C’est au collège de Cleveland que les deux artistes se rencontrent. Une fois amis, ils y coéditent un fanzine pour lequel ils créent un personnage. C’est ainsi qu’en janvier 1933, sort le n°3 de Science fiction the advance guard of the future civilisation. Il contient The reign of Superman dans lequel Superman est un vilain qui, victime d’un scientifique fou et chauve, acquiert des super pouvoirs. En lisant attentivement le courrier des lecteurs, on peut y découvrir une lettre d’un jeune fan nommé Julius Schwartz, qui deviendra par la suite un célèbre rédacteur chez DC (l’éditeur historique de Superman). Puis en 1933, en découvrant le titre Detective Dan, Shuster se dit que Superman ferait un très bon personnage de comics et écrit The Superman qu’il propose à l’éditeur Dan’s publisher. Ce dernier le refuse et de déception, Schuster détruit le manuscrit, ne sauvant que la couverture.
Par la suite, l’éditeur Pulp édite Street & Smith qui contient une publicité pour Doc Savage avec une couverture similaire à la couverture alternative de The Superman. Toujours assuré du potentiel de sa création et avide d’être publié, il recrée le personnage. C’est donc pendant une nuit d’été de 1934 qu’il écrit Weeks of comic strips où sont créés Krypton, Jor-L, Iora et Kal-L. Schuster y parle aussi de la naissance de Kal-L (Superman), de la destruction de Krypton et de son arrivée sur Terre. On y découvre aussi son identité terrienne, Clark Kent, et Loïs Lane. Enfin, déjà, le costume bleu, rouge et jaune y apparaît. Siegel proposera le S dans un triangle tandis que Schuster imaginera la cape.

S’ensuit une période de trois années de prospection. Les auteurs présentent leur travail à 17 maisons d’éditions qui rejettent toutes le projet. Tous les arguments y passent. “Absurde”, “exotique” sont les adjectifs utilisés. L’éditeur Esquise feature ne prête que peu d’attention au dessin pourtant déjà très moderne. L’éditeur Bells leur dit que l’histoire n’est pas assez extraordinaire pour leur catalogue. Tandis que l’éditeur United feature affirme que c’est un travail non fini qui lassera rapidement les lecteurs.

Mais finalement la persévérance va payer. Ils rencontrent d’abord Sheldon Meyar, un rédacteur de Mc Clur syndicate, qui adore le personnage mais ne parvient pas à convaincre son patron Mc Gaines. Un jour, Harry Donenfeld, rédacteur chez DC, à la recherche d’histoires pour un nouveau titre, téléphone à Gaines. Sur l’insistance de Meyar, Gaines propose alors Superman. Donenfeld le montre ensuite à son rédacteur en chef Vince Sullivan qui l’achète aussitôt. Il est certain que c’est un travail bon et différent, avec de l’action, ce qui devrait plaire aux enfants. Mais pour réussir à le sortir à temps, Schuster et Siegel doivent faire des coupes : sur les 24 pages d’origine, il n’en restera que 13 (désireux de mettre en avant cette histoire, ils conçoivent la couverture à partir d’une planche intérieure car Donenfeld s’est rappelé ces paroles selon lesquelles personne ne voudrait croire en cette histoire que d’aucuns qualifiaient de ridicule).

Ce comics s’appelle ACTION COMICS N°1 et est paru en juin 1938.

Dessins (c) Jerry Siegel et Joe Schuster, DC comics

Photos (c) l’auteur