Retour dans la capitale belge sous occupation allemande
Alors qu’elle file un coup de main (j’adore cette expression) à sa mère pour ranger le grenier, Kathleen tombe sur un paquet de planches de BD, accompagné d’une note, qu’un vieil ami de la famille avait confiés il y a des années à son défunt père. La lecture de la note la renvoie en 1943. À l’époque, Bob, un ami de son père, et sa fille Suzanne, une de ses copines de classe, venaient régulièrement le dimanche déjeuner chez eux. À la fin du repas, les deux fillettes s’éclipsaient dans la chambre de Kathleen en abandonnant sa mère au beau milieu d’une discussion passionnée entre leurs pères respectifs. Auteur de BD, le Père de Suzanne profitait effectivement de leur rencontre pour montrer ses dernières planches au père de Kathleen...
Mêlant astucieusement, à l’instar des épisodes précédents, faits historiques et fiction, “Bruxelles 43” raconte comment Bob, auteur d’une bande dessinée parodique “Adolf et Herman, son berger allemand”, se retrouve impliqué dans le projet fou du Front de l’Indépendance : écrire, composer, imprimer et diffuser une fausse édition du journal collaborationniste Le Soir pour ridiculiser l’occupant allemand. Comment aussi, se sentant espionné par un collaborateur rexiste, Bob va finalement confier ses planches au père de Kathleen. Si cette dernière, âgée de 12 ans, ne comprend pas grand chose à la guerre et est donc moins présente que dans les opus précédents, elle illustre un moment fort de cette bande dessinée, ou plutôt reconstitution dessinée, en se retrouvant avec Suzanne, la fille de Bob, et Yvonne, la fille d’un rexiste, sous le feu d’un bombardement allié.
Une reconstitution dessinée
L’expression “reconstitution dessinée” n’est en effet ici aucunement galvaudée, tant les décors et l’ambiance irrespirable de cette fin d’été 43 sont soigneusement restitués. Rafles anti-juifs, marché noir, le scénario de Patrick Weber n’oublie rien et se révèle passionnant. On y apprend un tas de choses, enfin quand on n’est pas un spécialiste de l’occupation allemande de la Belgique, tant sur le rexisme, que sur les exploits de la résistance, ou encore sur le microcosme de la bande dessinée de l’époque. Le scénario, malin, inclut en effet Edgar P. Jacobs et Georges Remi (Hergé) en guest-stars. Quant à la classieuse ligne claire de Baudouin Deville, elle profite une nouvelle fois de la somptueuse mise en couleur et lumière de Bérengère Marquebreucq.
Comme “Léopoldville 60”, que j’avais déjà adoré, “Bruxelles 43” est complété par un dossier didactique de 8 pages et de la liste des nombreux édinautes (dont votre serviteur) qui ont financé cet album. Quant à moi, il ne me reste qu’à trouver un exemplaire de “Sourire 58” (que j’ai raté à sa sortie) pour concocter un dossier sur ce désormais phénomène de l’édition participative en attendant son prochain opus qui se déroulera en 1967.
Bruxelles 43
Scénario : Patrick Weber
Dessin : Baudouin Deville
Mise en lumière : Bérengère Marquebreucq
Editeur : Anspach
Pagination : 64 pages couleurs
Format : 24 x 32 cm
Date de parution : 9 octobre 2020
ISBN : 978-2960210491
Prix public : 14,50€
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Illustrations © Baudouin Deville / Anspach