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Battle Royale
Koushun Takami
Calmann-Lévy, 2006, 24 €

Après ce premier roman, best-seller au Japon et ailleurs, son auteur a quitté le journalisme et se consacre désormais à l’écriture. Ce livre semble être destiné aux amateurs de culture japonaise, et de gore.



La « battle royale » est une sorte de « must » du catch, où des dizaines de catcheurs se battent jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Dans ce roman, cela concerne des adolescents, des collégiens de 3e, filles et garçons. Mais ce n’est pas du catch, c’est une lutte à mort. Cela se passe dans un Japon parallèle, totalitaire, fasciste mais riche. On suppose que, malgré tout, c’est assez ressemblant par ses valeurs (travail, honneur) et ses coutumes et traditions (cérémonie du thé par exemple) au Japon actuel. D’où la réputation de « satire » du livre.

On comprend vite le schéma et j’avoue n’avoir lu que les 140 premières et les 100 dernières de ces 567 pages. Parce que l’histoire est longue mais simple : c’est le massacre des uns par les autres, bien moche et en détail avec énucléations, membres coupés, intestins qui se répandent comme des saucisses, tête à demi-arrachée à la serpe, cervelle éjectée, liquides rosâtres, flaques de sang, et j’en passe, à tous les chapitres. Sachant que, des 42 élèves de la même classe contraints à jouer ce « jeu », encadrés par des militaires sur une île isolée, il en restera 1 (ou 2 ou 3, je laisse quand même le suspense pour les amateurs), j’ai zappé entre [Reste : 29] et [Reste : 7]. Étrangement, je n’ai pas du tout eu l’impression d’avoir manqué quelque chose d’important.

Pendant cette tuerie inexorable, l’auteur nous décrit l’univers mental des collégiens japonais, leurs amitiés, leur passé dans leurs familles, leurs amours. Pour un sociologue on imagine que cela peut présenter un intérêt.

Quel est le fond de ce livre ? Où est le message ? Il est expliqué à la fin par l’adjudant méchant maître du jeu macabre. Pour que personne ne conteste cette société injuste, on tue chaque année des milliers de jeunes au travers de ce « programme », pour que tous soient persuadés que l’on ne peut faire confiance à personne, ni à son meilleur ami, ni à son amoureux ou amoureuse et que, donc, on ne peut pas fonder un groupe ou un parti contestataire ni y participer. L’auteur veut donc nous faire comprendre qu’il faut s’aimer et se faire confiance les uns les autres pour pouvoir contester la société. Le message n’apparaît pas très original, et l’argumentaire est plus que léger.

L’auteur, qui écrit bien, c’est indéniable - ou qui est bien traduit, ils s’y sont mis à trois en passant par l’anglais !! -, se complaît avec talent dans la description des boucheries en tout genre avec toutes sortes d’armes et dans celle des méandres psychologiques des adolescents et adolescentes japonaises (rejet mais pas trop des traditions, amours contrariées, envies et désillusions amoureuses et amicales).

Comme dans un mauvais film il y a des rebondissements à la fin, très prévisibles, et comme dans un mauvais film, malgré tous ces morts, cela finit bien pour notre gentil petit couple de héros. On a d’ailleurs tiré de ce roman un film (que je n’ai pas vu) et des mangas (que je ne lirai pas).

Si vous ne vous passionnez ni pour les massacres ni pour le romantisme des adolescents en uniforme, ce livre vous semblera totalement dénué du moindre intérêt.

- Titre : Battle Royale
- Auteur : Koushun Takami
- Traduction : Patrick Honnoré, Tetsuya Yano et Simon Nozay
- Éditeur : Calmann-Lévy
- Collection : Interstices
- Couverture : Izumi Evers, Benjamin Carré
- Nombre de pages : 567 pages
- Dépôt légal : août 2006
- Format : 15 x 22
- ISBN : 2-7021-3673-7
- EAN : 9782702 136737
- Prix : 24 euros


Hervé Thiellement
31 juillet 2006


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