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La couleur venue d’ailleurs chez Bragelonne
Howard Philips Lovecraft
Bragelonne, traduit de l’anglais (États-Unis), fantastique, 65 pages, octobre 2020, 6,90€


Une météorite tombe à proximité d’une ferme ; d’étranges, d’incompréhensibles, d’épouvantables évènement s’ensuivent. Ce motif initial pourrait à présent passer pour éculé, tant il a été repris, pillé, plagié, imité, détourné, depuis la parution, au début du vingtième siècle, de ce texte fondateur.

Plus connue sous le titre « La Couleur tombée du ciel  », cette «  Couleur venue d’ailleurs  », dont la première publication en langue originale remonte à 1927, déroule la mécanique inexorable de l’épouvante. Du constat et des expériences des scientifiques de l’Université de Miskatonic venus prélever un fragment de cet étrange aérolithe, de la simple étrangeté croissant en horreur sourde, puis montant un à un les degrés de l’atroce et de l’effroi, évoluant jusqu’à une série de paroxysmes au terme desquels une conclusion plus inquiétante encore laissera entendre que l’horreur ne saurait avoir de fin, cette «  Couleur venue d’ailleurs  », dont le crescendo semble ne devoir jamais cesser, apparaît comme l’œuvre d’un virtuose.

Construite selon une structure désormais classique, obéissant à l’implacable logique de la fatalité, cette «  Couleur venue d’ailleurs  » accumule des thèmes dont Lovecraft est féru : la contagion, la contamination, la corruption malsaine, l’altérité incompréhensible. Il y a dans la description en même temps poétique et morbide des changements survenant dans la nature autour du point d’impact du météore quelque chose qui fait frémir, dans les éléments simplement suggérés quelque chose qui fait frémir plus encore, et dans le caractère inexorable et cauchemardesque de l’ensemble quelque chose qui s’inscrit durablement dans l’imagination. Les anomalies qui apparaissent progressivement chez les volailles et les porcs, puis chez les animaux sauvages, la lente dégénérescence physique et mentale de la famille de fermiers, le tout baignant dans un spectre de couleurs indicibles, n’en finissent pas de jeter le trouble, de l’accroître jusqu’à l’horreur absolue.

Radioactivité, virus ou entité nébuleuse réfugiée dans le puits à proximité du point d’impact, peu importe : les lecteurs ne sont pas près d’oublier cette horreur tombée du ciel qui contamine tout, les plantes, les animaux et les hommes, les embellit, les dote d’un éclat trompeur, les effrite en poudre grisâtre. Classique lovecraftien maintes fois réédité, cette « Couleur tombée du ciel » ou «  Couleur venue d’ailleurs  », écrite depuis maintenant près d’un siècle, n’a rien perdu de sa formidable puissance d’évocation. Comme pour « L’Horreur à Dunwich » et « L’Appel de Cthulhu », le lecteur appréciera le soin apporté à la réalisation de ce petit volume : illustration de couverture élégante et sobre, titre rouge cuivre à reflets métalliques, couverture cartonnée à rabats. Une qualité qui tranche avec les habituels livres au format de poche et qui permet à ces nouvelles de prendre une place parmi les volumes que l’on lit et que l’on collectionne, comme la très belle série des Une Heure Lumière édités au Bélial.


Titre : La Couleur venue d’ailleurs (The Color Out of Space,1927)
Auteur : Howard Philips Lovecraft
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Arnaud Demaegd
Couverture : Hokus Pokus Créations / Shutterstock
Éditeur : Bragelonne
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 65
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : octobre 2020
ISBN : 9791028121099
Prix : 6,90 €


Hilaire Alrune
7 décembre 2020


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