est vraiment très plaisant à parcourir. Boris Vian, Alain le Bussy, la Covid... les sources d’inspiration ne manquent pas et forment un tout de très bonne tenue. Un excellent numéro !


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 68 (110 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Siné
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : novembre 2020
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251118
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21,1
Pages : 192
Prix : 11€


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
16 janvier 2021


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