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Jamais assez
Alice McDermott
La Table Ronde, La Nonpareille, traduit de l’anglais (États-Unis), 39 pages, avril 2020, 4 €

Après le récit de fantastique ferroviaire « Mary Ventura et le neuvième royaume » de Sylvie Plath, à qui est revenu l’honneur d’inaugurer cette nouvelle collection des éditions La Table Ronde, après l’inquiétant « Los Angeles » d’Emma Cline et « Halfon, Boy », de l’écrivain guatémaltèque Eduardo Halfon, voici, dans un registre encore différent, « Jamais assez » d’Alice Mc Dermott, une nouvelle initialement parue dans le New Yorker en avril 2000, en attendant une parution plus en lien avec les domaines de l’imaginaire, « La Reine des souris » de Camilla Grudova.



« Pêche, fraises et vanille. La valeur sûre. Brownie, noix de pécan caramélisées, menthe-pépites de chocolat. »

En trente-neuf petites pages, en un petit livre qui ne pèse que quelques dizaines de grammes, Alice Mc Dermott nous propose du lourd, le poids de la gourmandise et de quelques centaines de milliers de calories. Une nouvelle discrète, sans rien d’outrancier, mais dont la sobriété apparaît plus efficace que tout artifice. « Jamais assez », c’est en effet l’histoire d’une jeune fille qui découvre très tôt ce que sera l’essentiel de sa vie : la chair et la crème glacée. Et surtout la crème glacée.

Il faut dire aussi que cette jeune fille, puis cette femme épanouie, puis cette femme plus âgée, d’un bout à l’autre de son existence, ne parviendra jamais – et ne cherchera même pas – à y aller avec le dos de la cuillère. On commence par lécher ladite cuillère, puis le fond des coupes, puis celui des plats, et insidieusement on dérive, et on finit par se relever la nuit pour aller piller le frigo de ses hôtes.

Il n’y a pas grand-chose de plus universel que cette gourmandise, que ces dépendances dans lesquelles l’on plonge sans le savoir et dont on ne sortira jamais, de ces appétences naturelles, de ces premiers contacts avec l’objet de ses addictions qui déterminent immanquablement de quoi seront faites nos vies. Tout l’art d’Alice Mc Dermott est de rapporter la chose à travers les faits et les regards de son entourage, sans chercher explication ni jugement. Ni éloge ni condamnation, ce « Jamais assez  » apparaît comme un petit livre à offrir à des gourmandes, du moins à celles qui auraient assez de recul sur leurs faiblesses pour ne pas prendre la mouche, assez de recul pour ne pas compenser en se jetant sur le premier bac de menthe-pépites de chocolat venu.


Titre : Jamais assez (Enough, 2000)
Auteur : Alice McDermott
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Cécile Arnaud
Couverture : Cheeri
Éditeur : La Table Ronde
Collection : La Nonpareille
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 39
Format (en cm) : 16,5 x 10,5
Dépôt légal : avril 2020
ISBN : 9791037106551
Prix : 4 €



La Nonpareille sur la Yozone :

- « Mary Ventura et le neuvième royaume » de Sylvia Plath
- « Los Angeles » par Emma Cline
- « Halfon Boy »par Eduardo Halfon
- « La Nonpareille »


Hilaire Alrune
19 septembre 2020


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