Après le succès des 5 tomes de « L’Héritier des Draconis », la nouvelle série de Carina Rozenfeld, magnifiquement accrocheuse grâce aux illustrations « choupinoutes » de Xavier Collette, nous emporte dans un petit village, avec lac au monstre légendaire, vieux manoir abandonné propices au mystères et au fantastique.
Il y a une petite dimension thriller très vite installée : les parents d’Olivia refuse de la croire, qu’il s’agisse des monstres ou des manigances des ouvriers de M. Helvis, qu’elle a découvertes en désobéissant à l’interdiction de traîner sur le chantier. Très vite, elle va donc outrepasser les adultes et se fier à sa nouvelle bande d’amis pour dévoiler le plan des vilains.
Ou plutôt ses bandes d’amis, car il y en a deux : ses nouveaux camarades de classe, qu’elle fréquente la journée, qui lui apprennent l’histoire du village, du manoir, la légende du monstre du lac, et ceux plus poilus, bizarres et magiques qu’elle retrouve ensuite, la nuit et les mercredis, de l’autre côté des passages flous entre leurs mondes. On y découvre les jeunes monstres, leurs parents, un monde pas si différent : ils vont aussi à l’école (en plain air).
C’est plein de bons sentiments et de valeurs positives sur l’acceptation de l’Autre, qu’il soit monstre ou juste nouveau dans la classe. Destiné aux lecteurs du même âge qu’Olivia, il rassurera tous ceux qui changent d’école ou de mode de vie.
Les rebondissements sont classiques et assez nombreux, et permettent de poser les bases de la série. On appréciera l’usage en parallèle de la magie et de la technologie, complémentaires pour résoudre la quête qui attend Olivia, Yim et les autres. La gamine découvrira étape par étape l’histoire du manoir et l’objet de leur quête. Si d’un point de vue littéraire cela donne une impression d’avancée en dents de scie, c’est toutefois parfaitement logique, l’héroïne étant plus souvent emportée par son enthousiasme d’agir que par l’envie d’accumuler quantité d’informations pas forcément pertinentes, d’y réfléchir et peut-être d’aller droit au but. Et cela n’en rend la lecture que plus naturelle, hormis quelques répliques de Lucas, le fils du maire, un rien professorales.
L’histoire se termine sous de bons auspices, laissant quelques ombres planer, un danger encore plus grand que quelques chambres d’hôtel détruites, et un personnage secondaire, le sorcier Eroban, dont la position peut sembler un peu trouble.
On peut s’en tenir là sans souci, ou on lira la suite avec plaisir. Le second tome est déjà paru (« Le Monstre du lac », qui nous le savons s’appelle Gertrude) et le troisième doit sortir ces jours-ci (« la Pierre d’Onophior », qui ne nous est plus inconnue en fin de tome 1).
Très facile à lire avec des chapitres courts et une prose fluide, idéal pour initier au fantastique, alternant frisson, émotion et humour, ce premier « Monstr’Hotel » touche parfaitement sa cible des jeunes lecteurs, dès le CM. Les plus grands le liront sans déplaisir en une paire d’heures, appréciant le travail de fond parfaitement invisible sur le traitement des genres et la psychologie des enfants, les valeurs d’entraide et de tolérance, mais l’intrigue ne les surprendra guère.
Un gros regret, toutefois, pour les énormes coquilles qui ont échappé à la relecture : des groupes de mots répétés (« dans la tombe dans la tombe », p.112), le monstre Kuma qui devient plusieurs fois Kumi, « déconcentra à Olivia » p.76, « créatures de cauchemardesques » p.96... tellement grosses que mon grand de 10 ans les a vues ! Incident malheureux et on l’espère sans suite dans une maison qui a toujours apporté un grand soin à ses ouvrages.
Titre : Les Chasseurs de trésor
Série : Monstr’Hotel, tome 1
Autrice : Carina Rozenfeld
Couverture et illustrations intérieures : Xavier Collette
Éditeur : Gulf Stream
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 213
Format (en cm) : 22 x 14 x 1,5
Dépôt légal : septembre 2019
ISBN : 9782354887025
Prix : 13,90 €